Avec « Osez booster votre libido » (La Musardine), Michèle Larue apporte un ensemble de conseils pour l'épanouissement sexuel de chacun et chacune. Un véritable programme qui évoque aussi en filigranne l'érotisme et le désir. Michèle Larue revient sur cette nouvelle manière d'écrire à propos du sexe.
Michèle Larue : Même si j’ai inclus dans ce manuel le tableau d’Alfred Kinsey des éjaculations selon les âges, la libido n'est pas un ensemble de performances : elle dépend d’un ensemble de facteurs, dont les hormones et l’imagination sont les essentiels. Hélas, le sexe est de plus en plus pratiqué comme une activité ludique, sans autres dimensions. Il serait difficile de faire un manuel sur l’imaginaire dans la sexualité. Heureusement, le roman et la poésie s’en chargent. Bien que ce ne soit qu’une façade, ranger les conseils dans le cadre d'un programme de coaching attirent les gens qui sont attachés à leurs « bilans », sportif, sanguin, énergétique, c’est-à-dire une grande majorité d’urbains. En fait, le manuel ne contient pas de programme à proprement parler mais exclusivement des conseils à la carte, à grappiller selon les centres d’intérêt. Je ne prône pas le « toujours plus » dans les rapports sexuels mais une conscience des facteurs qui influencent la libido - mais aussi l’humeur et la vie quotidienne, et cette conscience éveillée de soi permet d’être plus autonome, même s’il faut, pour cela, passer par une certaine quantification de soi, un ego trip.
Michèle Larue : J’ai privilégié une approche plutôt scientifique en vulgarisant des connaissances sur la libido, les hormones, la diététique et les exercices respiratoires ou physiques. Un tiers du manuel concerne le bien-être sexuel de soi avec ou sans partenaire, des exercices tantriques qui aident à prendre la mesure des choses, à réagir sans être blessé, y compris sexuellement si l’on n’a pas de partenaire, et à mettre les chances de son côté, si je puis dire. Ce manuel reflète le déclin de l’érotisme, tué par la pornographie et la banalisation du sexe. La presse féminine n’est pas innocente : elle pousse le bouchon de plus en plus loin, en parlant par exemple des partenaires sexuels comme des sex-friends. Je suis certaine que de nombreuses femmes souffrent de la mort de l’érotisme, celles qui ont en elles un côté fleur bleue.
Michèle Larue : D’après l'éditeur, cette collection « Osez » a un lectorat essentiellement féminin. Si l'on m'avait dit que le lectorat était masculin, je me serais adressée à des hommes. Non, rien ne dit que les femmes aient besoin d'éducation sexuelle. Elles ont tellement plus d’instinct et d’intuition que les hommes, qui s’évaluent souvent à leurs propres performances, et dès qu’ils ont une baisse de libido, doutent d’eux-mêmes. Je donne des exemples de ce qui booste le désir sexuel d’un homme : une bonne journée avec des copains, ou le gain d’une somme substantielle ! Pour leur part, les lectrices s’interrogent sur leur vie sexuelle car elles ont pris l’habitude de se positionner par rapport à une norme, tout comme leurs partenaires d’ailleurs. La norme est souvent faussée puisqu’elle est donnée par des medias sans scrupules qui parlent de sexe pour augmenter leurs ventes. J’imagine que ces lectrices partagent les connaissances qu’elles acquièrent dans ce manuel avec leur(s) amant(s), ou qu’elles leur en font profiter d’une manière ou d’une autre. C'est donc avec elles que je partage des connaissances que j’ai acquises à travers des années de diététique, de tai chi et de vie sexuelle épanouie, avec des clins d’œil (la gym pendant l’amour si le rapport devient ennuyeux pour la femme) et des mises en garde à propos du sport : le parcours cardio et le marathon permettent à des sportifs de se passer de sexe, car l’effet de l’hormone du plaisir est le même, sauf qu’il n’y a ni tendresse ni contact physique. En bref, on n’améliore pas ses performances en lisant ce manuel, mais on peut gagner des certitudes, de l’assurance, et peut-être booster la qualité de sa vie sexuelle.
