Il est vingt et une heure et Paul n’est toujours pas rentré du cabinet médical. Cela fait au moins trois fois que je sors le gratin dauphinois du four, et je crains qu’à force d’y retourner, il finisse par devenir un « gratin carbonisé ». Et puis, les petites s’impatientent et luttent avec le sommeil. Heureusement, demain ce sera samedi, et elles pourront dormir plus longtemps…
— C’est quand que papa vient nous lire une histoire ? S’impatiente Lise.
— Maman… pipi ! Dit alors Lou-Rose.
— Ah non… cela fait au moins six fois que tu me le dis et six fois que tu ne fais rien ! Si tu crois que c’est un bon moyen de sortir du lit, tu te trompes. Et puis, papa ne va plus tarder.
C’est à ce moment-là que la porte s’est bruyamment ouverte, et que Paul est entré, jetant pêle-mêle ses chaussures dans la pièce.
— a va chéri ? Tu as passé une bonne journée ?
— Premières gastros… Covid… Dépressions… et une jambe cassée.
— Bon, c’est mieux qu’hier, où tu as eu droit aux frasques de Madame Lesueur qui exigeait un arrêt de travail pour sa dent tombée ?
— Oui, on peut voir cela de cette façon… Ça va les filles ?
— Oui !!! Viens nous lire une histoire.
— Attendez… Avez-vous bien mangé ce soir ?
Silence total…
— Heu… pas tout à fait. Dis-je. Le gratin dauphinois n’a pas remporté tous les suffrages escomptés. Elles en ont mangé très peu et les coquillettes-jambon étaient attendues, comme chaque soir.
— Un gratin dauphinois ? Et vous n’en avez pas voulu ? Franchement, vous faites des chichis…
— C’est quoi des chichis ? Dit alors Lise.
— Je t’expliquerai une autre fois. Allez, je vous propose de lire « Plouf, le petit poisson qui n’aimait pas l’eau ».
Je regarde Paul avec beaucoup d’amour et d’admiration… il a eu une lourde journée. Depuis quelques temps, il rentre le soir la mine un peu défaite, je le sens insatisfait de son travail.
Paul, c’est l’homme de ma vie. Nous nous sommes connus alors que nous étions tous deux étudiants, lui en médecine, moi en maïeutique, c’est-à dire en études de Sage-Femme. C’est lui qui m’a embrassée pour la première fois, et c’est avec lui que j’ai découvert l’amour. Paul avait alors dix-neuf ans et moi dix-huit ans. A cette époque, ma sœur aînée Sonia (que je surnommais Améthyste pour ses yeux bleu-violet) était encore parmi nous. Malgré ses crises comportementales et ses chutes, dues à son lourd handicap congénital, elle offrait à nos vies sa fragilité et sa candide âme d’enfant. Elle nous a apprivoisés, fait rencontrer son malheur innocent, et grâce à elle, nous avons découvert ce qu’était… l’humanité. Les années ont passé et bien que j’ai à présent presque trente-trois ans et Paul trente-quatre ans, Améthyste nous manque et je regrette que Lise et Lou-Rose n’aient pu la connaître.
Autrefois, Paul riait tout le temps, faisait des projets un peu fous, tout en m’offrant sa force mentale et sa présence à mes côtés, lors des épreuves que j’ai été amenée à traverser.
Pour moi, rien n’a changé, et je l’aime aussi intensément que lors de notre rencontre au CHU de Lille. Quelques années après, nos diplômes en poches, nous avons fait deux enfants, deux filles, et nous nous sommes mariés en toute simplicité, et selon la formule consacrée… « Pour le meilleur et pour le pire ».
Le meilleur, il me semble le vivre chaque jour, même si j’ai momentanément interrompu mon métier de Sage-Femme pour élever les filles, au moins durant leur petite enfance. Le pire, je le redoute, sans pour autant ne le définir précisément ni même l’imaginer. C’est curieux, mais je le pressens… Paul n’est pas heureux, ou du moins n’est plus heureux. Pourtant, il est médecin, comme il l’a toujours voulu et il partage le cabinet médical de son père, David Leroy, à Marcoing. Valentine sa mère, peint toujours, même si elle ne se décide pas à vendre ses tableaux. Elle fait quelques expositions ici et là, mais ne peut se résoudre à se séparer de ses œuvres.
