Avec « La maîtresse italienne » (Gallimard), l'Académicien, Jean-Marie Rouart compose un tableau clair-obscur de Napoléon exilé à l'île d'Elbe jusqu'à sa fuite, préalable aux fameux Cent-Jours. Sur fond d'Italie, de séductrice florentine et de destin en marche, l'Empereur que dépeint Jean-Marie Rouart apparaît dans toute sa puissance, lorsque le fauve que tous croient à terre va se relever, pour repartir à l'attaque. Ce moment entre la fin et la reconquête, qui rappelle combien les grands destins se déploient toujours sur un fil.
Jean-Marie Rouart est fasciné par Napoléon. Plusieurs de ses ouvrages composent un portrait taillé à angles vifs du célèbre Empereur. Dans le dernier en date, La maîtresse italienne, l'Académicien s'arrête sur un épisode étonnant de sa vie, son exil à l'île d'Elbe suivi de sa fuite. Un texte nourri de références historiques, romancé à souhait, qui lève non pas le voile, mais le rideau, sur le rôle d'une certaine comtesse Miniaci.
Cette séduisante florentine, dont était épris le colonel Neil Campbell, chargé de surveiller l'Empereur, fut la tentatrice qui fit baisser la garde du militaire anglais. Au bénéfice de l'Empereur prêt à se lancer dans son épopée des Cent-Jours, dernière période de son règne, après son retour de l'île d'Elbe. Suivirent son entrée dans Paris le 20 mars 1815 jusqu'à sa seconde abdication, après la défaite de Waterloo, le 22 juin 1815. Cent jours, donc, au tournant de l'Histoire.
« Belle, jeune, légère, la comtesse Miniaci est au cœur d’une énigme historique de première grandeur. Quel fut son rôle dans l’évasion épique de Napoléon de l’île d’Elbe ? Seule certitude, sans la comtesse Miniaci, la formidable épopée des Cent-Jours, l’invasion d’un pays par un seul homme, n’eût pas été possible. »
Sens de l'opportunité, agilité tactique, conscience de son destin... on retrouve ces différents traits, dans la personnalité de Napoléon, telle que dessinée par Jean-Marie Rouart. L'écrivain nous restitue en clair-obscur les principales lueurs de ce portrait intime. Et puis, il y a l'Italie, la beauté, la sensualité, tout ce qui compose un tableau envoûtant, duquel jaillit un destin. Pas seulement celui d'un homme, mais aussi celui d'un enchaînement. L'Empereur que dépeint Jean-Marie Rouart apparaît dans toute sa puissance, lorsque le fauve que tous croient à terre va se relever pour repartir à l'attaque. Quand du destin jaillissent les opportunités et quand l'amour compose le terreau de leurs éclosions. Ce moment entre la fin et la reconquête, qui rappelle combien les grands destins se déploient toujours sur un fil.
La maîtresse italienne est une jolie variation sur les hasards et les ruses de la vie. Son auteur compose avec ses trois passions : Napoléon, les femmes et l'Italie. Un trio gagnant.
Jean-Marie Rouart répond à quelques questions. Une interview impériale comme il se doit.
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-Jean-Marie Rouart : Dans la vie de Napoléon, il y a beaucoup de miracles et beaucoup de mystères. Un des plus étonnants miracles, ce sont les Cent Jours, c’est-à-dire le débarquement de Napoléon à Golfe-Juan et l’épopée qui s’est ensuivie. Mais ce qu’on ignore, c’est qu’il y a un autre miracle tout aussi étonnant : son départ de l’île d’Elbe. Comment a-t-il fait pour échapper à tous ceux qui le surveillaient ? Le gouverneur de la Corse, le chevalier de Bruslart, un ancien chouan, voulait le faire assassiner, quatre vaisseaux de guerre croisaient dans les parages de l’île, les sbires du Congrès de Vienne rôdaient… Enfin, le colonel Campbell, l’envoyé spécial de l’Angleterre, était chargé de surveiller les moindres faits et gestes de l’Empereur. Dans ces conditions, comment s’est-il échappé ? C’est ça, le grand mystère. Sur lequel j’apporte un élément bizarrement passé sous silence par les historiens : le colonel Campbell éprouvait une passion brûlante pour sa maîtresse, la comtesse Miniaci, qui résidait à Florence. Comme Campbell négligeait sa mission pour multiplier les séjours florentins, Napoléon, qui ne l’ignorait pas, en a profité.
-J.M.R : Tous ont réellement existé, mais j’ai pris quelques libertés, notamment dans le domaine sentimental. Là, même si le romancier a beaucoup d’imagination, il ne tient pas la chandelle ! Et c’est d’autant plus vrai pour la comtesse Miniaci : je n’ai trouvé que très peu d’éléments sur elle, malgré mes recherches à Florence. Pourtant, cette femme a joué un rôle essentiel, même si on ne sait pas si elle était une courtisane, ou une espionne, et dans ce cas pour qui travaillait-elle ? Pour Murat ? Pour les agents du Congrès de Vienne ? Pour elle-même ? Ou était-elle tout simplement une amoureuse ? J’ai avancé toutes ces hypothèses, mais toujours sous une forme romanesque.
(...)
-J.M.R : Selon moi, la clé de la légende napoléonienne, c’est la possibilité d’identification. Il est très rare qu’on puisse s’identifier à un grand homme, parce qu’on le voit comme une statue. Ce qu’il y a d’extraordinaire chez Napoléon, c’est ce mélange de faiblesse sentimentale et de génie politique. Comme je l’ai déjà écrit, Napoléon m’avait sauvé la vie à dix-huit ans, quand j’ai traversé une période difficile, entre tentation du suicide et poids des échecs scolaires et sentimentaux. En lisant le Mémorial de Sainte-Hélène, j’ai réalisé que ce génie avait connu les mêmes malheurs que les miens, et il m’a soudain paru très présent. Plus tard, j’ai découvert que nombre d’écrivains, tels Dostoïevski ou Stendhal, ont vécu en regardant Napoléon certes comme un grand homme, mais plus encore comme un professeur de vie.
>Jean-Marie Rouart, La maîtresse italienne, Gallimard, 176 pages, 19 euros, >>Pour acheter le livre, cliquer sur ce lien
Cet entretien a été réalisé par les éditions Gallimard. Pour lire l'intégralité de l'entretien, cliquer sur ce lien
>Jean-Marie Rouart présente son livre en vidéo . Réalisation Mollat.
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