Du 12 au 28 mars 2022, la 24e édition du Printemps des poètes met la poésie à l'honneur sous toutes ses formes. Les manifestations pullulent en France. Nous avons retenu tout particulièrement la beauté des haïkus célébrée par Pascale Senk, ainsi que l'initiative orchestrée par Mathieu Simonet qui rend hommage aux nuages. Tout comme la poétesse Louise Ackermann, dont le poème Le nuage est un petit bijou injustement oublié.
>Dans la vidéo : Golshifteh Farahani, marraine du Printemps des Poètes 2022 dit : « Prière aux vivants pour leur pardonner d'être vivants ».
>Lire l'interview de Golshifteh Farahani dans Viabooks
>Pour plus d'informations : rendez-vous sur le site du Printemps des Poètes
Pour Pascale Senk, la poésie est un voyage à travers les mots. Dans son dernier livre, elle invite le lecteur à ressentir les changements de lumière, de climats et d'états d'âme.
Ces méditations poétiques à base de haïkus, ces poèmes en 17 syllabes n'ont qu'un seul but : vous reconnecter à l'essentiel du ciel, de l'aube à la fin de la nuit. Vingt-quatre heures de la vie du ciel.
Ciel changeant
en filant la mouette
emporte mon regard
>Pascale Senk, Ciel changeant, haïkus du jour et de la nuit, Leduc, 288 pages, 15,90 euros
>Lire l'interview de Pascale Senk sur les haïkus
Le Nuage
Levez les yeux ! C’est moi qui passe sur vos têtes,
Diaphane et léger, libre dans le ciel pur ;
L’aile ouverte, attendant le souffle des tempêtes,
Je plonge et nage en plein azur.
Comme un mirage errant, je flotte et je voyage.
Coloré par l’aurore et le soir tour à tour,
Miroir aérien, je reflète au passage
Les sourires changeants du jour.
Le soleil me rencontre au bout de sa carrière
Couché sur l’horizon dont j’enflamme le bord ;
Dans mes flancs transparents le roi de la lumière
Lance en fuyant ses flèches d’or.
Quand la lune, écartant son cortège d’étoiles,
Jette un regard pensif sur le monde endormi,
Devant son front glacé je fais courir mes voiles,
Ou je les soulève à demi.
On croirait voir au loin une flotte qui sombre,
Quand, d’un bond furieux fendant l’air ébranlé,
L’ouragan sur ma proue inaccessible et sombre
S’assied comme un pilote ailé.
Dans les champs de l’éther je livre des batailles ;
La ruine et la mort ne sont pour moi qu’un jeu.
Je me charge de grêle, et porte en mes entrailles
La foudre et ses hydres de feu.
Sur le sol altéré je m’épanche en ondées.
La terre rit ; je tiens sa vie entre mes mains.
C’est moi qui gonfle, au sein des terres fécondées,
L’épi qui nourrit les humains.
Où j’ai passé, soudain tout verdit, tout pullule ;
Le sillon que j’enivre enfante avec ardeur.
Je suis onde et je cours, je suis sève et circule,
Caché dans la source ou la fleur.
Un fleuve me recueille, il m’emporte, et je coule
Comme une veine au cœur des continents profonds.
Sur les longs pays plats ma nappe se déroule,
Ou s’engouffre à travers les monts.
Rien ne m’arrête plus ; dans mon élan rapide
J’obéis au courant, par le désir poussé,
Et je vole à mon but comme un grand trait liquide
Qu’un bras invisible a lancé.
Océan, ô mon père ! Ouvre ton sein, j’arrive !
Tes flots tumultueux m’ont déjà répondu ;
Ils accourent ; mon onde a reculé, craintive,
Devant leur accueil éperdu.
En ton lit mugissant ton amour nous rassemble.
Autour des noirs écueils ou sur le sable fin
Nous allons, confondus, recommencer ensemble
Nos fureurs et nos jeux sans fin.
Mais le soleil, baissant vers toi son œil splendide,
M’a découvert bientôt dans tes gouffres amers.
Son rayon tout puissant baise mon front limpide :
J’ai repris le chemin des airs !
Ainsi, jamais d’arrêt. L’immortelle matière
Un seul instant encor n’a pu se reposer.
La Nature ne fait, patiente ouvrière,
Que dissoudre et recomposer.
Tout se métamorphose entre ses mains actives ;
Partout le mouvement incessant et divers,
Dans le cercle éternel des formes fugitives,
Agitant l’immense univers.
Louise Ackermann, Poésies Philosophiques
Nice, 1871
N'oubliez pas : jusqu'à la fin du mois de mars. Devenez des poètes flottants. Que tous ceux qui ont la tête tournée vers le ciel oublient les vicissitudes du monde et rêvent de partir en voyage sur le dos d'un nuage. Ephémère bien sûr. Et pourtant infini. Comme la poésie.
Du 27 novembre au 2 décembre 2024 Montreuil accueille le Salon du Livre et de la Presse Jeunesse en Seine-Saint-Denis.
L'écrivain Boualem Sansal d'origine algérienne qui a obtenu récemment la nationalité française, célèbre pour ses critiques en profondeur des d
Les organisateurs du Festival International de la Bande Dessinée d'Angoulême viennent de faire connaître leurs sélections d'ouvrages et o
Vous avez aimé Le Bureau des Légendes et Le Chant du Loup ?