Il existe une dissymétrie fondamentale entre malheur et bonheur. À la différence du premier, qui est hélas aisé à identifier (maladie grave, deuil d’un être aimé, accident de la vie…), le second est indéfinissable.
Nul ne peut jamais être absolument certain de ce qui va le rendre durablement heureux – argent, amour, réussite sociale, savoirs : tout ce qui nous apporte de la joie peut se renverser en son contraire.
À l’encontre de ce que prétendent les marchands de bonheur, être heureux dépend infiniment moins d’un travail sur soi que de l’état du monde et du sort de ceux que nous aimons. J’ai la conviction que les illusions rendent malade, la lucidité seule ouvrant des voies vers la santé, et, si la philosophie m’a peut-être bien sauvé la vie, c’est assurément sur ce chemin-là.
À l’opposé des recettes d’un prétendu « souverain bien » par soi seul, ce que j’ai voulu ici partager avec mon lecteur, c’est une joyeuse déconstruction des illusions en même temps qu’une analyse de ce qui dans nos vies permet de réels moments d’intensité et de sérénité.
Luc Ferry est philosophe. Il a été, de 2002 à 2004, ministre de la Jeunesse, de l’Education nationale et de la Recherche. Ses livres sont traduits à l’étranger dans plus d’une quarantaine de langues. Il est l’auteur de Familles, je vous aime (XO Editions, 2007), de La Révolution de l’amour (Plon, 2010) et de La Révolution transhumaniste (Plon, 2016).