Après Delphine de Vigan qui obtiendra le prix Renaudot 2016 ? Cinq finalistes au titre du roman : Adélaïde de Clermont-Tonnerre, Régis Jauffret, Simon Liberati, Yasmina Reza, Leila Slimani. Et un seul gagnant le 3 novembre...
La dernière sélection est composée d’Adélaïde de Clermont-Tonnerre, Le dernier des nôtres (Grasset), Régis Jauffret, Cannibales (Seuil), Simon Liberati, California girls (Grasset), Yasmina Reza, Babylone (Flammarion), Leila Slimani, Chanson douce (Gallimard).
L’histoire : « La première chose que je vis d’elle fut sa cheville, délicate, nerveuse, qu’enserrait la bride d’une sandale bleue… » Manhattan, 1969 : un homme rencontre une femme. Dresde, 1945 : sous un déluge de bombes, une mère agonise en accouchant d'un petit garçon. Avec puissance et émotion, Adélaïde de Clermont Tonnerre nous fait traverser ces continents et ces époques que tout oppose : des montagnes autrichiennes au désert de Los Alamos, des plaines glacées de Pologne aux fêtes new-yorkaises, de la tragédie d’un monde finissant à l’énergie d’un monde naissant... Deux frères ennemis, deux femmes liées par une amitié indéfectible, deux jeunes gens emportés par un amour impossible sont les héros de ce roman tendu comme une tragédie, haletant comme une saga. Vous ne dormirez plus avant de découvrir qui est vraiment « le dernier des nôtres ».
L’auteur : Adélaïde de Clermont-Tonnerre est née en 1976 à Neuilly Sur Seine. Elle est journaliste et romancière française. Ancienne élève de l'École normale supérieure de Fontenay-Saint-Cloud, elle commence sa carrière dans les secteurs de la banque et de la finance en France et à Mexico, avant de prendre la décision de se réorienter vers le journalisme. Elle est aujourd'hui directrice de la rédaction à Point de vue. Son premier roman, « Fourrure », publié en 2010, dans la collection bleue des éditions Stock, a reçu le prix Maison de la presse, le Prix Françoise-Sagan, le prix Bel Ami, le Prix du Premier Roman de Femme et l'un des Prix littéraires Les Lauriers Verts 2010, en catégorie révélation. Ce roman a également été finaliste du Prix Goncourt du premier roman et sur la liste d'été du prix Renaudot. Elle participe également à plusieurs émissions de télévision sur France 2 et Paris Première.
Pourquoi il a ses chances : Ce roman est une jolie fresque historique qui croise Seconde Guerre mondiale et les années 70 en Amérique sur un fond de secret et de romance. « Le dernier des nôtres » est un de ces romans envoutants et prenants que l’on ne peut plus lâcher. La manière dont l’auteur alterne deux atmosphères totalement opposées est très intéressante. Les différentes tonalités se succèdent avec harmonie et on passe du drame de la guerre à l'humour et la vivacité de Walter sans aucun problème. Adélaïde de Clermont-Tonnerre parvient très facilement à faire voyager son lecteur à travers les époques. Un autre point fort de ce roman ; ses personnages, l'auteur a su les rendre extrêmement attachants et marquants de par leurs parcours inoubliables. Mais, gros hic : le livre a déjà reçu le prix de l'Académie Française... IL est probable que les jurés ne le choisissent pas pour cette raison....
L’auteur : Né en 1955 à Marseille, Régis Jauffret s'est imposé comme l'une des voix de la littérature contemporaine française. Qualifié d'écrivain de la folie et de la cruauté il écrit des œuvres parfois inspirées de faits divers. Ses romans lui ont valu de recevoir de nombreux prix, comme le prix Décembre pour "Univers, univers" (2003), le prix Fémina pour "Asiles de fous" (2005), ou encore le prix France Culture/Télérama pour ses fameuses "Microfictions".
