Dans sa Critique de la faculté de juger (1790), Kant énonce les conditions sous lesquelles la nature peut encore se prêter au jugement finaliste. Ainsi, dans l'expérience esthétique, tout se passe comme si la belle forme venait au devant de l'imagination du sujet qui la contemple, comme si elle avait été produite par son imagination. Dans l'explication du vivant également, la raison ne peut s'empêcher de poser l'unité de fonctionnement de l'organisme comme la fin de l'activité de chaque organe. Dans les deux cas, le finalisme cesse d'être un raisonnement scientifique et devient une simple manière de penser l'expérience. L'irréductibilité de ce mode de pensée témoigne du fait que l'homme, en tant que sujet moral, ne peut faire abstraction, même dans la considération de la nature, d'une interrogation sur les fins. --Paul Klein