Sur quatre jours selon la même formule que celle inaugurée l’année dernière, le salon du livre de Paris confirme son évolution autour de cinq thématiques dont un hommage à la littérature japonaise qui pose la question de comment écrire après Fukushima ?
Il y a moins d'une semaine, le 11 mars dernier le monde entier se souvenait de la triple catastrophe de Fukushima. Un an après, la France à travers le salon du livre de Paris, rend hommage à ce pays dévasté qui a su rester d'une dignité remarquable face au déchaînement des éléments.
Cette attitude très caractéristique de la philosophie asiatique est une leçon pour le monde entier.
D'Hiroshima à Fukushima, la littérature japonaise est marquée par des événements d'une violence inouïe qui ont décimé des populations entières et engendré des territoires infectés et invivables.
La littérature du pays du soleil levant s'élève comme un immense cri dans cet horizon d'angoisse et de vertige que décrit très bien le romancier français Jean Philippe Toussaint dans son ouvrage Faire l'Amour ou encore la cinéaste Sofia Coppola dans son film Lost in Translation.
A tout moment la terre peut trembler au Japon. Cet état de fait semble aussi bien ancré dans le quotidien que dans le principe créatif. Ainsi, à la violence qui découle de cette angoisse permanente s'allie une forme de poésie, s'inscrivant peut-être dans la conscience permanente de l'idée d'éphémère.
Aussi, les immeubles sont construits de telle manière qu'ils peuvent se plier au gré des secousses. Tout est en permanence en mouvement.
Est-ce encore pour cela que dans le dernier numéro du Magazine Littéraire consacré à la littérature japonaise, on peut lire que depuis 1980 une nouvelle génération d'écrivains s'affirme délaissant "les règles complexes de la langue écrite au profit d'un style désinvolte, androgyne, imprégné de pop culture qui créé une proximité inhabituelle avec le lecteur même lorsque celui-ci habite à l'autre bout de la planète. "
Est-ce encore pour cela que le manga né dans le courant des années 70 a dépassé de loin le phénomène d'édition? Il se déploie dans des quantités de disciplines et fascine par sa capacité à prendre des formes diverses.
Depuis le 11 mars 2011, les écrivains japonais se demandent comment écrire aujourd'hui souligne le rédacteur en chef de la revue Schinchô Yutaka Yano dans l'article de l'Express. La catastrophe peut alors s'appréhender aussi bien comme une fin que comme un nouveau début. Et Yutaka Yano de noter que " c'est la fin de la littérature moderne au Japon. Les catastrophes inattendues ébranlent fortement la créativité, elle est en crise. Mais d'une certaine manière, c'est une chance pour elle".
Cette réflexion fait écho à l'espoir de M.Fukushima qui se considère selon l'article de Tristan Savin "comme un poète politiquement engagé, proche d'Allen Ginsberg et des beatniks" nourrit l'espoir en clamant que "seules la parole et la poésie peuvent faire avancer les choses." et que "l'écrivain japonais a compris l'importance du cri de l'homme".
Parmi eux se distingue Philippe Picquier qui a fait découvrir au public français quantité d’écrivains japonais dont Ryu Murakami.
Venu à la littérature japonaise comme un simple profane, il note que les Japonais "ont la conscience de faire partie d’un monde habité par des forces et des esprits, dont ils ne sont qu’un élément et avec lequel ils doivent se trouver en harmonie. Ce qui explique la vénération que continuent de susciter les plantes, les pierres et les phénomènes tels que le vent, la pluie, le tonnerre ou encore les tremblements de terre."
La littérature japonaise donne beaucoup d’importance au détail et à la nuance et décrit souvent un monde flottant, où l’on avance entre le réel et la fiction comme sur un tapis roulant avec un sentiment très fort de l’éphémère souligne encore Philippe Picquier.
La dernière grande découverte de Philippe Picquier est l’auteur Hideo Furukawa qui se revendique comme l’héritier du grand Murakami. Il sera présent au salon du livre. Il tentera de combler l'absence très regrettée de Murakami
Le choix du Salon de livre d'avoir cette année comme ville invitée Moscou a d'autant plus de signification si on suit les mots du récent article de l'Express où l'on lit que les auteurs russes plaisent aux écrivains japonais "pour leur vision continentale et leur rapport à la vie quotidienne".
