Enfance
Signe particulier : néant ?
Elle fut heureuse il paraît. Je n’y repêche aucun traumatisme d’envergure, ni carence de soupe ou de
pain, ni certificat de martyr.
Ma mère exerçait le vieux métier de couturière et travaillait à la maison, mon père était commis voyageur pour le bénéfice des vignerons du Jura.
Je ne le voyais guère.
L’assiduité de ma génitrice me rassasiait. J’aimais chaque instant avec elle, sauf lorsqu’elle reprisait
mon gilet de laine sans que je l’ôtasse : aussi experte fût son aiguille, je tremblais qu’un geste maladroit lui
fît percer...
Portrait de mon violeur
Car à moi aussi, au fond, ce qui me semble le plus intéressant c’est ce qui se passe dans la tête du bourreau. Les victimes, c’est facile, on peut tous se mettre à leur place. Même si on n’a pas vécu ça, une amnésie traumatique, la sidération, le silence des victimes, on peut tous imaginer ce que c’est, ou on croit qu’on peut imaginer.
Le bourreau, en revanche, c’est autre chose. Être dans une pièce, seul avec un enfant de sept ans, avoir une érection à l’idée de ce qu’on va lui faire. Prononcer les mots qui vont faire que cet enfant...