Jean Cocteau, un artiste emblématique de son époque. Homme de lettres et artiste à multiples facettes. Charmé par le calme et la verdure de Milly-la-Forêt, Jean Cocteau acheta la maison avec Jean Marais en 1947 et y vécut jusque sa mort en 1963. Un endroit reposant remplie de souvenirs de l'écrivain et d'autres trésors de grands artistes. Une maison-mémoire et miroir d'une vie singulière.
Légende photo : Jean Cocteau ( photo Wikipedia) et à droite, une vue de la maison de Jean Cocteau à Milly-la-Fôret
Jean Cocteau, de son nom complet Clément Eugène Jean Maurice Cocteau est né le 5 juillet 1889 à Maisons-Laffite, dans la maison de son grand-père maternel. C'est un poète, dessinateur, graphiste, dramaturge et cinéaste français. Il a marqué le XX e siècle et côtoyé les plus grands artsites. Issu d’une famille bourgeoise, il se met à composer des poèmes et à dessiner dès son plus jeune âge. Son père qui vivait de ses rentes se suicide le 5 avril 1898 à Paris : Jean Cocteau portera toujours cette blessure. La mort, le suicide et le sang vont à tout jamais préfigurer ses oeuvres (Le Sang d'un Poète, L'Aigle à Deux Têtes, Le Testament d'Orphée...). Le tragique restera l'une des préoccupations majeures du poète. Sa mère élèvera donc seule cet enfant qui refuse de grandir, trouvant dans les états pathologiques un moyen de se faire choyer. Aidée par une gouvernante allemande, Cocteau découvrit, très tôt, le monde du spectacle et de l'illusion. Il a une grande sœur, Marthe et un grand frère, Paul. Il découvre le théâtre et le cinéma à six ans.Renvoyé par deux fois de son lycée, après avoir échoué à son bac à deux reprises, il préfère se lancer en tant qu'autodidacte en publiant dès 1909 son premier recueil de poèmes. Fréquentant différents cercles d'artistes, Jean est autant passionné par la poésie que le cinéma.
Légende : le salon de Milly la Forêt
En 1908, le tragédien Edouard de Max organise au théâtre Femina une matinée poétique avec le premier récital des poésies de Jean Cocteau. Avec un esprit d'artiste, le jeune Cocteau publie ses premiers poèmes dès 1909, avec son premier recueil de poèmes à compte d'auteur, La Lampe d'Aladin inspiré des Mille et une nuits, à seulement 20 ans en 1909. Il devient alors connu dans les cercles artistiques « bohème » comme le « prince frivole ». En 1913, la création par Diaghilev du Sacre du Printemps de Stravinski fut pour lui une véritable révélation, qui devait influencer l’ensemble de son œuvre. En 1916, il rencontre Picasso et fréquente peintres et écrivains d’avant-garde. Il devient une des figures à la mode du Tout-Paris et des salons que fréquentaient les Daudet, la comtesse de Noailles, Marcel Proust...
La mort de Raymond Radiguet, le jeune poète dont Cocteau s'est épris, le fait sombrer dans la dépression et la consommation d’opium. Les deux hommes ont partagé de nombreux voyages ensemble. En totale admiration devant le talent littéraire de Raymond Radiguet, Jean Cocteau est inspiré par les travaux de son ami dans son cercle artistique, et s'arrange pour faire publier par Grasset Le diable au corps. La dépendance de Jean Cocteau envers l'opium et ses efforts pour s'en sevrer auront une influence décisive sur son modèle littéraire. Cinq ans après, en 1928 il entreprend une cure de désintoxication, Jean Cocteau, opiomane, écrit et dessine. Le thème lancinant, qui revient au détour de chaque page, est celui de l'opium. Durant son sevrage difficile en cure de désintoxication, l'écrivain écrit en seulement une semaine l'une de ses plus grandes œuvres : Les enfants terribles.