Si les rapports entre ces deux pays ont toujours été complexes, ces liens par la littérature sont d'autant plus intéressants à considérer.
Divers débats se tiendront sur le rôle et la place de la littérature dans la nouvelle Russie et particulièrement à Moscou, cette ville, centre névralgique et foyer de nouveautés, de renouveau et de dynamisme. Cette invitation est liée à la saison "France Russie 2012, langues et littératures".
On pourra rencontrer Boris Akounine ou encore Iouri Mamleev, considéré par ses cadets comme l’un des auteurs vedettes de la littérature russe contemporaine mais encore Lev Rubinstein ou Olga Slavnikova, auteur de 2017 paru chez Gallimard en 2010.
A noter également quelques rendez vous à ne pas manquer : la rencontre autour de Pasternak vendredi 16 mars de 17h à 18h où Dmitri Bykov évoquera avec Hélène Henry, traductrice de la biographie, la figure de cet immense auteur.
Il sera aussi question d’une réflexion autour de la Russie du XXIème siècle samedi 17 mars de 19h à 20h. Cette dernière sera-t-elle celle du retour du refoulé, des sujets tabous de l’histoire et de la peur d’un éternel recommencement en 2017 ? Le débat sera animé par Olga Slavnikova et Leonid Guirkovitch.
Pour la première fois, le Salon du livre consacre un espace dédié aux livres de collection et aux métiers d'illustration. Le savoir faire et l'artisanat sont à l'honneur comme une manière de célébrer le livre comme un objet rare.
Aussi à l'heure du numérique et précisément à ce moment présent le livre rare prend une plus grande signification. L'espace dédié aux livres rares nommé Trésors de livres exposera des merveilles du papier imprimé. Valérie Lejeune dans un article passionnant paru dans Le Figaro Magazine décrit ce salon de 600m2 dans le salon comme ayant l'ambition d'être une sorte de respiration à la gloire de ce que l'édition a toujours proposé de plus rare et de plus précieux depuis Gutemberg jusqu'à l'ère numérique." Parmi les merveilles, le visiteur trouvera des fac similés des Fleurs du Mal de Baudelaire illustrées par Alain Bonnefoit ou encore proposé par le Musée des Lettres et Manuscrits une exposition d'écrits rares sur le cinéma où se cotoireont Cocteau, Pagnol et Prévert
Le salon du livre a choisi de mettre à l’honneur le métier d’illustrateur en organisant un concours de création de carton d’invitation à la soirée du vernissage . C’est l’illustration Origami créée par Elena Bucher qui a été choisie par le jury présidé par Antoine Gallimard.
Comme chaque année, le salon du livre de Paris est l'occasion pour le public de rencontrer les auteurs. Parmi les écrivains très attendus de cette édition 2012, notons la venue de Kenzaburô Ôé, Russell Banks, Milena Agus, Delphine de Vigan, Alain Mabanckou, Morgan Sportes ou en littérature jeunesse Sophie Audouin Mamikonian.
C'est aussi l'occasion de découvrir des auteurs plus confidentiels. Parmi eux, notons la venue de Pia Petersen, lancée par le très regretté Hubert Nyssen, fondateur d'Actes Sud, qui nous a quittés cette année qui présentera en avant première son dernier livre Le chien de Don Quichotte publié aux éditions La Branche dans la collection vendredi 13. Cette femme écrivain d'origine danoise a choisi d'écrire uniquement en français. Elle présentera et signera son livre samedi 17 mars de 14h30 à 16h30 sur le stand R 77. A découvrir de toute urgence!
Salon du Livre de Paris,
Du vendredi 16 au lundi 19 mars 2012
Vendredi 16 et Samedi 17 mars de 10h à 21h
Dimanche 18 mars de 10h à 20h
Lundi 19 mars: matinée réservée aux professionnels du livre: 9h-13h
Ouverture au public: 13h-19h
Tarifs, Entrée: 9,50€
Pia Petersen, Le chien de Don Quichotte, La Branche, Vendredi 13
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