Les premiers pas des grands écrivains
Publier un roman pour la première fois est un grand moment, comme le sont toutes les premières fois. Quels destins sont réservés à ces premiers textes ?
William Faulkner est un écrivain américain reconnu pour ses romans et ses nouvelles, mais également pour la publication de poèmes et son activité en tant que scénariste. Publié à partir des années 1920, sa carrière est marquée en 1949 par l’obtention du Prix Nobel de Littérature.
Il est né né le 25 septembre 1897 à New Albany dans l'État du Mississippi où il situe la plupart de ses récits. Il est ainsi perçu comme un auteur du Sud les plus marquants de son époque, influent sur les générations suivantes. Né sous le nom de William Falkner il est profondément influencé par la vie des États du sud américain. Son état natal marque ainsi son sens de l'humour, du tragique par le clivage social entre Noirs et Blancs en vigueur à l'époque. D’où sa capacité à forger des personnages typiques du sud (l'un d'eux étant celui de l'homme vif et intelligent, masqué derrière la façade du brave garçon un peu simple). Il justifie le choix du nom de Faulkner pour "se singulariser", principalement vis à vis de son père qu'il n'aimait pas, et se définir dans le domaine de l’écriture.
En 1918 il s’engage
dans l’aviation canadienne mais l’Armistice signée peu après ne lui permet pas de faire son premier vol. Néanmoins cela ne l’empêche pas de parler de ses exploits à ses proches et de prétexter une blessure simulée par un léger boitillement.
Il devient par la suite vendeur en librairie puis postier, mais passe l'essentiel de son temps à écrire et lire. Parmi ses auteurs favoris, on trouve Balzac, d’où le rapprochement entre la Yoknapatawpha saga de l'auteur américain et la Comédie humaine dont on a retrouvé une traduction complète dans sa bibliothèque de Rowan Oak, maison qu'il achète en 1930 à Oxford (Mississippi) et où il s'installe peu après son mariage. Sa vie avec sa femme Estelle est un désastre : les deux époux sont alcooliques. Ils ont une fille, Jill, mais cela ne freine pas les aventures de Faulkner. Dans les années 1940 et 1950 il multiplie les liaisons avec des jeunes femmes.
Après-midi d'un faune, son premier poème, fut publié en 1919 mais ce sont ses nouvelles et romans qui le rendent célèbre. En 1925, il publie son premier roman : Monnaie de singe. Faulkner visite ensuite l'Europe, s'arrêtant en Italie du Nord, à Paris où il entreprend l'écriture de son deuxième roman Moustiques. Il commence une tournée des champs de bataille français : Rouen, Amiens, Compiègne, Dieppe, puis il se rend à Londres et rentre à Oxford où il rédige Étendards dans la poussière (1927) (intitulé également Sartoris suivant les éditions). Dans ce roman ses personnages évoluent pour la première fois dans le comté de Yoknapatawpha, cadre de la plupart de ses romans futurs. Alors qu'il n'arrive toujours pas à vivre de sa plume, il continue d'alterner petits travaux et écriture, publiant quatre de ses romans majeurs : le Bruit et la fureur, Tandis que j'agonise, Sanctuaire, Lumière d'août, et cela en seulement quatre ans (1929-1932). Sanctuaire ("l'intrusion de la tragédie grecque dans le roman policier" selon la formule célèbre de Malraux) fait scandale mais apporte à l'auteur argent et notoriété. Son premier recueil Treize Histoires en 1931 réunit ses nouvelles les plus connues, parmi lesquelles Une rose pour Emily.
Plus tard dans sa carrière (1932-1937), Faulkner commence une longue série d'allers-retours entre Oxford et Hollywood où il devient scénariste. Le cinéma ne l'intéresse pas particulièrement mais l'argent qu'il lui procure le fait persévérer. Lors de son premier séjour à Hollywood, Faulkner travaille successivement pour la MGM puis la Twentieth Century Fox. Il y rencontre la secrétaire de Howard Hawks, Meta Carpenter, le grand amour de sa vie. Son travail de scénariste ne l'empêche pas de publier romans et nouvelles : en 1936 il publie d'Absalon, Absalon ! considéré comme son chef-d’œuvre, puis en 1940, il débute la Trilogie des Snopes avec la parution de Hameau, le premier tome, puis La Ville en 1954 et Le Domaine en 1959.
Toujours pour l'argent il retourne alors à Hollywood écrivant entre autres pour Howard Hawks et en collaboration avec Francis Scott Fitzgerald le scénario du film Le Grand Sommeil, tiré du livre de Raymond Chandler, ainsi que celui du film Le Port de l'angoisse, tiré du livre d'Ernest Hemingway En avoir ou pas.
Il boit peu de temps avant de partir chercher la récompense à Stockholm où il donne un discours, déclarant « [refuser] d'accepter la fin de l'Homme [...]. L'Homme ne fera pas que subir, il prévaudra [...] ». Faulkner donne la somme reçue afin « d'établir un fonds de soutien aux nouveaux romanciers », qui devint le PEN/Faulkner Award for Fiction.
Faulkner continue à voyager, acceptant une mission du Secrétariat d'État au Japon et en Italie. En 1953, il retrouve Howard Hawks pour travailler au scénario de ce qui deviendra La Terre des pharaons. Il devient « écrivain-résident » à l'Université de Virginie, de 1957 à 1958. Faulkner meurt dans la nuit du 5 au 6 juillet 1962, après une dernière chute de cheval survenue quelques jours plus tôt. Il reçoit le prix Pulitzer de la Fiction pour Parabole (A Fable), puis le National Book Award à titre posthume pour l'ensemble de son œuvre.
Il est vu de nos jours comme un représentant majeur du modernisme littéraire américain des années 1930 par l’usage de la narration multiple, du point de vue multiple, de la focalisation interne, et des ellipses narratives. Faulkner élabore le « courant de conscience », style donnant une apparence erratique et spontanée, et pourtant très travaillé.
Son œuvre se lit comme une longue interrogation sur les raisons du naufrage sudiste, la population du Sud se survivait après l'événement que constitue la défaite lors de la guerre de Sécession : Faulkner insistait sur le poids de celle-ci et disait être né en 1898 mais mort en 1865. Cette insistance à tourner autour de cette matrice de ses romans se retrouve dans Absalon ! Absalon ! qui refuse un Sud victime du Nord mais insiste - et c'est la fonction de tous les anormaux de ses romans - sur la pourriture intérieure et antérieure du Sud avant même l'événement de la défaite. Il se pose comme un anti-Margaret Mitchell dont l’ouvrage Autant en emporte le vent est publié la même année qu’Absalon, Absalon ! qui en est le complet contrepoids car Margaret Mitchell flatte l'héroïsme du Sud là où Faulkner l'enterrait.
Son œuvre colossale Yoknapatawpha prit une telle place dans l'œuvre de Faulkner qu'elle en est devenue une des créations de fiction les plus monumentales de l'histoire de la littérature.
Publier un roman pour la première fois est un grand moment, comme le sont toutes les premières fois. Quels destins sont réservés à ces premiers textes ?
A l’image d’un monde où les avancées techniques étaient souvent déconcertantes, la modernité littéraire au début du XXe siècle se caractérise par une expérimentation des genres et du langage.
C’est pour ses romans que William Faulkner est le plus connu, mais sa production littéraire est pourtant immense et variée.