- J'aimerais te revoir, m'annonça-t-elle ?
- Moi aussi. J'aimerais que l'on aille acheter des meubles pour notre nouvel appartement. Que l'on fasse le marché tous les dimanches. Que l'on se prenne un café dans un bistrot tous les matins. J'aimerais te demander en mariage et que tu en pleures de joie. J'aimerais te couvrir d'amour une vie entière. Me retrouver à tes côtés, au bas des pistes, aux sports d'hiver. En attendant de voir nos gamins revenir de leurs cours de ski. Je veux te désirer même après trois années de vie commune. Je veux te voir en larmes pour mieux te consoler. Mais j'en suis incapable. Je serais incapable de t'aimer plus de quelques jours. C'est mon grand drame. Je t'aime maintenant. C'est faux. Mais ça le sera toujours moins que dans quelques semaines. Je t'aime. Adieu.
Tel est Simon, vivant aux côtés de cette lucidité que l'alcool n'arrive plus à charmer et sur les débris carbonisés de quelques grands sentiments. Simon connaît les nuits folles sans sommeil qu'il partage, tout comme son appartement, avec ses trois meilleurs amis : Théo, l'homosexuel aux amours lointaines et éphémères, Alban au coeur brisé par la douleur aspic d'une séparation, Marion, l'amour d'une nuit neigeuse au petit goût d'inachevé... Il tente de survivre comme il peut, de préserver cette énergie qui le pousse en avant. Aussi, quand il découvre sous le capot d'une photocopieuse la carte d'identité d'une déesse blonde, il se précipite. Sans savoir jusqu'où tout ça va le mener...
Si vous n'avez pas lu Treize minutes, prenez en soixante pour découvrir ce texte qui a tous les atouts d'une chute vertigineuse : la vitesse, le frisson, la griserie. Et qui se voile d'un petit quelque chose en plus : une poésie de la tendresse. Un roman électrique et neuf d'un auteur prometteur. --Hector Chavez