J’ai assisté cette année, dans le cadre de la promotion de mon roman Terre du vent, à deux manifestations d'une exceptionnelle qualité, l’une, La rentrée littéraire du Ferret et l’autre Le salon du premier roman de Draveil.
La rentrée littéraire du Ferret est organisée début septembre par la librairie Alice Médiastore, au Cap Ferret. Tentes et estrades sont dressées, vers six heures, dans la rue devant la librairie et les auteurs par groupe de cinq, car la manifestation dure trois jours, présentent leurs livres et sont longuement interrogés par le libraire, M. Hourquebie et par le public. L’originalité est que, pendant la séance de dédicace qui suit, quelques propriétaires de grands crus offrent leurs chefs d’œuvres en dégustation. A consommer avec modération, encore que j’ai e vu quelques éditeurs dans une humeur assez joyeuse ! Comme les auteurs ont été fort généreusement traités avant la séance et le seront aussi après, ils ne sont pas tristes non plus, même ceux qui donnent dans la plus poignante des mélancolies. Critère de sélection : les auteurs ont tous un petit quelque chose à voir avec le Bordelais. Le public est abondant, intéressé et vient parfois d’assez loin, Toulouse par exemple.
La manifestation, très conviviale, est très appréciée des amateurs de lecture (et de bon crus ?). Beaucoup retardent leur retour de vacances pour pouvoir y assister.
Le salon du premier roman, à Draveil, est organisé autour du Prix du premier roman, qui présente la particularité d’être décerné par un jury non professionnel. Entre cinquante et soixante ouvrages, et, répartis en cinq jurys, soixante jurés, qui lisent chacun tous les livres et se réunissent chaque semaine pendant dix mois pour en parler. Ce sont des lecteurs passionnés et non soumis aux influences habituelles, ainsi, par exemple, cette année, le prix a été décerné à un poulain des éditions Gaia, maison de très bonne réputation, mais non parmi les plus grandes. De la même façon, le choix des auteurs retenus est très ouvert, puisque quelques uns viennent même des entreprises d’auto- éditions en ligne (il y avait quand même aussi deux Gallimard, un Laffont etc. - les grands éditeurs ne perdent pas le nord !). La journée commence, dans la matinée, par une rencontre, autour d’un café, entre les auteurs et les membres de leur jury : génial que de rencontrer des amateurs de littérature qui vous ont lu de façon critique et vous parlent de vos œuvres, pas toujours en bien, d’ailleurs, mais toujours avec sérieux et intelligence. En tout début d’après midi, la séance de signature commence, chaque auteur est installé par un personnel municipal dévoué et aimable à une jolie petite table recouverte d’une nappe rouge foncé, dans la lumière diffuse de la salle du théâtre municipal ; sur la scène, devant un public assez nombreux, chaque auteur est appelé à tour de rôle pour présenter son livre. D’un côté, vous appréciez car, pendant que vous êtes coincés à votre table, vous entendez présenter les œuvres de tous vos collègues, d’un autre côté, vous avez la tête comme un tambour et êtes obligés de prendre le large assez souvent pour vous détendre de ce bruit. Mais comment faire autrement ?
Les livres ne sont pas en piles sur la table des auteurs, mais regroupés sur le grand présentoir de la librairie participante, « Le jardin des muses » et là, autre particularité exceptionnelle de ce salon, les libraires ont lu les livres qu’elles vendent et sont susceptibles de renseigner les acheteurs.
Troisième particularité, comme les auteurs de premiers romans ne sont en général pas célèbres, le public ne vient pas pour « voir des têtes », mais parce qu’il aime les livres. Du coup, alors que je trouvais que je n’avais signé que quelques livres, je me suis aperçu avec étonnement que ma pile était presque épuisée : beaucoup achètent sans faire signer, d’autres discutent avec vous, repartent et achètent discrètement votre livre. Les discussions sont souvent passionnantes, moi, généralement, les gens me racontent leurs Algéries, qui ont souvent été plus dramatiques que la mienne, mais j’ai aussi eu la chance de rencontrer une future lectrice de six ans qui a très sérieusement feuilleté mon livre, a remarqué un chapitre sur le père Noël et m’a alors informée, dans le creux de l’oreille, d’une grande nouvelle secrète : figurez-vous que le père Noël n’existe pas. Et personne ne nous l’avait dit ! Ça alors ! J’espère que le livre lui plaira car elle était trop charmante.
Vers 18 h 30 a lieu la remise du prix par le maire M. Tron (secrétaire d’état chargé de la fonction publique), prix sur lequel le plus grand secret a été gardé jusque là (même s’il en transparaît parfois quelque chose dans certaines attitudes des jurés) : cette année, c’était Didier Desbrugères pour Le délégué, que je n’ai pas encore lu, mais qui semble être un roman assez kafkaïen. Puis c’est la fête, cocktail délicieux– et dîner dans un bon restaurant pour les auteurs, le jury et les personnalités. Et voilà des romanciers débutants traités comme des princes !
J’avais déjà lu que cette manifestation était sympathique, mais je confirme : par les liens qu’elle permet d’établir entre auteurs, jury et public et par son absence d’exclusive, je l’ai trouvée exceptionnelle.
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