A la croisée du Seigneur des Anneaux et de Roméo et Juliette, entre civilisations elfiques et mondes humains, la nouvelle saga Les héritiers d’Uriel d’Alexia Henricksen aux éditions Alter Real promet bien des péripéties. Dans le tome 1, Lyl, le lecteur est happé dans une trame riche en rebondissements, que terminent une fin qui laisse sans voix, et un épilogue intriguant. Analyse.
Les mythes et légendes autour des peuples imaginaires, elfiques en particulier, sont monnaie courante dans les récits fantastiques. On a tous en tête Galadriel du Seigneur des Anneaux, ou encore les nombreuses représentations littéraires et cinématographiques qui inondent nos plateformes. Le souci est ainsi de revisiter cet univers en y amenant un nouveau regard, des intrigues innovantes et du talent d’écriture : c’est ce que prodigue avec succès Alexia Henricksen dans ce premier opus d’une saga prometteuse.
Née en 1995, Alexia est une pure Parisienne, qui n’a quitté sa ville natale que le temps d’un trimestre, afin d’étudier en Irlande ! Cependant, elle ne rate jamais l’occasion de faire ses valises et de voyager : des expériences inspirantes qui, par la duite, nourrissent ses romans. D’aussi loin qu’elle s’en souvienne, raconte-t-elle, elle a toujours eu le nez plongé dans des romans. Au grand dam des économies familiales ! Passionnée d’histoire, elle devient ainsi par la suite professeure d’histoire-géographie. Elle ne peut vivre sans lire et c’est à partir de quinze ans qu’elle décide d’enfin coucher sur le papier les récits qui l’habitent par dizaines, jusqu’à la saga Les héritiers d’Uriel.
Au royaume d’Eänafira, les elfes vivent reclus depuis des millénaires dans les tréfonds de la forêt, obligés de s’exiler pour se cacher des hommes, dont la folie meurtrière les pousse à tuer chaque elfe qu’ils croisent. Des groupes d’hommes spécialisés dans la traque d’elfes, les Chasseurs, dévouent leur existence à occire les elfes et subtiliser leurs territoires.
En effet, créatures magnifiques, immortelles, pouvant soigner toute blessure et vivre en harmonie avec les bêtes, les elfes ont tout pour eux, et particulièrement Lyl, princesse du village de Sÿlviel et fille du roi Uriel. La jeune fille est destinée à un bel avenir, et surtout à trouver son « compagnon de vie », terme sacré chez les elfes désignant leur seul et unique amour, qui les accompagnera durant l’éternité.
Seulement, lorsque le caractère de Lyl la pousse encore une fois aux frontières de la forêt, et qu’elle y rencontre Rhyan, un humain, tous ses préjugés s’écroulent. Il n’est en rien comme les créatures terrifiantes que content les vieux elfes, et éveille la curiosité de la princesse. Mais comment expliquer à son peuple que son compagnon de vie est un homme, un ennemi, qu’elle devrait haïr ? Complots, dangers et luttes intérieures paveront le chemin de Lyl vers un monde plus tolérant, et en paix avec tous les êtres.
« Et si… tous les hommes n’étaient pas aussi mauvais qu’athar le laisse entendre ? » -A.H
Lyl a grandi dans la croyance que les elfes et les humains n’étaient viscéralement pas faits pour s’entendre. Seulement, ce monde en guerre perpétuelle n’est pas la solution, et vivre dans l’hostilité permanente est nocif. Les deux espèces, bien que différentes, partagent néanmoins de nombreuses similitudes, et c’est ce que s’évertue Lyl à répéter à son père au fil du récit. Car briser les traditions ancestrales, spécialement lorsque l’on est une princesse avec autant de responsabilités, engendre une crise qui n’est même plus personnelle, mais dont toute la société se mêle. Rappelant nos propres sociétés et les différents problèmes d’acceptation entre différentes cultures, Les héritiers d’Uriel est une métaphore de l’auteure pour aborder des sujets plus importants, tout en conservant la légèreté d’un roman de fantasy.
Alors que les princesses de roman peuvent se montrer tendres et fragiles, ce n’est surtout pas le cas de Lyl, princesse guerrière au fort caractère qui entend bien mener sa vie comme bon lui semble. Malgré les nombreuses interdictions de son féroce père, la jeune fille s’échappe dès qu’elle peut du village, passant des jours entiers seule dans les bois et chassant le gibier. En véritable symbiose avec la nature. Lyl rappelle à tous son importance et sa beauté, s’émerveillant de chaque petit détail, et ne se sentant bien que dans la forêt. On penserait presque à Sissi l’Impératrice ! Un héroïne forte, au mépris des convenances, qui reste simple et fidèle à elle-même malgré les obligations dues à son rang.
Du premier chapitre à l’épilogue, qui annonce déjà la couleur du tome suivant, vingt-cinq années sont traitées dans un roman complexe et haletant, dont les 322 pages intriguent le lecteur jusqu’au bout. On découvre Lyl évoluer et mûrir, passant de jeune elfe rebelle à guerrière sans merci, princesse romantique et mère passionnée. Le roman amène également quelques chapitres du point de vue de l’humain Rhyan, dont le dilemme est tout aussi dur que pour l’elfe. Doit-il écouter son instinct et continuer à fréquenter l’ennemie, la princesse d’un peuple que les siens chassent et abattent ? Ou doit-il retourner à sa monotone vie de fermier, avec une mère invisible, une épouse qu’il n’a pas choisie et un père violent ? Chaque personnage de ce roman est complexe et nuancé, jusqu’au roi Uriel, souverain d’apparence froide et stricte avec sa fille unique, qui cache en réalité un homme brisé par la perte de sa femme des années plutôt, et la charge d’affronter le monde et d’élever sa fille rebelle seul, puis ses petits-enfants, dont nous continuerons à suivre les péripéties au tome suivant…
>Alexia Henricksen, Les héritiers d’Uriel, Lyl, éditions Alter Real, 323 pages, 22 euros >> Pour acheter le livre, cliquer sur ce lien
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