Légende : la chapelle de Milly la Forêt avec les fresques de Jean Cocteau
Jean Cocteau témoigne dans son écriture d’une égale curiosité, s’essayant à la poésie d’inspiration futuriste, dadaïste ou cubiste : Le Cap de Bonne Espérance en 1919, un roman poétique comme Le Potomac la même année, Thomas l’imposteur en 1923 et Les Enfants terribles en 1929. Il se fait aussi une place dans le théâtre, avec Les Mariés de la tour Eiffel en 1924, La Voix humaine en 1930, La Machine infernale en 1934, Les Parents terribles en 1938, Les Monstres sacrés en 1940, La Machine à écrire en 1941, L’Aigle à deux têtes en 1946, et Bacchus en 1952. Rien ne semble résiste à l'appétit créatif de Cocteau, pas même le cinéma: Le Sang d’un poète en 1930, L’Éternel retour en 1943, La Belle et la Bête en 1945, Les Parents terribles en 1949, Orphée en 1950, Le Testament d’Orphée en 1960. Et surtout le dessin, toujours le dessin. On lui doit d'innombrables croquis, ainsi que la décoration des chapelles de Villefranche-sur-Mer et ceux de Milly-la-Forêt. Cocteau est un artiste aux multiples facettes, un « touche-à-tout ». Son originalité et son envie de créer ne l'arrêtent plus.
Dans les années 30, Jean Cocteau aurait eu une liaison avec la princesse Nathalie Paley, fille morganatique d'un grand duc Russe, elle-même issue d'un milieu modeste, actrice et modèle. Elle aurait été enceinte, mais la grossesse n'aurait pu être menée à son terme. Le couple sombre alors dans la dépression. Jean Cocteau évoque la fausse couche de Nathalie dans Le passé défini. Cependant, Cocteau ayant initié la princesse à l'opium, il se peut qu'il y ait eu des répercussions dues à cette drogue sur la grossesse.
Plus tard, Jean Cocteau expérimente une relation homosexuelle avec le peintre Jean Crotti, qui est le mari de Suzanne Duchamp. Durant cette période il noue aussi des relations avec Marcel Duchamp, malgré l'opposition d'André Breton. Vers 1933, Cocteau fait la connaissance de Marcel Khill qui devient son compagnon et joue, à sa création, le rôle de la pièce de théâtre du messager de Corinthe dans La Machine infernale. Par la suite ils font ensemble un tour du monde en 80 jours qui est relaté par Jean Cocteau dans Mon Premier Voyage. Mais c'est bien sûr la rencontre avec Jean Marais qui va transformer le destin de Jean Cocteau. Même si c'est auprès d'Édouard Dermit, qu'il termina sa vie.
L’entre-deux-guerres devait être pour Jean Cocteau est une période d’intense créativité. Engagé comme ambulancier pendant la Première Guerre mondiale, il se lia d’amitié avec Apollinaire. Il collabore avec des musiciens tels Érik Satie et Darius Milhaud, comme avec des peintres célèbres.En 1940, un grand succès avec une pièce écrite à l'attention d'Édith Piaf. Picasso et Coco Chanel font aussi partie de son cercle pour la création de divers projets. Jean Cocteau est un ami de la majeure partie de la communauté européenne des artistes. Il est ouvertement homosexuel tout en ayant de brèves aventures indécises et compliquées avec des femmes. L'opium, sera tapie toujours dands l'ombre, compagne capriceuse et dangereuse, une lutte durant toute sa vie d'adulte.
Jean Cocteau est célèbre et reconnu par ses pairs. Il est élu à l’Académie française le 3 mars 1955 au fauteuil de Jérôme Tharaud, par 17 voix contre 11 à Jérôme Carcopino. Reçu le 20 octobre 1955 par André Maurois, Cocteau décrivait la Coupole comme « quelque grotte sous-marine, une lumière quasi surnaturelle d’aquarium et sur des gradins en demi-cercle, quarante sirènes à queues vertes et à voix mélodieuses ».
Légende : la maison de Milly la forêt et son jardin
Ancienne dépendance du château, la maison, autrefois appelée maison du Gouverneur attire Jean Cocteau come un aimant. Au milieu de deux tourelles à 2 couleurs, sa façade est de style Louis XIII. La façade sur rue et la toiture correspondante ont été inscrites en 1969 à l’inventaire supplémentaire des Monuments historiques. La maison Cocteau abrite des meubles anciens, des objets d’arts, des œuvres de Picasso, Bérard, Warhol, Modigliani, Man Ray... Le poète y est enterré et son âme plane entre dessins, fresques et jardin. Aujourd'hui rénovée elle se visite et consititue l'un des rares testament ouvert d'un écrivan-poète-artiste total..
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>Lire notre dossier Sur les pas de Jean Cocteau
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