Voilà
près de deux heures que je suis à ma table. Dix fois je me suis
crue prête, dix fois j'ai pris et reposé ma plume. J'ai décidé
d'écrire mes mémoires – si du moins ce titre peut convenir à
mon modeste récit – mais je répugne à le faire : mon caractère
me pousse davantage à profiter de chaque jour qui nous est donné à
vivre, plutôt qu'à me tourner vers le passé, surtout quand il est
douloureux.
Je suis toutefois
résolue à tout dire, j'en ressens le besoin. Peut-être parce que
j'avance doucement vers la vieillesse, et que chaque année qui...