Dernière crise avant l'apocalypse

Dernière crise avant la fin du monde

QUE VA DONNER L’ENDETTEMENT RECORD DE LA PLUPART DES PAYS ?
"La crise sanitaire du Covid-19 s’est rapidement muée en crise économique, forçant les États du monde entier à s’en- detter pour distribuer des prêts ou des dons à beaucoup de ménages et d’entreprises, de façon à ce que la diminution des revenus d’activité n’accentue pas la chute de la consommation, du commerce, et finalement de l’activité. L’endettement de l’ensemble des agents non financiers, principalement les ménages, les entreprises et les administrations, a prodigieusement augmenté et continue à croître à l’heure où nous écrivons. Cet endettement que l’on peut qualifier de « mondial » va probablement dépasser bientôt les 300 000 milliards de dollars. Relisez bien ce chiffre à haute voix ou dans votre tête pour tenter d’en mesurer l’absurdité. Le risque que nous affrontons est que la dette écrase littéralement de nombreux agents, incapables de rembourser ce qu’ils doivent, si bien que de nombreuses entreprises deviendront insolvables et disparaîtront brutalement entraînant un recul de l’activité, de la production et un fort chômage.

Pour éviter cela, il faut donc prendre un autre risque, celui de l’inflation. Celle-ci est mauvaise dans les cir- constances ordinaires, mais nous ne sommes pas dans des conditions ordinaires, et donc ce qui serait folie en d’autres circonstances peut devenir le remède de cheval capable de nous sortir du pétrin. À condition qu’elle ne dégénère pas en hyperinflation, elle permettra d’effacer en grande partie nos dettes.

Pour comprendre comment, il suffit de s’imprégner de cette anecdote. L’arrière-grand-mère d’un des auteurs de cet ouvrage avait placé après la Première Guerre mondiale 10 000 francs-or sur la tête de chacun de ses petits-enfants. Une somme importante, qui représentait plus de la moi- tié de la valeur d’une voiture neuve, comme une Traction avant. À leur majorité, ils pouvaient en disposer librement. Né en 1934, le père d’un des auteurs a pu s’acheter... la roue de secours de sa Vespa, avec le placement réalisé par sa grand-mère vingt ans plus tôt. L’inflation, c’est ça : elle ruine les prêteurs, mais libère les emprunteurs.
Il ne faut donc pas désespérer, mais il ne faut pas non plus se faire des illusions, croire que tout s’arrangera comme par miracle. L’hypothèse de l’inflation solution n’est qu’une hypothèse et les risques de verser dans le fossé sont nombreux.
Surtout, l’inflation ne résout pas le problème d’un coup de baguette magique, d’une année sur l’autre. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, la France était très lourdement endettée, quasiment autant qu’aujourd’hui, avec un appareil productif en grande partie détruit. La banqueroute était donc inéluctable.
Et pourtant, cinq ans plus tard, le poids de la dette, absolument écrasant à la fin du conflit, était devenu parfaitement supportable pour ne pas dire insignifiant. Normal ! L’inflation, en 1945 fût de 38 %, puis de 64 % en 1946, 60 % en 1947, 58 % en 1948 et enfin de seulement... 3 % en 1949. En cinq ans, l’inflation avait effacé nos dettes.
Mais avec un taux raisonnable bien que déjà élevé de 4 % d’inflation sur un an, (il s’agit de l’inflation mesurée aux États-Unis sur douze mois en 2020-2021), il faudrait une petite décennie pour que l’étau de la dette se desserre un tant soit peu.
Mais à condition bien entendu que dans le même temps, l’on cesse de s’endetter au même rythme, ou encore plus intensément, en promettant d’honorer des taux d’intérêt plus élevés !
Or, malheureusement, quand on voit le déficit budgétaire annoncé pour 2021, plus de 220 milliards d’euros, contre 178 milliards en 2020, et quand on voit les pro- jections pour 2022 et les années qui suivent, on ne peut qu’être dubitatif pour ne pas dire très inquiet.
Si l’inflation est « une » solution aux maux de la dette, elle ne marche que si l’hémorragie d’emprunts s’arrête quasiment instantanément. À l’inverse, si la boulimie de dettes continue, avec des taux d’intérêt en hausse, puisque indexés au moins en partie sur l’inflation, alors... l’Apocalypse n’est pas loin."

Extrait du livre « Dernière crise avant l’Apocalypse »,  de Jean-Baptiste Giraud et Jacques Bichot, Éditions Ring.

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Rédaction Viabooks

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