— J’ai une faim de loup ! Dit alors Paul, me sortant de mes pensées. On mange ?
— Oui, dis-je en sortant le gratin-dauphinois aux tons très brunis…
— Oulala… Il était temps que j’arrive !
— Papa ?
—Silence les schtroumpfs ! Au lit, où je me fâche…
Paul se détend. Demain samedi, ce sera son père qui assurera la permanence, et nous aurons deux jours ensemble, tous les quatre. La météo s’annonce clémente et une bonne balade en forêt ferait du bien à tous. Pour l’heure, Paul se régale malgré le craquant un peu trop accentué des pommes de terre.
Dès le lendemain, le week-end s’ouvre sous de bons auspices. En ouvrant les volets, le soleil semble nous inviter au dehors, et ce temps automnal aux relents presque encore estivaux, me donne envie de préparer le petit déjeuner à l’extérieur, sur la terrasse. Les enfants sont ravies et promènent déjà leurs pyjamas douillets sur la pelouse mouillée.
— Oh non, les filles ! Je vais devoir nettoyer les taches verdâtres que vous y mettez…
— On remet la piscine ? Propose Lise.
— Lise… ce n’est pas parce qu’il fait doux que l’été va revenir de suite.
— On est en quelle saison ?
— Après l’été, qu’est-ce qui arrive ?
— Noël ?
— Lise ! Tu vas un peu vite et tu fais ta fofolle… Noël n’est pas une saison mais une fête, allons, en quelle saison sommes-nous ?
— A l’automne… marmonne Lise. J’aime pas l’automne, les arbres tombent.
— Ça, c’est bien ma fille ! Eclate de rire Paul. Si tu vois un arbre tomber, préviens-nous, qu’on n’en prenne pas un sur la tête !
— T’es toujours en train de te moquer de moi…
— Mais non, Lise, je ne me moque pas de toi, je plaisante… tu sais bien que ce ne sont pas les arbres qui tombent, mais leurs feuilles… c’est plus léger, non ?
Lise a pris son croissant et s’en va le manger dans l’herbe, en boudant.
— Lou-Rose ? Où es-tu ? Viens manger avec nous…
— Je veux un biberon, pas un coisant !
— Un croissant, chérie. Bon, va pour un biberon, mais à trois ans, ce serait bien de passer à autre chose.
Paul m’a pris par la taille et m’enlace en me regardant dans les yeux.
— C’est bon d’être avec toi ma chérie, les semaines ne devraient comporter que des samedis et dimanches…
— Tu t’ennuierais à force !
— C’est au boulot que je m’ennuie…
— Au cabinet médical ?
Paul soupire…
— J’en ai marre des maux ordinaires, Covid et autres bobos et paperasserie. Je veux faire autre chose, je veux vraiment exercer mon métier de médecin. Là, c’est de la « bobothérapie » et j’en ai ras le bol.
— Faire autre chose ? Mais quoi ? Tu exerces ton métier de médecin, tu as fait des études pour cela !
— Un médecin qui ne fait qu’obéir aux consignes gouvernementales, à l’OMS, à la haute autorité de la santé et autre… n’est pas un médecin autonome, pas un vrai médecin. Je comprends qu’ils veuillent veiller à la santé de tous et c’est tout à leur honneur, mais là, ils en font trop et nous, plus assez, ou du moins plus comme il le faudrait… Moi, je veux établir les soins comme je sens qu’il faut les faire, décider des examens de santé selon les patients que je rencontre et que je connais bien, prescrire les traitements qui me semblent adéquats, et pas forcément ceux qui sont en vogue selon les laboratoires… J’en ai marre… Ce sont nous, les médecins qui sommes au contact de notre patientèle, pas eux, non ???
— Paul, on ne peut pas décider de tout, et heureusement qu’il existe des protocoles à suivre, ce sont quand même de bons repères, des garde-fous essentiels et…
— Des garde-fous ? Mais c’est moi qu’ils vont rendre fou, à force de m’obliger à ceci ou cela…
— Paul… tu ne vas quand même pas décider d’outrepasser tous ces systèmes ?
