L'écrivain britannique John Le Carré est mort à 89 ans. L'auteur de L'Espion qui venait du froid laisse derrière lui une oeuvre qui a porté au rang de grand art les complexités du monde de l'espionnage. Quand les désillusions composent la sourde mélopée des quêtes impossibles...
Smiley a tiré sa révérence. Il était revenu nous hanter en 2018 dans L'héritage des espions (Seuil). Mais sans guerre froide, les aventures n'avaient plus la même saveur. Il restait les souvenirs. Et peut-être les remords.
A 89 ans, David John Moore Cornwell, dit John le Carré, est mort le 12 décembre 2020 à Truro des suites d'une pneumonie. On l'avait cru immortel. Peut-être l'est-il devenu finalement ? Peut-être s'est-il caché derrière les nuages si fréquents dans les cieux de ces Cornouailles qu'il chérissait tant ?
Le romancier avait d'abord travaillé pour le MI5 et le MI6 dans les années 1950 et 1960. Après son départ du renseignement britannique au sein duquel l'exercice de ses fonctions avait été selon lui "peu glorieux", il décida de s'adonner à l'écriture, nourri de ses expériences passées et d'une attention proche de l'obsession aux moindres détails de la vie ordinaire, source d'inspiration continue.
C'est son troisième roman, L'Espion qui venait du froid (1963), qui le propulsa au premier plan, devenu un best-seller international et adapté ensuite au cinéma comme plusieurs de ses livres. Quand il écrivait, John le Carré avait l'habitude de chercher, décrire et "filmer" avec des mots, les scènes imaginaires qu'il voyait se dérouler sous ses yeux. Sans concession pour un monde qu'il avait bien connu et les folies des luttes d'influence, son univers était bien loin du glamour à la James Bond. John Le Carré était plutôt adepte des sombres désillusions et des loyautés déçues.
Pour lui, le monde de l'espionnage représentait surtout celui de la complexité. Il le regardait comme un jeu de construction aléatoire. L'ombre, le secret, l'ambivalence... le romancier n'avait pas son pareil pour jongler avec les labyrinthes des psychologies et des intrigues. Avec les minuscules détails de chaque décor, vêtements, situations, tous saisis avec l'art d'un grand portraitiste. Dans le reportage que lui avait consacré François Busnel en 2018 (La grande Librairie), nous avions découvert la maison de l'écrivain battue par les vents de la côte britannique, ainsi que son cabinet de travail environné d'impressionnants cartons de documentations qui lui servaient de sources avant chaque roman. Un mythe déjà. Les rochers anglais, hostiles semblaient camper le décor idéal pour abriter les cris sourds d'une inspiration tourmentée, mais très méthodique.
Les constructions complexes des récits et les psychologies fouillées des personnages ont créé un terreau particulièrement fertile pour des adaptations au cinéma.
-L'Espion qui venait du froid est le premier film adapté en 1965 avec succès par Martin Ritt avec Richard Burton. Un film en noir et blanc qui prend la mesure de la complexité de la construction presque cubiste du livre.
-La Taupe a été adaptée en 2011 par Tomas Alfredson avec Gary Oldman. Le héros récurrent de John Le Carré, Smiley y campe un héros fatigué, dont la noirceur des émotions cache son propre enfermement.
-La Constance du jardinier : le livre de John Le Carré était peut-être le plus "sentimental" de ses récits. Sur fond de paysages kenyans, une histoire qui implique un diplomate anglais et sa femme en lutte avec l'industrie pharmaceutique. John Le Carré qui avait été en poste en Afrique avait saisi dans son livre toute l'ambivalence des jeux de pouvoir parfois opaques et la beauté d'une nature qui vous emporte "malgré tout". Le film avait été réalisé en 2005 par Fernando Meirelles avec Ralph Fiennes dans le rôle-titre.
-Dans La petite fille au tambour, John Le Carré avait quitté les ombres de la guerre froide pour choisir en toile de fond le conflit israélo-palestinien et les attentats terroristes en Europe, incarnés par un agent double issu d’une une cellule antiterroriste israélienne, qui infiltre une organisation palestinienne. C'est le coréen Park Chan-Wook qui réalise une minisérie en 2018 avec Alexander Skarsgard dans le rôle principal.
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