César Garçon a regardé le jardin des Tarots créé par Niki de Saint Phalle en Italie et en est tombé ébloui. Il en a fait un livre de photos (Editions Ulmer), qui, accompagnées du texte délicieusement érudit de Lucia Pesapane, interpelle le lecteur à chaque page. A l’occasion de la rétrospective consacrée à Niki de Saint Phalle au Grand Palais, cet ouvrage de référence est un hommage vivant au talent visionnaire de cette grande artiste de XXe siècle.
César Garçon : Les Editions
Ulmer, spécialisées dans la publication d’ouvrages de botanique et
d’horticulture, ont commandé à Pierre de
Filippis et moi-même un grand ouvrage sur les jardins d’Italie à paraître
en septembre 2015. La réalisation de mes prises de vue s’est achevée en juin
dernier après deux années intenses de travail passionnant, de la Sicile aux
Lacs du Nord, à travers une sélection de
43 jardins qui recoupent les grands mouvements de la stylistiques, la
chronologie (de l’Antiquité à nos jours) et les régions, sans oublier les
saisons et diverses floraisons bien sûr.
C’est au cours de la réalisation de ce grand ouvrage que les Editions
Ulmer ont décidé de publier une
monographie sur Bomarzo, - jardin ésotérique de la Renaissance situé à une
heure des Tarots qui inspira profondément Niki de Saint Phalle - dans la
collection « Jardins d’Exception » et qui est paru en mars dernier.
Ensuite les choses sont allées très vite : Bloum Cardenas, petite fille de Niki, a tout de suite proposé de
publier une monographie semblable sur le Jardin des Tarots dans la même
collection alors que les préparatifs de
la rétrospective au Grand Palais touchaient à leur fin. Bloum et mon
éditeur, Antoine Isambert trouvèrent un arrangement, nous étions en juin
dernier, le livre devait être prêt pour
le 17 septembre, date de l’inauguration de la rétrospective et il ne me
restait que quelques jours pour compléter les photos déjà réalisées. Grâce à la réactivité d’Antoine et de Bloum,
les billets d’avions furent pris en deux heures, une auto louée m’attendait à
l’aéroport et surtout, une plate-forme élévatrice indispensable pour
photographier à bonne hauteur les grandes figures sculptées, fut installée
pendant que je volais vers Rome… Et puis l’astre du jour fut de la partie, la
lumière se leva, somptueuse, sur la vallée au pied du jardin des Tarots
et les images furent achevées. Je rentrais à Paris, livre en poche…
César Garçon : En suivant
la lumière avant tout et dans la rapidité… Le soleil se lève sur la
vallée et éclaire de façon merveilleuse le jardin durant à peine 45 minutes. Puis tout est brûlé par la lumière, il
est inutile de continuer à prendre des photos et il faut attendre la fin du
jour pour avoir à nouveau une lueur dorée qui caresse les arbres et les sculptures.
Quand la lumière est belle, alors c’est une
course pour attraper les images. Le repérage préalable est très utile, car
il fixe vaguement, inconsciemment, les différents axes du jardin et ses
articulations. Ensuite je cours, je saute, dans tous les sens, je
trébuche, je bouscule trépied et caméra… Et parfois c’est le miracle,
obtenu dans une fièvre et une concentration qui me ravissent toujours. C’est tout à fait paradoxal d’être très
contemplatif dans l’urgence… Le travail de construction du livre se fait
ensuite avec le directeur artistique
au cours de la mise en page.
César Garçon : Je ne suis pas un grand spécialiste de l’œuvre de Niki de Saint Phalle. Cependant je crois que les Tarots sont un chef d’œuvre. Elle y a vécu plus de 20 ans – dans la figure de l’Impératrice où elle avait installé sa maison toute en éclats de miroirs – et elle a partagé cette passion pour cette œuvre avec le sculpteur Jean Tinguely -l’amour de sa vie- qui participa beaucoup et collabora à l’élaboration d’œuvres communes ( la Tour de Babel ou le Monde par exemple). Grâce aux Caracciolo (Carlos Carraciolo et Marella Agnelli confièrent le terrain à Niki pour réaliser son Grand Œuvre) l’artiste a pu réaliser le travail le plus ambitieux de sa carrière. Lucia Pesapane, l’auteur des textes du livre, le dit fort bien dans son introduction : « Il s’agit d’une œuvre d’art publique : aux yeux de Niki de Saint Phalle, l’une des raisons d’être de la création est d’apporter de la joie, de l’humour, de la couleur dans l’existence ».
César Garçon : Lucia Pesapane est
co-commissaire de l’exposition actuelle au Grand-Palais. Elle était toute
désignée pour écrire ce texte une fois les images réalisées. Elle a travaillé avec précision et clarté une fois
la mise en page terminée. Moi je m’étais déjà envolé vers d’autres projets..
César Garçon : Une manière surtout de pouvoir distribuer le livre sur place dans la librairie du jardin, qui accueille plus de 40 000 visiteurs par ans en provenance du monde entier… Soyons pragmatique !
César Garçon : C’est un délicieux atavisme. Il me vient de ma grand-mère Suzanne Garçon qui a mené un travail remarquable dans sa propriété du Poitou pendant 60 ans. Le parc de la fin du XVIIIème siècle a été conservé et entretenu par elle avec beaucoup de subtilité. Elle a su préserver les très beaux arbres du domaine par de délicates interventions d’élagage. Elle a créé un beau jardin en parterres dit « Jardin Haut » qui aujourd’hui encore garde tout son esprit et fit aménager une subtile et ombreuse allée en perspective, dite « l’Allée du Faune » qui achève de donner un grand charme aux lieux. Enfin, elle fit planter en vain durant 30 ans des cyclamens sur les pelouses du parc qui ne donnèrent rien. Ce fut l’année de sa mort en 1978 que le parc fut soudain couvert de cyclamens en septembre… Ma mère Isabelle Garçon qui est peintre botanique, est aussi très passionnée de jardins, elle en possède un délicieux en Bretagne. Vous voyez que j’ai quelques racines…
César Garçon : Cela me réjouis de répondre à votre question. Oui je suis pour tout ce qui s’offre de moderne en faveur de la diffusion des images, du texte, du savoir en général. Et comment !! Avec Antoine Isambert, le Directeur des Editions Ulmer, nous avons l’intention de réaliser une version numérique qui accompagnera le livre papier sur « L’Italie des Jardins ». On pourra ainsi utiliser l’Ipad pour aller visiter les jardins, au lieu du livre encombrant qui traîne dans le fond de la voiture en s’abîmant. Chacun des jardins sera lié au GPS et l’espace dédié aux informations pratiques sera démultiplié. De même pour les photos. Songez que j’ai travaillé deux années en Italie et parfois dans le même jardin à des saisons différentes, la publication papier est bien restreinte et la version numérique permettra de présenter toutes les photos. Il faudra bientôt que j’apprenne à faire des photos avec un drone et je voudrai bien filmer un jour. J’ai toujours en tête le travail inouï du peintre David Hockney qui peint des paysages sur de grands formats et qui filme le même paysage en décembre sous la neige et au printemps avec des caméras fixées sur le toit d’un 4X4, à la même vitesse et au même cadrage. Les deux films sont ensuite projetés cote à cote sur le même mur. Saisissant…
Propos recueillis par Olivia Phélip
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