Chronique de Sarah Sauquet

« La vie meilleure » d'Étienne Kern : hommage à la pensée positive du Dr Coué

« La vie meilleure »(Gallimard) d'Étienne Kern est une des belles surprises de la rentrée littéraire. Le jury du prix Goncourt tout comme celui du prix Renaudot ont même sélectionné ce livre dans leur première liste. C'est dire si le destin du Dr Coué, chantre de la pensée positive, tel que raconté avec sensibilité et subtilité par l'auteur des Envolés, a de quoi séduire. Sarah Sauquet nous explique pourquoi.

Il y a bientôt 10 ans, quand je tombe enceinte, je n’ai qu’une certitude : je veux être « une maman gaie et courageuse ». Allergique aux « quand on veut, on peut » et autres morales de chanteur populaire, ne croyant que ce que je vois, je n’imagine rien, ne me projette pas. Ma fille venue au monde, je découvre une joie telle que je rejoins les compagnons du devoir de gaieté, et depuis, je force ma nature et érige ma cathédrale. Il y a en elle quelque chose d’Émile Coué.

Le destin d'Émile Coué qui a surfé sur « le besoin d'aller bien »

Puisque les plus grands imposteurs, gourous et camelots transpirent des douleurs muettes, il fallait toute la sensibilité d’un Étienne Kern pour raconter, dans « La vie meilleure », le destin d’Émile Coué, ce pharmacien de Troyes qui, à force de gesticuler devant un père qui ne le regardait pas, inventa, au début du XXe siècle, sa fameuse méthode, ce remède qu’on n’attendait plus et qui s’imposa durant la Grande Guerre en s’appuyant sur la poule aux œufs d’or du moment : le besoin d’aller bien. Coué, c’est le faux filou et vrai « people pleaser », un croisement entre Homais et Steve Jobs, la loi de l’attraction avant l’heure, l’infini à la portée des espérances en friche.

Entre un style superbe et un ton plein d'élan

Le style est superbe, le ton plein d’élan dans sa délicatesse à pointer fleurs et arbres, et renouveau mallarméen. Par-delà l’étonnante trajectoire, on devine l’autoportrait en creux et un hommage de l’auteur à son épouse Anne Boquel, car c’est bel et bien Étienne qu’on retrouve dans cet Émile qui, porté par l’amour de Lucie, prend des trains dans lesquels l’attendent ceux qui l’espèrent, offre ce qu’il a reçu, aide les âmes à accoucher de ce qu’elles ont toujours tu, grâce au pouvoir de l’imagination.

Un livre merveilleux

Ce livre merveilleux et dont les derniers mots m’ont bouleversée est un bouquet à déposer sur les tombes de nos parrains, marraines, et envolés.
Motif récurrent et impassible manège, la neige y enveloppe nos maux d’amour, plaie, blessures et agonies du manteau de l’optimisme.

A propos de « La vie meilleure » d'Étienne Kern

« Nous sommes la somme de nos amours. Et c’est la seule chose qui restera de nous. »
On l’a comparé à Gandhi, à Einstein, à Lénine. Des foules l’ont acclamé. Des milliardaires lui ont tapé sur l’épaule. Les damnés de la terre l’ont imploré. Aujourd’hui, son nom nous fait sourire, tout comme son invention : la méthode Coué.
Singulier destin que celui d’Émile Coué, obscur pharmacien français devenu célébrité mondiale, tour à tour adulé et moqué. La vie meilleure retrace l’histoire de ce précurseur du développement personnel qui, au début du XXe siècle, pensait avoir découvert les clés de la santé et du bonheur. Un homme sincère jusque dans sa roublardise, qui croyait plus que tout au pouvoir des mots et de l’imagination.
Avec ce roman lumineux aux accents intimes, Étienne Kern rend hommage à ceux qui cherchent coûte que coûte une place pour la joie.
> « La vie meilleure » d'Étienne Kern, Gallimard, 192 pages, 19,50 euros >> Pour acheter le livre, cliquer sur ce lien
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