Les tribulations d’Adèle Blanc-Sec

Adèle et ses histoires

A Paris, au début du XXème siècle sévit une jeune écrivaine de feuilletons pour journal, qui se prend pour Sherlock Holmes, et qui se conduit comme une madame Sans Gêne pleine de culot… et comme la vie sourit aux audacieux, elle sort souvent victorieuse de ses investigations, nous faisant palpiter devant ses aventures… Les Brigades du Tigre ne sont pas loin, et en 1912, Paris est plein de mystères. L’époque découvre les machines, les voyages … et développe son goût pour la curiosité et le fantastique. Le personnage d’Adèle Blanc-Sec est né sous le crayon de Jacques Tardi, et ses aventures commencent.

L’aventurière au manteau vert

Adèle Blanc-Sec est une aventurière qui porte manteau vert et chapeau « pète-sec » incarne une femme pleine d'entrain, qui ne cesse de résoudre d'affreuses machinations, sans jamais ralentir la cadence : en ce sens elle est forte et moderne,. Jacques Tardi, la qualifie  même de « personnage féminin qui fonctionne comme un personnage masculin ». Rien d’étonnant, si l’on rappelle que le premier tome des aventures, Adèle et la Bête, est paru en 1976, en pleine époque de Women’s lib. C’est probablement cette référence subtile qui explique en partie le succès des  9 tomes de ses aventures : ça a l’air d’être le début du XXème siècle, le fantastique y est « vintage » selon la formule à la mode, les robes sont de la belle Epoque, mais de nombreuses références sentent déjà son bon fin de siècle : Adèle s’habille en homme quand il le faut, elle se comporte en femme libérée qui ne refuse pas un petit verre d’alcool, fume et se réalise dans l’action et non dans la séduction…

Ad-elle sans peur

Et en plus Ad-elle est drôle, malgré elle. On rit de ses aventures : on aime  son imagination débridée dont on ne sait plus, si c’est elle qui provoque les aventures qui lui arrivent ou si ce sont les aventures réelles qui l’inspirent. On aime qu’elle soit une femme qui ne fait pas que rêver au prince charmant… Dans la Bd de Jacques Tardi, les salamandres, les créatures démoniaques, les dinosaures ressuscités du passé, les momies magiques ou les savants fous sont autant de variations qui sont comme des aventures au second degré,  des prétextes à  la connivence du dessin et la complicité. On sourit mais on rêve aussi. Il y a une poésie dans ce mélange de réalisme et de fausse simplicité.

Les grands travaux de Luc Besson

Luc Besson est tombé amoureux d’Adèle. On le comprend. Il aime son audace, autant que sa fantaisie. Alors, quand Luc Besson aime, il ne compte pas. Et quand il s’attaque à un sujet, il s’en donne les moyens. Il  rachète tous les droits et décide de se lancer dans une série de trois films. Le premier qui vient de sortir,  « Les aventures extraordinaires d’Adèle Blanc-Sec » est une adaptation qui fait référence à Momies en folie et Adèle et la Bête.  

Adèle en cinéma-gag 

 La réunion de ces 2 albums conduit au rapprochement des aventures d’Adèle face à une momie et à la naissance d’un jeune dinosaure, deux récits sans grande parenté. Le film veut donner du rythme et enchaîne les gags et les images comme si on se trouvait en mode « rapide ». Las, les aventures d’Adèle l’enquêtrice se perdent dans l’avalanche des gags et des effets… Au point que les péripéties deviennent hors sens. Il manque un peu d’émotion, cette tendresse si particulière qui unit Tardi à son héroïne dans la BD. Cette Adèle sur grand écran nous a  donc laissés un peu « secs.

Espérons que les prochaines adaptations de Luc Besson pour les deux prochains films prévus sauront trouver le juste ton entre humour et aventure. En attendant, retrouvons notre Adèle sur papier et redécouvrons ses aventures extraordinaires avec jubilation. O.P.