Inquiétude et mobilisation : arrestation de Boualem Sansal en Algérie

L'écrivain Boualem Sansal d'origine algérienne qui a obtenu récemment la nationalité française, célèbre pour ses critiques en profondeur des dérives islamistes a été arrêté le 20 novembre 2024 à son arrivée en Algérie. De nombreuses personnalités se sont émues et inquiétées de cette arrestation. L'Algérie a durci sa position vis à vis de tous ses dissidents. Témoin, l'affaire Kamel Daoud Prix Goncourt pour Houris qui fait l'objet aussi d'une plainte au motif que son livre se serait inspiré abusivement de l'histoire d'une jeune femme, ayant suivi une psychothérapie avec une psychiatre qui est aussi la femme de l'écrivain.

Le communiqué des éditions Gallimard

Les Éditions Gallimard ont tout de suite réagi :  «Les Éditions Gallimard, éditeur de l’œuvre littéraire de Boualem Sansal depuis la parution du Serment des barbares il y a vingt-cinq ans, expriment leur très vive inquiétude à la suite de l’arrestation de l’écrivain et appellent à sa libération immédiate.
Nos pensées les plus émues s’adressent, depuis notre maison, à notre ami Boualem Sansal et aux siens. » 

L'appel des prix Nobel et d'autres écrivains dans Le Point

Annie Ernaux, Jean-Marie Le Clézio, Orhan Pamuk et Wole Soyinka, tous Prix Nobel de littérature, ainsi que Salman Rushdie, Peter Sloterdijk, Andreï Kourkov, Roberto Saviano, Giuliano da Empoli et Alaa el Aswany ont rejoint l'appel à la solidarité lancé dans l'hebdomadaire Le Point, samedi 23 novembre, par le Prix Goncourt 2024, Kamel Daoud. Parmi les signataires se trouvent aussi Sylvain Tesson, Leïla Slimani, Elisabeth Badinter, Bernard-Henri Levy, Jean-Baptiste Andrea, Emilie Frèche, Caroline Fourest, Boris Cyrulnik ou encore Joan Sfar.

Les inquiétudes de Kamel Daoud

Dans ce texte adressé aux défenseurs de la liberté, l'écrivain franco-algérien Kamel Daoud estime que « cette nouvelle tragique est le reflet d'une réalité alarmante en Algérie, où la liberté d'expression n'est plus qu'un souvenir face aux répressions, aux emprisonnements et à la mise sous surveillance de la société entière. » Kamel Daoud poursuit : Boualem Sansal, 75 ans « écrit, il ne tue pas et n'emprisonne personne. Son innocence face à la dictature lui fit oublier la réalité de la Terreur en Algérie depuis quelques années. Il a négligé de regarder la meute qui l'attendait, il est retourné visiter son pays ce samedi-là. Il l'a payé cher. »

Le soutien de l'Académie Française

L’Académie française a publié sur son site ce communiqué : « L’Académie française salue chaleureusement l’initiative des lauréats de son Grand Prix du Roman. Elle partage leur espoir de voir Boualem Sansal libéré sans délai. Nous avons distingué par deux fois cet écrivain de talent et de conviction. Sa voix singulière nous est chère. Tous les membres de notre académie ont hâte de voir cet écrivain, à la fois de France et d‘Algérie, retrouver au plus vite la vie qui, jusqu’à présent, était la sienne, habitée par une obstinée volonté d’écrire et de ne pas subir. »

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