Milan Kundera vient de s'éteindre à 94 ans. L'immense écrivain d'origine tchèque a traversé l'Histoire européenne du XXe siècle en croyant d'abord aux vertus du communisme avant de s'en éloigner et de s'exiler en France. Il laisse une oeuvre considérable parmi laquelle L'insoutenable légèreté de l'être, son plus célèbre roman. Hommage.
On le savait malade. Il ne donnait plus d'interviews depuis des années. Mais pourtant on avait fini par le croire immortel. L'écrivain tchèque Milan Kundera, auteur de La Plaisanterie et de L'insoutenable légèreté de l'être, est mort le 11 juillet à Paris à l'âge de 94 ans, a confirmé son éditeur français, Gallimard. Ce soir le monde des lettres, n'a ni le cœur à la plaisanterie, ni à la légèreté. Et pourtant, s'il y a bien un écrivain qui revendiquait l'ironie mordante et l'élégance de la pirouette c'était bien lui.
Né à Brno en 1929, Milan Kundera, a émigré en France en 1975 après avoir été frappé de censure et exclu du Parti communiste tchécoslovaque, après le Printemps de Prague en 1968. Exilé en France en 1975, il est naturalisé français en 1981. Il a obtenu le Grand prix de littérature de l'Académie française pour l'ensemble de son œuvre en 2001 et est entré dans la prestigieuse collection La Pléiade en 2011. Il a été traduit dans une cinquantaine de langues. De nombreux autres prix ont couronné son oœuvre parmi lesquels : le Prix Common Wealth Award (1981), le Prix d'Autriche de littérature européenne (1987), le Prix Prix Europa de Littérature (1982), le Prix Jérusalem pour la Liberté (1985), le Prix mondial de la Fondation Simone et Cino del Duca (2009) et le Prix de la Bibliothèque nationale de France (2012).
Peintre sarcastique de la conscience humaine, Milan Kundera a toujours écrit en mêlant le collectif et l'individuel, le politique avec la vie intime, amoureuse, voire érotique. Un jeu du désir et de la raison, souvent placé en regard d'un questionnement philosophique sur les ressorts de la vie.
La Ministre de la Culture, Rima Abdul Malak a immédiatement réagi sur Twitter : « Immense tristesse. Milan Kundera avait choisi la France pour ne jamais cesser d'être libre. Au fil des pages, il nous aidait à découvrir qui l'on est, à trouver un chemin dans l'absurdité du monde. Avec lui, une des plus grandes voix de la littérature européenne s'éteint. »
1. « L'idée m'envahit qu'un destin souvent s'achève bien avant la mort, que le moment de la fin ne coïncide pas avec celui de la mort ... »
La Plaisanterie (1968)
2. « Dans le jeu on n'est pas libre, pour le joueur le jeu est un piège. »
Risibles amours (1970)
3. « Le sens de la vie c'est justement de s'amuser avec la vie. »
Risibles amours ( 1970)
4. « La jeunesse est l'âge féminin de l'homme. »
La Vie est ailleurs (1973)
5. « (...) la beauté est l'étincelle qui jaillit quand, soudainement, à travers la distance des années, deux âges différents se rencontrent. ... la beauté est l'abolition de la chronologie et la révolte contre le temps. »
Le Livre du rire et de l'oubli (1979)
6. « Si quelque chose m'a toujours profondément écœuré chez l'homme, c'est bien de voir comment sa cruauté, sa bassesse et son esprit borné parviennent à revêtir le masque du lyrisme. »
La valse aux adieux (1976)
7. « Toute la vie de l'homme parmi ses semblables n'est rien d'autre qu'un combat pour s'emparer de l'oreille d'autrui. »
Le Livre du rire et de l'oubli (1979)
8. « Moi aussi j'ai dansé dans la ronde. C'était en 1948, les communistes venaient de triompher dans mon pays, et moi je tenais par la main d'autres étudiants communistes… Puis un jour, j'ai dit quelque chose qu'il ne fallait pas, j'ai été exclu du parti et j'ai dû sortir de la ronde. »
Le livre du rire et de l’oubli (1979)
9. « Que pouvons-nous demander de plus que d'être heureux un instant ? »
Jacques et son maître ( 1981)
10. « La tristesse était la forme, et le bonheur le contenu. Le bonheur emplissait l'espace de la tristesse. »
L'insoutenable légèreté de l'être (1984)
11. « Le rêve est la preuve qu'imaginer, rêver ce qui n'a pas été, est l'un des plus profonds besoins de l'homme. »
L'insoutenable légèreté de l'être (1984)
12. « Ce sont les interrogations auxquelles il n'est pas de réponse qui marquent les limites des possibilités humaines et qui tracent les frontières de notre existence. »
L'insoutenable légèreté de l'être (1984)
13. « Qui cherche l'infini n'a qu'à fermer les yeux ! »
L'insoutenable légèreté de l'être (1984)
14. « La Vérité totalitaire exclut la relativité, le doute, l'interrogation et elle ne peut donc jamais se concilier avec ce que j'appellerais l'esprit du roman. »
L'art du roman (1986)
15. « (...) composer un roman c'est juxtaposer différents espaces émotionnels, et que c'est là, selon moi, l'art le plus subtil d'un romancier. »
L'art du roman (1986)
16. « Ce n'est, d'ailleurs, peut-être, que la brièveté de la vie qui empêche les artistes de comprendre jusqu'au bout la vanité de leur travail et d'organiser à temps l'oubli et de leur œuvre et d'eux-mêmes. »
Les testaments trahis (1993)
17. « La seule chose que je désirais […] profondément, avidement, c’était un regard lucide et désabusé. Je l’ai trouvé enfin dans l’art du roman. C’est pourquoi être romancier fut pour moi plus que pratiquer un "genre littéraire" parmi d’autres ; ce fut une attitude, une sagesse, une position ; une position excluant toute identification à une politique, à une religion, à une idéologie, à une morale, à une collectivité ; une non-identification consciente, opiniâtre, enragée, conçue non pas comme évasion ou passivité, mais comme résistance, défi, révolte. J’ai fini par avoir ces dialogues étranges : "Vous êtes communiste, monsieur Kundera? — Non, je suis romancier." "Vous êtes dissident? — Non, je suis romancier." "Vous êtes de gauche ou de droite? — Ni l’un ni l’autre. Je suis romancier." »
Les testaments trahis (1993)
18. « L'homme désire l'éternité mais il ne peut avoir que son ersatz: l'instant de l'extase. »
Les testaments trahis (1993)
19. « L'amitié est indispensable à l'homme pour le bon fonctionnement de sa mémoire. Se souvenir de son passé, le porter toujours avec soi, c'est peut-être la condition nécessaire pour conserver, comme on dit, l'intégrité de son moi. »
L'identité (1998)
20. « L'œil: la fenêtre de l'âme; le centre de la beauté du visage; le point où se concentre l'identité d'un individu. »
L'identité (1998)
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