Les traits de plume de Daniel Sarfati

«J'ai toujours peur de manquer ... »

Daniel Sarfati est un grand lecteur. Il lit bien et beaucoup. Cet appétit de lecture cache une peur de manquer comme il le définit lui-même. Peur de manquer de livres ? Peur de manquer de mots ? Il nous l'explique dans son billet où il évoque aussi le fruit de sa dernière lecture : Les terres du chacal d'Amoz Oz.

« J’ai toujours peur de manquer.

Et pourtant, les piles de livres non lus s’accumulent, à la limite de l’effondrement, au pied de mon lit.

Pour chacun de ces livres, il y a une véritable urgence à les lire, mais par lequel commencer ?

J’ai toujours peur de manquer.

Je suis entré à  L’écume des pages, pour acheter d’autres livres.

Pour un long voyage, vers d’autres terres.

J’ai bien fait.

Sur une étagère, un Amos Oz que je n’ai pas lu.

Un recueil d’anciennes nouvelles autour du kibboutz.  Les terres du chacal,

ארצות התן en hébreu

Des récits épurés et minéraux.

« Sur les montagnes, les couchers de soleil sont brefs.

Notre kibboutz est situé dans la plaine, et les plaines amortissent la chute du soleil.

L’ombre se pose lentement sur la terre, comme un oiseau migrateur épuisé. »

La fascination et presque le dégoût d’une jeune sabra, qui n’a jamais connu l’exil et la persécution, pour ces étranges survivants.

« Elle songea à la fascinante laideur de Matatyahou Demkov…, un homme maigre, de petite taille, à la peau sombre, tout en os et en muscles…

Il était arrivé chez nous tout de suite après la Seconde Guerre Mondiale. De Bulgarie.

Où il était, et ce qu’il faisait avant d’arriver, Demkov n’en parle pas.

Quand à nous, nous ne lui avons jamais demandé. »

La fascination et l’effroi devant ces nomades, tribus de bédouins, princes pauvres en haillons, qui sillonnent le pays comme des ombres sur un ancien royaume.

« Sombres, minces et noueux, ils s’infiltrent par tribus entières dans les cassures de la la terre où ils avancent à l’abri des regards. »

J’ai toujours peur de manquer.

Après chaque nouvelle que je termine, je mets un temps infini avant de commencer la suivante, comme si je voulais économiser mon plaisir.

Je regarde le paysage minéral de ce bout du monde, qui défile.

J’entends au loin, le hurlement du chacal.

Ou peut-être celui d’un fauve. »

>Amos Oz, Les terres du chacal , Folio, 432 pages, 9,40 euros. >> Pour acheter le livre, cliquer sur ce lien

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Daniel Sarfati est médecin ORL, passionné par le langage, par les signes, la lecture des mots qui s’écrivent, se lisent sur une page ou sur des lèvres, les histoires qui se vivent ou qui s’inventent.
 
 

 

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