Ils sont trente-deux. Trente-deux à habiter encore l'abbaye en ce jour d'automne 1986, au bout d'une route à faire pâlir ceux qui l'empruntent. En mille ans, rien n'a changé. Ni la raideur de la voie ni son vertige. Trente-deux cœurs solides - il faut l'être quand on vit perché au bord du vide -, trente-deux corps qui le furent aussi, dans leur jeunesse. Dans quelques heures, ils seront un de moins.
Les frères forment un cercle autour de celui qui s'en va. Il y a eu bien des cercles, bien des adieux, depuis que la Sacra dresse ses murs au-dessus d'eux. Il y a eu bien des moments de...