Transformations :
Certaines en leur advenir mais indéterminées en leur nombre ou effets, les transformations s’annoncent.
Transformations et réagencements parce que vie et existence sont autant d’écarts : à l’encontre de l’En-soi (compacité), de l’enfermement (contention) ou de la forclusion (solipsisme, inertie, apathie).
Transformations et transpositions parce que le corps est faillible, sénescent, souffrant et mortel : dans la lutte engagée contre sa propre précarité, l’homme le transforme ou trans-signifie pour finalement l’insignifier. Subséquemment, l’individu se dématérialise pour se matérialiser en ses œuvres. Se déréalise pour se «réaliser» en ses projets. Et se décentre pour se densifier en ses valeurs : notre modernité amplifiant en déséquilibre (de rupture) le mouvement initialement synthétique qui va du corps perçu/percevant au corps soutenu et exprimé - du corps délimité au corps ouvert, du corps propre au corps imprégné puis modelé par les structures sociales, les croyances et les techniques. Où donc l’on glisse d’un corps-soi à une chair utilitaire vécue dans l’étrangeté et soumise à toutes les appropriations.
Transformations et novations parce que la personne est réappropriation des donnés imposés ou proposés (auto-construction personnale et création). Que l’aliénation est un mode nécessaire de la vie et la liberté une création de l’existence : où liberté et aliénation se supportent, se définissent et se donnent sens au sein d’une conscience. Mais aussi, parce que soi et non-soi en leur genèse se confrontent (du fait du soi), interfèrent ou s’imbriquent - l’identité s’élaborant dans une relation à l’autre qui la définit et l’attache à elle-même en un lien en perpétuelle reconstruction. En outre, le développement du système neural conduit d’un soi primitif à un soi complexe (conscient, réflexif) évoluant vers une sécession : allant du soi en soi (dans soi) auto-représenté à un «soi» externalisé en ses actions, options et volitions. Ou encore, passant, ce soi complexe, d’un décentrage nécessaire et vital, d’une distance à soi libératrice, à l’altérité ou à l’aliénation d’un soi hors de soi.
En tel contexte, la nature humaine est instable : son psychisme manipulable, son physique modifiable, ses défenses immunologiques franchissables et ses insertions spécielles transmuables (...)