La Seconde guerre mondiale par Anthony Doerr

Anthony Doerr et son amour pour la France

Ecrivain jusqu’alors méconnu, Anthony Doerr connait une ascension fulgurante dans le monde de la littérature en Amérique ainsi que dans le reste du monde avec son chef d’œuvre "Toute la lumière que nous ne pouvons voir." Véritable phénomène aux États-Unis, élu comme meilleur roman de l'année 2015, le livre d'Anthony Doerr qui a été vendu à plus de deux millions d'exemplaires aux Etats-Unis a même su séduire un lecteur de choix : le président Barack Obama.  Ecrit à la perfection - l'auteur a mis 10 ans à le créer- ce livre nous emmène en plein cœur de Paris, puis à Saint-Malo sous l’occupation allemande lors de la Seconde guerre mondiale. Qui aurait pensé qu’un écrivain américain puisse rédiger un tel ouvrage basé sur la ville de Saint-Malo ? Anthony Doerr l’a fait en toute simplicité. C’est lors de sa première venue à Saint-Malo, en 2006, pour le festival Étonnants Voyageurs, qu’Anthony Doerr tombe littéralement amoureux de cette ville. Une dizaine d’année plus tard, le romancier en a fait la ville principale de son ouvrage.

Le prix Pulitzer, un prix amplement mérité

Le prix Pulitzer est un prix américain remis dans différents domaines, allant du journalisme à la musique. Au début du XXIème siècle, il est décerné dans 21 catégories dont la fiction : il a été attribué cette année à Anthony Doerr pour son touchant et magnifique roman. Le prix Pulitzer de la fiction est remis depuis 1948 pour récompenser une œuvre littéraire de fiction d'un auteur américain.

Un roman, une rencontre extraordinaire

Deux héros dont la guerre va bouleverser l'existence : Marie-Laure est une jeune fille française vivant d’ordinaire à Paris avec son père. Aveugle depuis ses 6 ans elle a appris à vivre avec sa maladie grâce au soutien inconditionné de son père. C’est lorsqu’elle a 12 ans que les allemands occupent la capitale, ils partent donc se réfugier tous les deux à Saint-Malo, chez un oncle un peu trop excentrique et encore marqué par la première guerre qui vit reclus dans une maison au bord de la mer. Le deuxième héros se nomme Werner, un jeune allemand orphelin, qui, au fil du temps, va se passionner pour la mécanique et les sciences. Véritable génie, il est repéré par les jeunesses hitlériennes et fini par être exploité par la Wehrmacht dans le but de briser toutes les possibilités de réussite de la Résistance française. Les chemins des deux personnages vont se croiser en 1944 dans cet hexagone déchiré, au moment où Saint-Malo est en prise aux bombes allemandes.

Quand l’impossible devient possible

Le destin de Marie-Laure et Werner, ennemis contre leur gré, va venir s’interposer face à une guerre mondiale des plus meurtrières. Ce sont deux personnages, deux pays, deux politiques qui s’affrontent et s’entremêlent. Malgré son handicap, Marie-Laure ne cesse de d’avancer pousser par sa curiosité sans limite. Quant à  Werner, c’est un personnage d’une rare intelligence qui se rendra compte de ses erreurs au cours de ce périple en France.

Un décor fascinant sur fond de guerre mondiale

Nombreux sont les romans traitant sur la seconde guerre mondiale et pourtant, Toute la lumière que nous ne pouvons voir est mené avec tant de délicatesse, de manière si minutieuse qu’il plonge le lecteur dans une histoire hors du commun dans ce contexte atroce et dur du siècle dernier. Dans le décor crépusculaire de cette ville française bombardée, Anthony Doerr arrive à dépeindre la guerre d’une manière envoûtante et d’une brillante richesse. L’auteur nous montre que les sombres heures de cette période ne peuvent prendre le dessus sur la beauté du monde et de l’amour. On y voit les remparts, la mer, les vagues, l’océan cette ville fortifiée qu’est Saint-Malo, comme transporté hors du temps. Dans ce roman baigné de lumière, Anthony Doerr a accordé une place toute particulière au média qu’est la radio. Symbole emblématique de la Résistance française, que Marie-Laure soutient et que Werner combat.

Un roman qui sort des classiques de guerre

Semblable à aucun autre, Toute la lumière que nous ne pouvons voir est une réflexion profonde sur le destin et la condition humaine. Anthony Doerr parvient à créer une distance en utilisant la troisième personne pour la narration, mais à la fois une rare proximité avec une sélection pointue des mots choisis, des expressions afin d’apporter une description saisissante. L’écrivain nous permet d’approcher d’une manière totalement différente le point de vue allemand avec Werner, recruté parmi les jeunesses hitlériennes, ainsi que le point de vue français avec Marie-Laure, cette jeune fille aveugle qui se voit contrainte d’être réfugiée à Saint-Malo avec son père. Deux points de vue qui n’ont pas l’habitude d’être traités dans cette période si difficile avec l’ajout important de cet angle commun qui les rallie : l’amour.

>>Toute la lumière que nous ne pouvons voir, Anthony Doerr, traduit de l'américain par Valérie Malfoy,édition Albin Michel

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