— Mais non, Babette, rassure-toi, je ne suis pas un hors la loi et je n’entends pas du tout le devenir, d’ailleurs, je ne suis pas en total désaccord avec les institutions médicales…. Mais c’est vrai que le rôle du médecin a changé, même mon père le dit… Allez, c’est le week-end, n’en parlons plus et profitons du temps qui nous est imparti pour en faire un bouquet de joie ! Tiens, je vais t’offrir un beau bouquet de joie aujourd’hui ma chérie !!!
— Voilà un beau projet ! Que vas-tu m’offrir de si beau ?
— Rappelle-toi notre jeunesse d’étudiants… qu’est-ce que je t’offrais hors du commun ?
— Des bisous ?
— Oui, enfin ça, c’était l’ordinaire, mais quoi d’autre suivant les saisons ?
— Je me souviens qu’un soir de décembre, tu as mis dans ma main un flocon de givre en me disant « je t’offre un petit morceau d’hiver, au moins c’est un cadeau original », et puis tu m’as offert mon premier baiser…
— Eh bien, aujourd’hui, Madame Leroy, je vais vous offrir un bouquet d’automne, fait avec des jolies feuilles mordorées…
— Je suis sûre que les filles vont t’y aider, et moi… ça me plaît beaucoup.
— Ah, j’allais oublier mes baisers… c’est l’écrin de mon amour pour toi. Ajoute Paul en m’embrassant.
— On vous a vus ! On vous a vus ! Clament Lise et Rose qui ont retrouvé leur bonne humeur.
Deux jours, c’est peu… et je sens que Paul a bien du mal à lâcher prise pour souffler au grand air. Samedi, nous sommes allés en forêt, et les enfants s’en sont donné à cœur joie, enjambant grosses branches et souches d’arbre, sans même se soucier des araignées qui pourtant leur font si peur chez nous… D’ailleurs, à présent, notre maison, garnie de tant de feuilles mordorées, a des allures de cahute en bois !
Aujourd’hui, dimanche, c’est promenade aux étangs, et je guette Lou-Rose qui s’approche toujours imprudemment de l’eau.
— Ne va pas si près ! Tu peux tomber…
— Je vois pas les poisons ! dit-elle en tapant du pied.
— Les poissons, Lou-Rose. Attends, papa va te donner la main…
— Tu en fais un beau de petit poison ma fille, un petit poison que j’adore. Dis donc, vois-tu « Plouf, le petit poisson qui n’aime pas l’eau » de l’histoire d’avant-hier ?
— Ben non, papa, s’il aime pas l’eau, il est pas là…
— Très juste, ma fille, bravo, tu m’as bien eu…
— Qu’est-ce qu’on mange ce soir ? dit Lise toujours affamée.
— Des croque-monsieur et de la salade.
— J’aime pas la salade…
— Tant pis, tu en mangeras quand même un peu. Allez, ne tardons pas à rentrer, cela va être bientôt l’heure de la douche.
En revenant sur nos pas, j’observe discrètement Paul, je vois que son visage a déjà changé… Il sait que c’est la fin du week-end et que demain, il retourne au cabinet médical. Et puis, de plus, samedi et dimanche prochains, c’est lui qui sera de garde et je sens que cela le contrarie. Comment aborder avec lui ce qui ne va pas dans son métier ou qui ne va plus ? J’ai bien compris qu’il voudrait travailler de façon plus autonome avec moins de contraintes, surtout bureaucratiques, mais bon, pour les autres médecins, c’est pareil… alors, pourquoi ne se fait-il pas une raison ? La société a changé et qu’y peut-on ? C’est étrange mais je sens de plus en plus cette angoisse en moi par rapport à Paul, une angoisse que je n’arrive pas à identifier mais je la sens, et cela me perturbe… Je voudrais éclaircir tout cela avec Paul, mais je sais qu’il va me dire : « Je t’en ai déjà parlé, je voudrais faire une vraie médecine, pas celle qu’on me demande de faire, ne t’inquiète pas, ça va. ».
