C’était quelques secondes avant le bruit : tonnerre qui roule et gronde pour finir en apothéose.
Puis un voile gris où ciel et terre s’unissent ou se perdent.
Enfin l’eau ; comme un fleuve déchainé qui perd tous ses points cardinaux.
Lui a regardé pousser des villes et s’allumer leurs nuits.
Regardé s’agiter des fantômes ou danser les lumières.
Il a vu périr les peuples, hurler les femmes et grandir les cimetières.
Vu des ventres s’arrondir contre l’espérance qui doute.
Et entr’aperçu des mains qui se cherchaient, des lèvres se trouvaient.
Il a vécu des moments magiques, vécu des instants tragiques – et de chanceler les hommes.
Connu des trahisons honteuses et des compromissions orgueilleuses – et de mourir les hommes.
Il a regardé des murs se dresser et d’autres tomber ; sous les cris de joie ou pour cacher des larmes.
Il a vu se développer les villes et s’embraser leurs nuits – et jouer les enfants.
Filer les sons, voyager les ondes – et rire les enfants.
Il a vu voler les hommes.
S’affairer le monde.
S’opposer les causes.
Et disparaître des peuples, prier des femmes - se figer à jamais le rire des enfants.
Il a vu s’exalter la folie, puis se nourrir la haine –avant de tout reconstruire.
Il a traversé des étés étouffés et des hivers glacés.
Résisté aux guerres et à leurs misères – des pestes brunes ou noires aux disettes trop vite effacées des mémoires.
Résisté aux ripailles comme aux brasiers.
Il a triomphé du vent mauvais ou salé, et même de quelques dieux hargneux.
Il a regardé grandir l’espace ou se rapprocher la lune ; se contracter l’infini et s’exploser le temps.
Il a vu l’espoir puis le savoir – et s’amuser les enfants.
L’improbable ou l’impossible – et s’esclaffer les enfants.
Il a vu fleurir des déserts, se dompter des éclairs, se soumettre des atomes….
Mais il y eu la Terre enfiévrée, et l’océan en fureur, et les ondes et les chocs et les rayons assassins…
Il y eut la mort et la douleur et la peur…
Reste l’espoir pourtant : d’un lendemain plus lumineux.
Avec des si, avec la force, avec la volonté – au creux des mains qui se tiennent.
Ou quand les dés s’affolent sur un double six et deux étoiles : celle de la chance, celle de l’amour.
Avec des rires et des larmes –et quelques promesses.
Pour les enfants et les leurs –pour que demain existe !
A toutes les victimes, J.W.
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