Hôtel Miranda

Extrait de Hôtel Miranda de Iman Bassalah

– Selma, regarde comme elle est belle, la mer, aujourd’hui ! Tu te souviens, c’est par là que tu es arrivée. On peut encore voir la carcasse du bateau qui a coulé à côté du grand rocher.

Selma s’interposa entre la mer et la vieille dame, pour qu’elle puisse en partie lire sur ses lèvres, à cause de sa sur- dité. Parfois, elle disait qu’elle était sourde de l’oreille droite, d’autres fois, de l’oreille gauche. Il fallait donc se mettre pile en face.

– Nonna, la Tunisie, c’est de l’autre côté. Et on ne voit rien, par là.

– Tu te trompes, c’est moi qui ai raison, reprit-elle, le regard gris de douceur.

Elles continuèrent leur marche, suivies du seul chat de la maison qui aimait se promener sur la plage. Selma réglait son pas au rythme de la nonna dont les pieds nus s’enfonçaient un à un dans le sable, tandis qu’elle relevait sa jupe au-dessus de ses genoux avec ses petites mains tremblantes.

Selma se souvenait de tout, cela pouvait encore se compter en jours. Comme là, le vent portait une odeur de mazout et de mer. À quelques pas, les barques des pêcheurs rentraient au rivage et s’enlisaient dans le sable.

 

- Incipit du roman Hôtel Miranda d'Iman Bassalah -

& aussi