Premier roman

« À la lumière » de Céline Gabaret : derrière les ombres, la quête d'un père

Attention nouveau talent : Céline Gabaret nous offre avec « À la lumière » (Editions Marie Romaine), un premier roman sensible, puissant et intime à la fois. Sur fond d'émotions aussi profondes que les vagues de l'océan, une histoire de découverte d'un père dont l'existence a été révélée sur le tard à l'héroïne. Une des très belles surprises de cette rentrée.

Portrait de Céline Gabaret © Editions Marie Romaine Portrait de Céline Gabaret © Editions Marie Romaine

Céline Gabaret aime le piano, l'océan et les mots. Ces mots qu'elle distille sur Instagram, comme des instantanés d'émotions et d'images sonores. Ces mots dont elle se nourrit par les livres qu'elle lit, et ceux qu'elle écrit. Il serait plus juste de dire : celui qu'elle a écrit. Puisqu'À la lumière est son premier roman.

À la lumière, un premier roman qui frappe par sa justesse

Premier roman, comme première de classe - Céline est agrégée de lettres; comme première de cordée - elle a deux enfants-; comme première de sa vie- elle explore le réel pour y débusquer le sens caché. Dans son livre, elle ouvre nos yeux en racontant l'histoire de Rosalie Sauvage qui découvre sur le tard l'existence d'un père qu'elle n'a jamais connu. Son périple nous entraîne près des vagues de l'Atlantique qui de La Rochelle à Carnac font naviguer les lecteurs entre ressac et écume. 

« Elle ne s’était jamais dit que son père lui manquait, et désormais, elle avait l’impression d’une lacune terrible, immense, une de ces failles que l’on découvre en baissant la tête et qui, béantes, provoquent des chagrins inconnus. »

Ce père, cet inconnu

Ce père s'avère être un metteur en scène célèbre mais irrésistiblement attiré par la mer et les grands voyages. Mais que lui dire ? Alors il y a les silences. Les  mots qui ne se disent pas, échos du passé :
« On a promené nos secrets avec nous. On était deux silhouettes parallèles, unies pourtant, entrelacées par les traits des souvenirs et distinguées par toutes les formes blanches qui flottaient entre nous. Tout ce qui pourrait être comblé mais qu'on ne comble pas. »
Cette relation avec le père interroge paradoxalement celle entre la mère et sa fille. Cette mère qui  a longtemps caché ce père absent. Pourquoi ? En découvrant tout un pan dissimulé de sa filiation, l'héroïne va aussi découvrir une demi-sœur, Constance. Et découvrir petit à petit son identité profonde, libre de tout affranchissement. Naître à elle-même, enfin ?

Ses nuits sont-elles plus belles ses jours ?

Comment Rosalie Sauvage poursuivra-t-elle son chemin à la lumière de ces révélations ? Passer de l'autre côté de son histoire, c'est aussi pénétrer ses nuits, lorsque les chiens se transforment peut-être en loups.
 « - C’est encore mieux. Parce que comme ça, on ne verra personne. Tu comprends, pour se promener les nuits de pluie, il faut vraiment beaucoup aimer la nuit. Rosalie prit un air entendu. Elle voulait bien se mettre à beaucoup aimer la nuit, et elle voulait bien commencer tout de suite. »

Tout n'est qu'ombre et lumière

Céline Gabaret nous ouvre la porte de son monde, où tout n'est qu'ombre et lumière, peinture subtile qui mélange une tendresse pour les émotions fugitives et une tristesse pour celles qui ne reviendront pas. Retenez son nom. Ce premier roman ne sera pas le dernier. Il n'est que l'ouverture d'une vaste symphonie dont nous attendons avec hâte les prochains mouvements.

> « À la lumière » de Céline Gabaret, Editions Marie Romaine, Aquarelle de couverture : Mathieu Neau,  280 pages, 19,90 euros >> Pour acheter le livre, cliquer sur ce lien

Extraits 

« Elle était née un jour de Saint-Jean, un vingt-quatre juin. Elle aimait cette date qui sentait le foin coupé, les feux sauvages et les soirs qui oublient l’heure. Elle avait l’impression d’être arrivée comme une allumette jetée sur du petit bois. »

« Rosalie prit une chaise pour se mettre face à elle, et Constance vint sur ses genoux. Au bout de la table traînaient un verre vide et un sachet de barquettes à la fraise. Rosalie pensa qu’il aurait pu s’agir des restes d’un goûter d’enfant. Si la vie fait une boucle, à quel moment la courbe s’inverse-t-elle ? À quel moment cesse-t-on d’être un adulte pour retomber dans un état de seconde enfance ? Devient-on un vieillard très éloigné de l’enfant que nous avons été, ou conservons-nous quelque part, enfoui, le trésor d’un être inabouti qui refait surface dans nos dernières années ? »

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