Ainsi, l'opposition du bien et du mal, de l'amer et du doux, du fort et du faible, du courbe et du droit, est abstraite et toujours contestable. Dès lors, le grand art et la suprême sagesse, comme l'attestent la peinture, la poésie et la cuisine chinoise, consistent à saisir la réversibilité des opposés, à faire goûter le sel sous le sucre, à révéler l'infini dans le fini, la présence par l'allusion, l'éternité sous l'éphémère. Si le Chinois n'est pas en quête d'universalité et de réconciliation dialectique, c'est parce que toute différence exige pour exister son contraire. Le yin suppose le yang, comme l'ombre la lumière. Le monde est par avance harmonieux et c'est à l'artiste d'en saisir le subtil équilibre.
Ouvrage sensible plus que savant, qui donne goût à la fadeur. --Paul Klein