Moscou, 1946. Dans un pays saigné par les purges et l'inefficacité du système, Alexander Vielski est engagé pour travailler au sein d'un laboratoire caché dans les sous-sols de la Loubianka, l'immeuble tristement célèbre qui abritait les services secrets. Dans ce lieu sombre, Alex découvre l'horreur : au nom de la science ou plus clairement du pouvoir politique, le professeur Maïranovski - le personnage a vraiment existé - y teste de nouveaux poisons sur des prisonniers vivants, de véritables cobayes humains. De la capitale russe aux confins des Carpates, de Batoumi, jolie station balnéaire de Géorgie sur la mer Noire, jusqu'à Leningrad, dans l'enceinte même du prestigieux ballet Kirov, Alex, communiste convaincu d'œuvrer contre les ennemis de l'Union soviétique, devient un agent secret de l'intérieur.
Mais deux rencontres au cabinet des Poisons vont faire basculer sa conscience : une des victimes de Maïranovski, Raoul Wallenberg, le diplomate suédois qui a sauvé des dizaines de milliers de juifs pendant la guerre, et Anna, une jeune femme, employée au laboratoire, lumineuse et intense, dont il va tomber amoureux. Alors que la terreur stalinienne se déchaîne et que la violence se focalise sur les juifs (cadres, médecins, intellectuels) pour finir avec l'affreuse parodie du " procès des Blouses blanches ", Alex se trouve confronté aux questions essentielles. Une visite à son père à Batoumi lui rappelle le sens des valeurs morales, son enfance, sa culture juive. Plutôt que de poursuivre sa tâche criminelle, il tentera alors de sauver des vies avec Anna et se sauvera lui-même en se réappropriant un destin qu'on lui avait volé au nom de l'idéologie ou, peut-être, de la simple obéissance aux ordres. Et c'est cela, sans doute, la trame essentielle et la grande force de ce livre.