«Les noces de Gênes»

Bernard Bonnelle, fragment d’un récit amoureux

Cet hommage à une épouse trop tôt disparue est une déclaration de foi en la vie. Avec ses Noces de Gênes (La Table Ronde), Bernard Bonnelle nous parle d’amour de Dieu et de charité chrétienne. Ce fragment d’un récit amoureux fait du bien dans un océan de haine et de ressentiment. Iconoclaste !

Portrait de Bernard Bonnelle.© DR Portrait de Bernard Bonnelle.© DR

Cet hommage à une épouse trop tôt disparue est une déclaration de foi en la vie. Avec ses Noces de Gênes, Bernard Bonnelle nous parle d’amour de Dieu et de charité chrétienne. Ce fragment d’un récit amoureux fait du bien dans un océan de haine et de ressentiment.

Une certaine idée du courage et de la charité chrétienne

Évoquer une histoire d’amour ne va pas sans quelques regrets et mea culpa. Surtout s’il s’agit d’un amour au long cours comme celui qui a uni Bernard Bonnelle et son épouse durant plus de trente ans. La rencontre, les goûts communs, les voyages. Ce récit fait la part belle à la joie et aux bonheurs partagés. Dont une ribambelle d’enfants qui porteront le cercueil de la défunte au mépris de toute règle et autres diktats normatifs.

« Rien en toi n’était retenu, mesquin, ni même banal »

Ce tombeau est plein d’allégresse et de gravité à la fois. « C’était une joie pour moi de te connaître de mieux en mieux. Rien en toi n’était retenu, mesquin, ni même banal ; même tes travers étaient excessifs ».

Éloge à ces vertus en voie d’extinction

Ces Noces de Gênes reviennent encore sur les hésitations, les chemins qui se croisent, se perdent et se retrouvent. Sur cette union portée par un sentiment d’amitié – « sa franchise, sa simplicité, sa netteté » plutôt que « l’amûhr ». Celui qui a fait le tour du monde à bord de la Jeanne d’Arc dans sa jeunesse n’omet ainsi aucune des facettes de son mariage. Il rend surtout hommage à celle pour qui « la vertu est la meilleure des politiques ». Et à travers elle, à une certaine idée du courage et de la charité chrétienne, vertus, certes, en voie d’extinction.

Les rares journalistes encore dotés d’un bagage culturel, et de leurs facultés de jugement, ne s’étaient trompés à la lecture des deux romans de Bernard Bonnelle. Les Serviteurs inutiles, évocation dense et tenue des guerres de religion, et Aux belles Abyssines sont des lectures à recommander. L’ancien marin et sous-préfet avait reçu le Prix Nicolas Bouvier pour ce « polar colonial » porté par l’honneur et l’amitié. Avec ses Noces de Gênes, l’ancien marin et sous-préfet cingle bien loin des poncifs de l’époque et des tartes à la crème de leur idéologie tartuffe.

« (…) tu étais le contraire d’une petite-bourgeoise crispée sur ses certitudes et ses possessions ; tu restais la fille de la Gascogne de tes ancêtres, libre, joyeuse, le verbe haut, le rire facile, capable d’accueillir du même cœur opulence et dénuement ».

Ce lien mystérieux qui perdure au-delà de tout

Ces Noces de Gênes sont une ode à la vie. En filigrane, c’est aussi une fable sur la vie après la mort qui se dessine. Ce récit est porté par un message d’espoir. Il se tisse soudain des liens étranges qui perdurent en dépit de la séparation physique.

Chimère ? Bernard Bonnelle en fait l’expérience presque physique. Son solide parcours ne permet pourtant pas de le soupçonner d’être un hurluberlu. Restons donc prudent sur le sujet. Et écoutons, les signes.

>Les noces de Gênes, de Bernard Bonnelle, récit. Éditions de La Table Ronde, 85 pages, 11 euros

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