Le Toréamor Le soleil était écrasant, de ces soleils qui hantent les westerns, sans ombre ni répit. Le vent avait déserté la place qui n’attendait que son shérif pour couper la pellicule. Mais cette dernière s’éternisait, la canicule étouffante séchant jusqu’au plus profond le coeur des hommes. Ploc ! Une goutte de sueur sur le sable, unique mouvement dans ce silence, unique relent patient de ce symbole campé dans cette scène, cambré, fier, immobile… Chaussures à talons plats, culotte serrée, boléro cintré, cheveux gominés, regard fixe, déterminé. Ploc ! Une goutte de sang sur le sable, même regard fixe, même cambrure, icône déterminée, même fixité tenace, pelage collé par la sueur… Le taureau respirait amplement, attendant le signal. Ploc !! Les muscles du monstre roulèrent sous sa peau à travers un silence séculaire. Seuls son souffle pantagruélique et le choc de ses sabots sur le sol ponctuaient sa course. Fixité de l’Homme. La poussière s’éleva de nouveau, masquant la scène, le vent y mêla ses sens, le soleil renforça son étreinte. Une vague d’écume hurlante émergea du nuage corrosif. Fixité de l’homme. La bête accéléra, pliant l’échine, appuyant de tout son poids vers l’avant. Les cornes jaillirent de la poussière dans un éclair blanc et concis, sans pitié, déterminées à tuer ce silence par la douleur. Cambrure nette de l’immobilité. Les cornes atteignirent enfin leur but… Arrêt sur un silence de mort.
Les avis
Ce n'est pas la partie que je mettrais en extrait de cette nouvelle mais elle est très bien aussi.
Orol