Silences courtois, faux semblant, secrets refoulés, rancunes, Anne Tyler décortique sans pitié, pour notre plus grand plaisir le quotidien d'une famille américaine pas si parfaite que ça. Depuis plus de quarante ans l'auteure tisse une oeuvre humaine, sociale, nostalgique et intimiste. Viabooks vous en dit plus sur Une bobine de fil bleu et son auteure.
Pourquoi on adore ? La vie, la famille, les faux semblants, de nombreux sujets de prédilection d’Anne Tyler sont présents dans ce nouveau roman. L’histoire se déroule à Baltimore, lieu favori des fictions de l'auteure américaine, chez la famille Whitshank. L’auteur nous emmène à la rencontre de trois générations et les histoires de leur quotidien, rythmées par les tromperies, les rancunes, les non-dits dissimulés. Si au début cette famille unie semble mener une vie parfaite, Anne Tyler nous dévoile l’envers du décor, le masque tombe et le lecteur découvre alors ce qui se cache derrière ces illusions. Une fine analyse d'une famille américaine avec ses secrets, ses jalousies, ses mensonges mais la tendresse, l'amour ne sont jamais bien loin. L’auteure parvient parfaitement à brosser le portrait de cette famille. L’authenticité et la psychologie des personnages extrêmement réalistes permet, indéniablement, aux lecteurs de se retrouver. L'écrivaine américaine qui a, comme à son habitude le sens du détail, décortique chaque geste des protagonistes et nous permet de mieux ressentir leurs sentiments, leur bonheur et parfois leur fragilité. Par ailleurs la plume d’Anne Tyler est simple, riche et minutieuse et nous transporte dans cette maison, au sein de la famille Whitshank. Elle a l’art de retranscrire le drame avec humour et mélancolie. On aimerait que ça dure plus longtemps !
Extraits d'Une bobine de fil bleu
« Tard un soir de juillet 1994, Red et Abby Whitshank s’apprêtaient à se mettre au lit quand ils reçurent un appel de leur fils, Denny. Abby, vêtue de sa seule combinaison, se tenait devant la commode et ôtait une par une les épingles qui retenaient le chignon couleur sable ébouriffé au sommet de son crâne. Red, un homme émacié et très brun, en pantalon de pyjama à rayures et t-shirt blanc, venait tout juste de s’asseoir au bord du lit pour retirer ses chaussettes ; si bien que lorsque le téléphone sonna sur sa table de nuit, ce fut lui qui décrocha.
– Résidence des Whitshank, j’écoute, dit-il. »
« Peut-être était-ce simplement que les Whitshank manquaient cruellement de mythologie familiale. Qu'ils étaient une famille trop récente pour disposer d'un vaste choix d'anecdote à se transmettre et devaient par conséquent exploiter au maximum celles qu'ils avaient sous la main. »
« Pourtant, la famille semblait ignorer les déceptions. C'était une autre de leurs singularités; ils avaient le don de faire comme si tout allait bien. Ou peut-être cela n'avait-il rien de singulier justement. C'était peut-être la preuve supplémentaire que les Whitshank étaient une famille comme les autres. »
Née en 1941 à Minneapolis Anne Tyler a grandi dans une famille de quakers pacifistes (la Société religieuse des Amis). En 1963, elle épouse Taghi Modarressi, psychiatre pour enfants, d'origine iranienne avec qui elle a eu deux filles. Avant d’entamer sa carrière d’écrivain Anne Tyler était bibliothécaire. Aujourd’hui la romancière habite à Baltimore, lieu qui sert de cadre à la plupart de ses livres. En 1989 elle obtient le prix Pulitzer pour son roman Leçon de conduite. Depuis plus de 40 ans, Anne Tyler écrit des romans caractérisés par un style méticuleux. Elle examine les nuances et les petites manières de la vie de famille en Amérique. La romancière ne cherche pas à faire une analyse sociale à grande échelle, mais au contraire à cibler la vie de personnes ordinaires, principalement issues de la classe moyenne qui s'efforcent de parvenir à un équilibre entre la quête de leur individualité et les liens de fer que constituent les obligations et l'amour envers leur famille. Ses récits mettent en avant l'héroïsme et les échecs de la vie domestique. Ces personnages sont souvent excentriques, insolites ou blessés, Anne Tyler accorde une grande attention et une grande générosité aux personnages de tous ses romans.
Extrait : « Une fois, il y a longtemps, elle était tombée amoureuse d’un des patients, à la maison de retraite. Cela paraissait comique, bien sûr. Amoureuse d’un vieillard ! Un homme qui se déplaçait en chaise roulante ! Mais voilà. Elle était fascinée par son visage austère, par ses manières courtoises. Elle aimait son langage un peu formel, qui tenait à distance ses propres mots. Et elle savait quelle peine il se donnait pour s’habiller chaque matin, l’air magnifiquement serein alors qu’il s’évertuait de ses pauvres mains paralysées à enfiler les manches de son veston.»
Extrait : « Une caractéristique que les quatre enfants Leary avaient en commun était une absence totale du sens de l’orientation. Pour Macon, c’était une sorte de dyslexie, de dyslexie topographique. Aucun d’entre eux ne mettait jamais les pieds dehors sans relever, d’une manière obsessionnelle, tous les points de repère possibles. Ils essayaient de s’accrocher désespérément aux images du quartier qu’ils avaient dans la tête. Chez lui, Macon avait une pile de fiches qui donnaient des indications détaillées pour se rendre chez ses amis – des amis qu’il connaissait parfois depuis des décennies. »
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