Les enfants sont sous la douche et s’éclaboussent avec joie. Paul est assis au salon, la télé est allumée mais il ne la regarde pas, ses pensées sont ailleurs… mais où ?
— Veux-tu commencer à préparer les croque-monsieur, chéri ?
— Oui, bien sûr, je les fais…
— Pourquoi papa est triste ? me demande Lise.
Je suis sidérée… Même Lise a remarqué que son père ne va pas bien… Il faut vraiment que je questionne Paul ce soir, lorsque les enfants seront couchées.
— Il n’est pas triste, il a beaucoup de travail, c’est tout.
— Ben là, il est pas au travail et il est triste, ses yeux ne rient pas.
— Ah bon ? Dis-je en souriant. C’est avec les yeux que l’on rit ? Je croyais que c’était avec la bouche…
Lou-Rose s’applique à plisser ses yeux et dit :
— J’arrive pas à rire avec les yeux !
— Allez, je vous sèche et vous mettez vos pyjamas. Lise, je compte sur toi pour aider ta sœur.
— Pfff… C’est quand qu’elle sera grande ?
— Cela arrivera bien trop vite… et pour toi aussi d’ailleurs, dis-je en allant à la cuisine. Ça va, chéri ?
— Oui, pourquoi me demandes-tu cela ? Le gruyère, j’en mets un peu ou beaucoup ?
— Comme tu le veux, Paul. Ce soir, c’est toi le chef étoilé !
—Un chef étoilé pour des croque-monsieur ? Je suis gâté… Je vais avoir une récompense ?
— Tout dépend de la notation qui vous sera attribuée, chef Paul… Les enfants ? Venez mettre la table.
Les filles arrivent, le pyjama à l’envers pour Lou-Rose.
— Chérie… regarde, la licorne du haut de ton pyjama est en-dessous, on ne la voit pas. Viens que je t’habille bien.
Lise s’applique à dresser la table et je vois qu’elle sort les assiettes réservées aux grandes occasions.
— Pourquoi sors-tu ces assiettes-là ?
— Pour faire plaisir à papa. Hein papa ? Tu aimes bien manger dans ces belles assiettes ?
— Tu as raison ma fille, on ne les met pas assez souvent.
— Et puis, comme ça, tu vas sourire ?
Paul et moi la regardons. Paul est surpris Il a compris que sa fille a remarqué qu’il est moins joyeux que d’habitude. Moi, je suis sans voix… Quelque chose ne va plus dans l’harmonie de notre foyer. C’est décidé, ce soir, au lit, je parle à Paul, il faut crever l’abcès.
Les enfants ont rechigné pour la salade et se sont disputées comme à l’accoutumée pour le pain. Lise a renversé son verre, ce qui a fait rire aux éclats Lou-Rose… un repas ordinaire en somme ! A présent, c’est la lecture du soir avec papa tandis que je remplis le lave-vaisselle, et que j’essaye en parallèle de vider ma tête des pensées qui l’encombrent…
— Allez, les filles, maman va venir vous faire un gros bisou et moi, je vous le fais maintenant. Après… dodo, on est d’accord ? Demain, école, alors pas de comédie du soir.
— Demain, boulot, alors pas de grimace. Ajoute Lise.
— Bon, Lise, maintenant ça suffit tes remarques. A cinq ans, tu ignores la vie des grandes personnes, alors tu ne fais pas de commentaires, s’il te plaît.
Lise se tait et prend sa position pour dormir. Lou-Rose câline son doudou. C’est à ce moment-là que j’arrive alors que Paul sort de la chambre des enfants, visiblement agacé.
— Que se passe-t-il ?
— Pas envie d’en parler…
Je comprends que ce n’est pas le moment de débuter une conversation, ni avec Paul ni avec les filles et j’embrasse simplement les enfants en leur souhaitant bonne nuit. En sortant de la chambre des petites, je vois que Paul n’est pas dans le salon. Il est allé dans la chambre, s’est mis en pyjama et a pris un livre. Cela ne lui ressemble pas… Je me déshabille pareillement et le rejoins au lit.