L’histoire : Noémie est une artiste peintre de vingt-quatre ans. Elle vient de rompre avec Geoffrey, un architecte de près de trente ans son aîné avec qui elle a eu une liaison de quelques mois. Le roman débute par un courrier d’elle adressé à la mère de cet homme pour s’excuser d’avoir rompu. Un courrier postal plutôt qu’un courrier numérique qu’elle craindrait de voir piraté. Une correspondance se développe entre les deux femmes qui finissent par nouer des liens diaboliques et projeter de dévorer Geoffrey. Les deux femmes sont des amoureuses passionnées. La vieille dame a donné à son fils le prénom du seul homme qu’elle n’ait jamais aimé, mort accidentellement avant son mariage. Noémie est une « collectionneuse d’histoires d’amour », toujours à la recherche de l’idéal tandis que Geoffrey s’efforce sans succès d’oublier cette amante qu’il a adorée.
Pourquoi il a ses chances : « Cannibales » ne laissera personne indiffèrent. Cette docufiction, sous forme épistolaire, enchaine les lettres pleines de passion d’amour et de haine. Ce livre décrit parfaitement le cynisme des relations humaines. L’auteur manie avec brio les métaphores et le rythme déroutant. Que l’on aime ou non ce genre de récit cruel l’écrivain arrive à interpeller le lecteur de par la beauté de sa plume. Ce style si particulier fait, de Régis Jauffret, sa singularité.
L’auteur : né à Paris en 1960, Simon Liberati est un écrivain français. Il a publié un premier roman "Anthologie des apparitions" sur le thème de l'adolescence en 2004, puis "Nada exist" en 2007 en brossant un personnage de photographe de mode qui passe des paillettes et de la célébrité à la dérive. Son troisième ouvrage intitulé "L’hyper Justine" est un roman "sadien" qui mêle escroc, prostituée et création cinématographique. Il a été couronné par le Prix de Flore 2009 présidé par Frédéric Beigbeder, ami de l'auteur. En 2011, il publie aux éditions Grasset son quatrième roman "Jayne Mansfield 1967", dans la collection "Ceci n'est pas un fait divers", un récit dans lequel il retrace le destin tragique de l'actrice. L'ouvrage est récompensé par le prix Femina le 7 novembre 2011. En janvier 2013, il publie, chez Flammarion, "113 études de littérature romantique" et en 2015 "Eva"(Prix Transfuge du meilleur roman français).
L’histoire : "En 1969 j'avais neuf ans. La Famille Manson est entrée avec fracas dans mon imaginaire. J'ai grandi avec l'image de trois filles de vingt ans défiant les tribunaux américains, une croix sanglante gravée sur le front. Le contraste entre leur jeunesse et ce qu'on leur reprochait fut ma première confrontation au mal. Des droguées... voilà ce qu'on disait d'elles, des droguées qui avaient commis des crimes monstrueux sous l'emprise d'un gourou qu'elles prenaient pour Jésus-Christ. Ce fait divers a marqué un tournant historique : la fin de l'utopie des années 60. California Girls couvre trente-six heures de la vie de la Famille Manson au moment où elle passe à l'acte. Mon but a été que tout paraisse aller de soi comme dans un roman alors que le moindre geste s'est vraiment accompli il y a bientôt cinquante ans. J'ai écrit cette histoire le plus simplement possible pour exorciser mes terreurs enfantines et j'ai revécu seconde par seconde le martyre de Sharon Tate."
Pourquoi il a ses chances : C’est un récit glaçant qui nous donne une relecture des meurtres commis par les hippies à la solde de Manson en 1969, comme un voyage sauvage, terrible et fascinant. Le livre est remarquablement bien documenté sur les sociétés hippies des années 60 et sur les personnages. Le style est d'une noirceur impériale, fascinant et addictif. Il nous interpelle aussi sur les mécanismes de la servitude volontaire, sur toute forme d’embrigadement dont chaque époque y compris la notre est possible. Simon Liberati sonde avec un talent fou ce qui se passe dans la tête des protagonistes. Un récit à nous donner des sueurs froides... On ne ressort pas indemne d'un tel roman.
