LES CITADELLES EMMURÉES

Extrait de LES CITADELLES EMMURÉES de KALAVERA MARVIN

Le Toréamor

 

Le soleil était écrasant, de ces soleils qui hantent les

westerns, sans ombre ni répit. Le vent avait déserté la

place qui n’attendait que son shérif pour couper la pellicule.

Mais cette dernière s’éternisait, la canicule étouffante

séchant jusqu’au plus profond le coeur des hommes.

Ploc ! Une goutte de sueur sur le sable, unique mouvement

dans ce silence, unique relent patient de ce symbole

campé dans cette scène, cambré, fier, immobile… Chaussures

à talons plats, culotte serrée, boléro cintré, cheveux

gominés, regard fixe, déterminé.

Ploc ! Une goutte de sang sur le sable, même regard

fixe, même cambrure, icône déterminée, même fixité tenace,

pelage collé par la sueur… Le taureau respirait

amplement, attendant le signal.

Ploc !! Les muscles du monstre roulèrent sous sa peau à

travers un silence séculaire. Seuls son souffle pantagruélique

et le choc de ses sabots sur le sol ponctuaient sa

course. Fixité de l’Homme.

La poussière s’éleva de nouveau, masquant la scène, le

vent y mêla ses sens, le soleil renforça son étreinte. Une

vague d’écume hurlante émergea du nuage corrosif. Fixité

de l’homme. La bête accéléra, pliant l’échine, appuyant de

tout son poids vers l’avant. Les cornes jaillirent de la

poussière dans un éclair blanc et concis, sans pitié, déterminées

à tuer ce silence par la douleur. Cambrure nette de

l’immobilité. Les cornes atteignirent enfin leur but… Arrêt

sur un silence de mort.

Les avis

Le 15 décembre, 2010 - 11:59

Ce n'est pas la partie que je mettrais en extrait de cette nouvelle mais elle est très bien aussi.

 

Orol

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