— J’imagine que tu ne veux pas me parler de ce qui te soucie, chéri ?
— Babette, que veux-tu que je te dise de plus ? Je m’ennuie dans mon métier, je voulais vivre ma vocation et je fais juste un métier. Mais médecin, ce n’est pas un métier, c’est une vocation ! On l’a aux tripes ! On ne prête pas le serment d’Hypocrate pour rien… Tu peux me comprendre, toi qui es sage-femme ?
— Oui, je te comprends mais que veux-tu faire et que peux-tu faire ?
— Rien… absolument rien… il faut que je m’y fasse mais ce n’est pas comme cela que j’envisageais ma vie, enfin, ma mission de médecin. Heureusement que tu es là, à mes côtés, je ne sais pas ce que je ferais sans toi. En ce moment, je ne tourne pas rond.
— Oui, et les filles s’en aperçoivent, il faut y faire attention, elles sont petites encore…
— Je vais me reprendre. Bonne nuit chérie ?
— Bonne nuit Paul.
La semaine a débuté sans encombre. Les filles sont ravies de retrouver leurs copines d’école et racontent leurs sorties en forêt et aux étangs.
— Et tu n’as pas ramené des feuilles pour la classe ? Questionne la maîtresse de Lou-Rose.
— C’est vrai, dis-je, nous aurions dû y penser.
— Ce n’est pas grave, regardez le chêne de la cour de récréation, il se dépouille de son feuillage, il n’y a plus qu’à les ramasser.
— Génial ! S’exclame Lou-Rose.
Je laisse les petites et pars faire quelques courses pour le repas du midi.
Au supermarché, j’ai le sentiment d’être suivie. Je regarde autour de moi mais ne vois personne qui pourrait m’observer et continue mes emplettes.
De retour à la maison, je me livre aux activités habituelles, sans entrain, et pense à Paul. Ce midi, il ne rentrera pas et mangera un sandwich au cabinet médical car… trop de consultations.
La semaine va s’écouler comme d’ordinaire, au rythme des horaires d’écoles et des tâches ménagères. Je ne vais pas m’en plaindre, c’est moi qui ai choisi de faire une pause dans mon métier de sage-femme pour élever les filles durant leur petite enfance. Non, ce qui m’inquiète, ce qui tourne en boucle dans ma tête, c’est l’attitude de Paul. Il a beau faire des efforts pour essayer de paraître plus gai, il ne l’est pas. Je le vois et les enfants le voient aussi, même si Lise a compris qu’il faut se taire sur ce sujet.
Lorsque le week-end revient, avec la problématique des gardes qui nous empêche de trop nous absenter du domicile, je vois bien que Paul est mal… il n’en peut plus de faire semblant d’aller bien. En quelques semaines, c’est comme s’il avait vieilli d’un coup, son visage s’est durci, il est taciturne, même s’il arbore un sourire qui ressemble plus à un rictus qu’à un vrai sourire. On ne va quand même pas continuer longtemps ainsi, sur des faux-semblants ? C’est insupportable à force ! Insupportable pour tous, à commencer pour Paul.
Sans le lui dire, j’ai demandé à mes parents, surnommés affectueusement mamida et papybert par les enfants, de bien vouloir les emmener chez eux ce dimanche. J’ai juste argumenté que je voulais un jour en amoureux avec Paul et ils ont été ravis de prendre les filles ! Elles vont faire du jardin avec eux pour leur plus grand plaisir. Moi qui détestais tant cela étant enfant, au moins, mes parents peuvent se rattraper avec elles !
Je prends sur moi et décide coûte que coûte de parler avec Paul. S’il veut changer de métier, je suis prête à l’entendre et même à l’y aider. Après tout, il a pleinement consenti à ce que j’arrête momentanément mon métier de sage-femme ? Alors, je peux bien agir pareillement envers lui, quitte à ce que cela m’oblige à reprendre mon activité ? Nos parents sont disponibles et n’hésiteraient pas à se muer en « nounou » à tour de rôle pour s’occuper de leurs petits-enfants. » (Chapitre 1 : Bel amour… que se passe-t-il ?)