L’auteur : Yasmina Reza est une femme de lettres et actrice française, née en 1959 à Paris. Réfugiés en France, ses parents ont fuit la dictature soviétique. Yasmina Reza étudie le théâtre et la sociologie à l'université de Nanterre. C’est une auteure contemporaine dont la production est très variée (théâtre, récits, romans). Sa œuvre est empreinte d'un pessimisme voilé d'humour. Ses pièces mettent souvent en scène des personnages contemporains, qui reflètent les défauts et le ridicule de nos sociétés. La pièce « Art » (1994) connaît un succès immédiat en France et aux Etats-Unis, récompensée en 1995 par le Molière. En 2008, elle met en scène sa nouvelle pièce, Le Dieu du carnage, au Théâtre Antoine. En 2009, elle porte au grand écran sa propre pièce de théâtre Une pièce espagnole (qui devient Chicas au cinéma). Yasmina Reza a obtenu de prestigieuses récompenses et notamment les deux prix anglo-saxons les plus réputés : deux Laurence Olivier Award (Royaume uni) et deux Tony Award (États-Unis) pour « Art » (1998) et Le Dieu du Carnage (2009).
L’histoire : « Tout le monde riait. Les Manoscrivi riaient. C'est l'image d'eux qui est restée. Jean-Lino, en chemise parme, avec ses nouvelles lunettes jaunes semi-rondes, debout derrière le canapé, empourpré par le champagne ou par l'excitation d'être en société, toutes dents exposées. Lydie, assise en dessous, jupe déployée de part et d'autre, visage penché vers la gauche et riant aux éclats. Riant sans doute du dernier rire de sa vie. Un rire que je scrute à l'infini. Un rire sans malice, sans coquetterie, que j'entends encore résonner avec son fond bêta, un rire que rien ne menace, qui ne devine rien, ne sait rien. Nous ne sommes pas prévenus de l'irrémédiable. »
Pourquoi il a ses chances : Il s’agit d’un huis clos bien dans la tradition de ses livres précédents. C’est un roman qui oscille entre deux pôles : la satire sociale et le polar. Une soirée « bobo » où l’auteure dresse les portraits des convives comme autant de caricatures savoureuses au cours de laquelle un drame couve. Après les mots pour rire, les mots qui blessent, et enfin les gestes qui tuent. Comme dans la plupart de ses oeuvres, on retrouve le sens de la formule de Reza et cette façon à la fois ironique et amère de mettre le doigt sur les absurdités de nos existences finalement si ordinaires. Mais pour la première fois l’auteure fait une petite incursion vers le roman policier avec cette soirée entre voisins a priori bien intentionnés qui vire au tragique. Babylone se lit avec plaisir, grâce à la plume aiguisée et tranchante de l'auteure.
L’auteur : Née à Rabat en 1981, Leïla Slimani est une journaliste et écrivain franco-marocaine. Diplômée de l'Institut d'études politiques de Paris, elle s'essaie au métier de comédienne (Cours Florent), puis se forme aux médias à l'École supérieure de commerce de Paris. Elle est engagée au magazine Jeune Afrique en 2008 et y traite des sujets touchant à l'Afrique du Nord. En 2014, elle publie son premier roman chez Gallimard, "Dans le jardin de l'ogre". L'ouvrage est proposé pour le Prix de Flore 2014.
L’histoire : Lorsque Myriam, mère de deux jeunes enfants, décide malgré les réticences de son mari de reprendre son activité au sein d'un cabinet d'avocats, le couple se met à la recherche d'une nounou. Après un casting sévère, ils engagent Louise, qui conquiert très vite l'affection des enfants et occupe progressivement une place centrale dans le foyer. Peu à peu le piège de la dépendance mutuelle va se refermer, jusqu'au drame.
Pourquoi il a ses chances : Bouleversant et captivant, voilà les deux adjectifs qui qualifient le mieux le roman de Leila Slimani. L’écrivaine a le sens du récit et sait scotcher son lecteur. Son style est simple, singulier et parfaitement travaillé ce qui permet de dévorer le livre en très peu de temps. Le lecteur est captivé du début à la fin avec un suspense qui ne faiblit jamais. Ne vous laisser pas abuser par ce titre si doux, car le contenu de cette œuvre est glaçant. Ce thriller psychologique est d'autant plus réussi car le livre ne juge pas et laisse le lecteur dans l'inconfort.
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