Résumé
"Ça commence mal". C'est l'incipit, la première phrase de cette météorite de roman noir pas comme les autres, une succession de saynètes, de destins dont on se dit qu'ils vont se croiser tôt ou tard. Et on a raison. C'est d'abord une scène sauvage de viol collectif, celui d'une prostituée. C'est Henri le flic qui va enquêter. C'est ce dingue de Yann qui promène une grenade dans sa boîte à gants et s'amuse de terroriser un pompiste. C'est cette Sylvie qui approche doucement de la quarantaine et dont on ne sait trop si elle est nymphomane ou atteinte de "mélancolie du cul". C'est ce Guy qui sort de prison et veut revoir sa fille ; c'est encore cette Sandrine, adolescente perdue. Ce sont des dialogues surtout sombres, tranchants, des échanges en forme d'uppercuts qui racontent des histoires cruelles de gens comme tout le monde rattrapés par des sales histoires pas drôles de villes-dortoirs pas drôle. Ça va finir par exploser. Ça explose.
Une réussite que ce premier titre de la collection Un cinéaste/Un Roman aux éditions Pauvert. Brillamment préfacé par Alain Corneau, on le doit à cet inclassable Guillaume Nicloux qui illustre mieux que personne l'avis de François Truffaut quand celui-ci disait : "littérature et cinéma ont toujours été étroitement liés". Ce petit texte très noir n'a que peu à voir avec le film Le Poulpe réalisé par Guillaume Nicloux. Ce n'est pas non plus un scénario destiné à être adapté. C'est une sorte de sombre fiction, pas vraiment identifiée mais passionnante. Ça brasse la confusion des sentiments et les espoirs envolés ou à renaître. Du même auteur, entre autres : Zoocity, Le Saint des seins, L'Honneur perdu de Georges Blesse ou encore Jack Mongoly. À 34 ans, Guillaume Nicloux a déjà publié neuf romans et réalisé trois longs métrages... --Bruno Ménard