« Les Mobilisés », tome 1 d’ « Absolu » de Margot Dessenne : dystopie futuriste et roman d’anticipation

Un fascinant roman à la Hunger Games

Cet ouvrage est à la croisée de Hunger Games, le célébrissime roman de Suzanne Collins et du Labyrinthe, de James Dashner. Il partage par cette même propension à envoyer de jeunes adultes dans des zones mortelles, soit pour distraire un public vicié, soit pour trouver remède à un virus mortel, soit, dans le cas des Mobilisés, pour débarrasser la surface de la terre d’un être monstrueux, enfermé dans les ruines d’une ville déchue. Ces romans possèdent une aptitude remarquable à suivre les personnages dans leur tentative de survie dans ces mondes déstructurés. C’est ce que fait avec brio Margot Dessenne, autrice, podcasteuse et entrepreneure française. Diplômée en marketing et en communication, elle déclare aider les jeunes auteurs à vivre de leur passion par le biais de son podcast, d’ateliers et de ressources en ligne. La jeune femme raconte écrire depuis l’âge de dix ans et avoir tenté vainement d’écrire une trentaine de romans qui n’ont jamais dépassé le chapitre cinq. Absolu, Tome 1 : Les Mobilisés est ainsi son premier roman, et le succès est au rendez-vous, avec une trame palpitante et des personnages hors du commun.

Les Mobilisés : un tome 1 prometteur

Sur les ruines de l’ancienne Pologne se dresse aujourd’hui la cité d’Erit, ville d’apparence paisible et portée vers l’avenir. Prym et Joanna, deux jeunes étudiants respectivement en académie militaire et en médecine, voient leur vie basculer le jour où ils sont sélectionnés pour être envoyés dans la Zone. La Zone, c’est le nom donné à ce qui fut un jour Varsovie, capitale rayonnante, maintenant territoire ravagé et habité par la plus dangereuse créature jamais créée par l’Homme, la Chose. Entourée de murs gigantesques, la Zone a déjà accueilli dix-neuf générations de Mobilisés avant Prym et Joanna, soit presque deux-mille personnes qui n’en sont jamais ressorties.

Car les Mobilisés n’ont qu’une mission : vaincre la Chose à tout prix. Mais alors que Prym et Joanna font leur entrée dans la Zone, et au gré des rencontres, des alliances et des complots qu’ils traversent, ils se rendront vite compte que la Chose n’est peut-être pas le véritable monstre…

A l'instar des Hunger Games et du Labyrinthe, ou encore à l’image de la célèbre série The 100, ce nouveau roman propulse ces jeunes face à leur destin, dans un monde où les Grands ont abandonné tout espoir et envoient la jeunesse en pâture, face à ce qui semble être la pire crise jamais traversée par l’Humanité.

Un monstre plus humain que certains humains

« Les doutes m’assaillaient à chaque pas que je faisais, à chaque fois que je cherchais le sommeil, à chaque mort sur mon passage. On m’avait dit de ne pas douter, mais ça devenait de plus en plus difficile. Etais-je Thésée face au Minotaure, ou Atlas portant une vérité qu’il ne pouvait plus voir ? » -M.D

Car à peine entré dans la Zone, Prym se fait remarquer. Alors qu’il se retrouve face à face avec la Chose, véritable machine à tuer, cette dernière se met à lui parler, puis l’épargne. Le Miraculé. Mais au fond, cet être bestial créé dans les sous-sols d’un laboratoire de Varsovie, et dont le but premier était la recherche et le développement, n’a-t-il pas une conscience ? Ne serait-il pas seulement un être affreusement solitaire, enfoui dans les recoins d’un corps mécanique ? Et quel est cet étrange pouvoir que Prym développe inconsciemment, le rendant capable de produire des champs de forces et boucliers de protection d’une immense puissance ? Entre intelligence artificielle et mutations génétiques, la Zone est loin d’avoir dévoilé tous ses secrets…

Des personnages divers et enrichissants

« Tu n’es pas seulement capable de faire pousser de petites fleurs ; tu pourrais ravager le monde avec ta colère et ta haine, si tu acceptais qu’elles font partie de toi. » -M.D

Le roman touche également par ses multiples prises de position, alternant les points de vue de Prym, Joanna, Edward le jeune intellectuel soucieux de se faire une place, Aleksander le redoutable leader du plus puissant clan de la Zone, Zuzanna l’errante sourde, ou encore Lise l’implacable cheffe de faction ou Olimpia la fille aux mains de feu. Les différents personnages, essaient tous tant bien que mal de survivre au mieux avec leur passé, leurs challenges et leurs démons, captivent le lecteur et permettent une vision périphérique d’une histoire complexe et d’une trame bien ficelée. L’intrigue est multiple dans Les Mobilisés, et c’est un véritable puzzle à reconstituer qui se joue sous les yeux du lecteur.

Des objectifs très différents

Alors que le lecteur pourrait à première vue penser qu’une fois dans la Zone, tous les Mobilisés se seraient réunis autour de l’objectif commun de pulvériser la Chose, seul moyen pour le mur de s’ouvrir, et d’être enfin libres de nouveau, il s’avère que la réalité de cette ancienne capitale, aujourd’hui abandonnée est toute autre. Véritable guerre des clans, la Zone voit s’opposer les Conquérants, rassemblant l’essentiel des Mobilisés dans une base guerrière, aux Wilis, prêtresses et guerrières au corps peint et vénérant la Chose, ainsi que l’Ordre Nouveau et son armée de guerriers recouverts de cendres. Les personnages eux-mêmes suivent au fur et à mesure du récit leur propre chemin, par soif de vengeance par exemple pour Aleksander, promesse sacrée pour Prym, besoin de connaissances pour Edward,… Les caractères se forgent et les psychologies personnelles évoluent, ce qui rend la saga encore plus intéressante au tome suivant.

Un melting-pot de dystopie et de fantasy

« Des premières générations, il ne reste presque plus personne. La Zone contient plus de morts que de vivants. » -M.D

Absolu, tome 1 : Les Mobilisés regroupe tous les ingrédients essentiels à une dystopie digne de celles de Veronica Roth ou James Dashner, avec ce côté fantasy lié aux pouvoirs que développent certains Mobilisés une fois dans la Zone, qui, s’ils survivent au long et douloureux processus de transformation de leur corps, deviennent des Accomplis capables de contrôler la végétation, lire l’avenir ou encore faire de leur enveloppe corporelle une armure impénétrable.

Margot Dessenne montre avec ce premier roman une imagination débordante et un souci de créer une histoire cohérente et où l’on ne s’ennuie jamais. Le lecteur se perd dans la Zone et fait des rencontres inattendues, de même qu’il découvre des révélations et secrets enfouis, avant de finir le roman sur un cliffhanger ne demandant qu’une chose : avoir la suite entre les mains.

>Margot Dessenne, Absolu, Les Mobilisés, éditions Castelmore/ BigBang, 540 pages, 25 euros. >> Pour acheter ce livre, cliquer sur ce lien