Michèle Larue : Leur musique préférée, une demi-bouteille de champagne, noix et chocolat.
Michèle Larue : On se sourit à soi le matin, et on garde ce sourire en soi. Le sourire intérieur teinte en rose la vie quotidienne et rend plus détaché par rapport aux difficultés. C'est la manière d'aborder la vie de certaines personnes qui pratiquent le tantra ou le yoga. Pour qu'une soirée se termine au lit, le sourire - intérieur et extérieur - aide considérablement à échanger. On échange le sourire, puis on échange les caresses et les fluides.
Michèle Larue : Dans ses romans Les Particules élémentaires et Plateforme écrits il y a déjà 15 ans, Michel Houellebecq parle d’un libéralisme sauvage de la sexualité… d’un monde en expansion. Depuis, les clubs échangistes n’ont pas augmenté en nombre, et le tourisme sexuel non plus. En 2014, après la crise économique qui se poursuit, nous sommes en récession. Au lieu de la débauche de l’an 2000, on assiste plutôt à un repli sur soi, accompagné d’une croissance de peurs diffuses. Montrer ses seins à la plage ne se fait plus : on ne porte plus de monokini par peur d’être vue ou… par peur des virus ?
Vendus dans les supermarchés de type Auchan ou Leclerc, les manuels Osez ne s’adressent pas à des gens riches, au contraire. Je dirais qu’ils sont lus par une classe urbaine moyenne. En se démocratisant, le sexe s’est banalisé. On en trouve des images au supermarché, et en Allemagne, du sexe réel dans les Eros Center. Regardez la popularité du SM après la trilogie 50 Nuances de Grey ! Plein de jeunes couples ont acheté un martinet pour pimenter leur vie sexuelle…Les rapports sexuels ne sont plus des moments magiques, des moments d’exception, mais des instants ludiques auxquels on peut penser n’importe quand et n’importe où, mais qu’il faut à tout prix « pimenter ». La pornographie, qui était supposée pimenter les rapports sexuels dans les années 90-2000, provoque aujourd’hui une addiction chez des hommes de toutes les classes sociales, riches et pauvres. Si on pense au sexe, à ce qu’on mange et à son environnement, c’est signe qu’on a le temps de le faire. Le temps est une grande richesse dont les riches, souvent trop absorbés par leurs affaires, ne profitent pas tant qu’on le croit.
Michèle Larue : Non. Mais je prépare un film documentaire sur le bondage, une pratique érotique libératrice très en vogue en Europe et au Japon, ses motivations et ses effets.
Michèle Larue : Ce choix est… féminin, puisqu’il s’agit du mien. Parmi les classiques, les hommes préfèrent Le Con d’Irène d’Aragon ou Trois filles de leur mère de Pierre Louÿs. Je citerai : Anaïs Nin : Vénus erotica, Wendy Guerra : Poser nue à la Havane, Nicole Autrain : La couleur des draps, Maxim Jakubowski : Confessions d’un pornographe romantique, Marilyn Jaye Lewis : Sex in America, Tanikaki : La confession impudique. Pour ce qui est de la poésie érotique : Pierre Bourgeade : Aurore Boréale, Joyce Mansour : Prose et poésie, Charles Baudelaire : Les Fleurs du mal, Véronique Bergen : Griffures, Paroles magmatiques Eros émerveillé, anthologie de la poésie érotique française.
Michèle Larue : Cet extrait de poème issu de Eros émerveillé, est très beau : L'Amour (1920) d’Andrée Chédid.
A force de frayer
Avec toutes nos paroles
A force de voisiner
Avec nos sombres passions
A force de s'effriter
Sur les corps de passage
L'amour a-t-il perdu
Innocence et plaisir ?
>>Michèle Larue, Osez booster votre libido !, Editions La Musardine
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