C'est mon premier roman de Patrick Graham (j'ai été séduite pas la couverture qui montre un marcheur avec cette notion d'infini et de désert autour avec un ciel sombre et électrique en toile de fond, j'ai pourtant attendu presque 3 ans avant de me mettre à sa lecture je ne sais trop pourquoi d'ailleurs et ce ne sera surement pas le dernier tant celui-ci m'a emballée).
Il m'a fait l'effet d'un véritable coup de poing, un vrai roman « choc », une grosse claque et une prise de conscience terrible et tragique: il y a du Steinbeck dans ces descriptions là (on pense inévitablement aux "Raisins de la colère" ou même "Des souris et des hommes") où l'on retrouve une intensité dramatique très forte, tragique, voire apocalyptique ; une description précise de la misère de cette époque catastrophique et meurtrière et des expropriations immobilières en masse. Mais pas seulement, il y a aussi du Tarantino car c'est aussi construit comme un thriller sanglant et violent aussi, semé de cadavres tout au long du chemin et le suspense latent est mené d'une main de maître ! Les descriptions des personnages sont précises, percutantes, sensibles et terriblement parlantes. On imagine très bien les scènes. On les visualise comme si on était au cinéma.
L'histoire se situe donc pendant la grande Dépression aux États-Unis. C'est une vaste fresque historique qui nous est contée là, avec pour décor l'Amérique des années 30, après l'énorme crash boursier de 1929. La misère et la famine sévissent partout, les gens sont expropriés et jetés sur les routes en quête de travail. Les banques prennent les petits propriétaires à la gorge afin de récupérer leur terre, la corruption règne en maître et ça a une résonance étrange avec notre propre époque finalement…
On commence donc avec « l'homme », ancien soldat démobilisé qui s'en retourne retrouver sa famille. Mais il s'aperçoit qu'ils ont été victimes de la crise, qu'ils n'ont pas survécu et que sa maison est en cendre. Ayant tout perdu, il se retrouve à courir après sa vengeance à travers le sud. En tuant le banquier responsable de l'expropriation de sa famille il rentrera aussi en possession de 3.000.000 $ de bons aux porteurs appartenant à la mafia et surtout d'une liste de politiciens et de policiers véreux, impliqués dans des expropriations abusives et diverses activités illégales. Ils n'auront donc de cesse de le traquer afin de remettre la main sur ces documents compromettants. Les hommes de Maranzano, le parrain local, le Marshall ripoux Strickland, organiseront une véritable chasse à l'homme et le poursuivront à travers les états du Sud sans relâche.
Sur sa route, il trouvera un travail temporaire dans une ferme et croisera celle de Carson Fletcher-Mills, jeune adolescente d'à peine 15 ans dont toute la famille sera exterminée par la mafia, suite à une « bévue » de sa part qui les a fait repérer. Forcés de fuir pour échapper à leurs poursuivants, ces deux destins à la rencontre improbable vont entamer un road-movie étourdissant, semé d'embûches et de cadavres. Ils seront surnommé « les marcheurs » par la population pauvre dont ils deviennent bientôt les héros malgré eux. Ils traverseront la Floride, la Géorgie, l'Alabama, , le Tennessee, l'Arkansas et l'Oklahoma souvent à bord de ces trains qui traversent les États-Unis peuplés de hobos, d'êtres désespérés et affamés, prêts à accepter n'importe quel travail pour quelques sous ou un bol de soupe.
Il y a aussi le destin tragique d'Anna, une jeune journaliste qui enquête sur les malversations immobilières et les abus politiques. Elle sera protégée par des mafieux d'un cartel cubain qui avaient une dette envers elle. Elle fera de son mieux afin de venir en aide aux marcheurs en relayant des appels sur les ondes des radios locales « libres ».
Ces destins enfin, deviennent le symbole de la lutte des petits propriétaires, des métayers et de tous les oubliés de la terre contre la corruption, les banques et la pieuvre qu'est la mafia.
La force du récit est époustouflante, poignante et désespérée. On s'attache aux personnages, à cette écriture sombre et magnifique, urgente et nécessaire mais aussi porteuse d'espoir : une lecture dont ne sort pas indemne.
Les avis
C'est mon premier roman de Patrick Graham (j'ai été séduite pas la couverture qui montre un marcheur avec cette notion d'infini et de désert autour avec un ciel sombre et électrique en toile de fond, j'ai pourtant attendu presque 3 ans avant de me mettre à sa lecture je ne sais trop pourquoi d'ailleurs et ce ne sera surement pas le dernier tant celui-ci m'a emballée).
Il m'a fait l'effet d'un véritable coup de poing, un vrai roman « choc », une grosse claque et une prise de conscience terrible et tragique: il y a du Steinbeck dans ces descriptions là (on pense inévitablement aux "Raisins de la colère" ou même "Des souris et des hommes") où l'on retrouve une intensité dramatique très forte, tragique, voire apocalyptique ; une description précise de la misère de cette époque catastrophique et meurtrière et des expropriations immobilières en masse. Mais pas seulement, il y a aussi du Tarantino car c'est aussi construit comme un thriller sanglant et violent aussi, semé de cadavres tout au long du chemin et le suspense latent est mené d'une main de maître ! Les descriptions des personnages sont précises, percutantes, sensibles et terriblement parlantes. On imagine très bien les scènes. On les visualise comme si on était au cinéma.
L'histoire se situe donc pendant la grande Dépression aux États-Unis. C'est une vaste fresque historique qui nous est contée là, avec pour décor l'Amérique des années 30, après l'énorme crash boursier de 1929. La misère et la famine sévissent partout, les gens sont expropriés et jetés sur les routes en quête de travail. Les banques prennent les petits propriétaires à la gorge afin de récupérer leur terre, la corruption règne en maître et ça a une résonance étrange avec notre propre époque finalement…
On commence donc avec « l'homme », ancien soldat démobilisé qui s'en retourne retrouver sa famille. Mais il s'aperçoit qu'ils ont été victimes de la crise, qu'ils n'ont pas survécu et que sa maison est en cendre. Ayant tout perdu, il se retrouve à courir après sa vengeance à travers le sud. En tuant le banquier responsable de l'expropriation de sa famille il rentrera aussi en possession de 3.000.000 $ de bons aux porteurs appartenant à la mafia et surtout d'une liste de politiciens et de policiers véreux, impliqués dans des expropriations abusives et diverses activités illégales. Ils n'auront donc de cesse de le traquer afin de remettre la main sur ces documents compromettants. Les hommes de Maranzano, le parrain local, le Marshall ripoux Strickland, organiseront une véritable chasse à l'homme et le poursuivront à travers les états du Sud sans relâche.
Sur sa route, il trouvera un travail temporaire dans une ferme et croisera celle de Carson Fletcher-Mills, jeune adolescente d'à peine 15 ans dont toute la famille sera exterminée par la mafia, suite à une « bévue » de sa part qui les a fait repérer. Forcés de fuir pour échapper à leurs poursuivants, ces deux destins à la rencontre improbable vont entamer un road-movie étourdissant, semé d'embûches et de cadavres. Ils seront surnommé « les marcheurs » par la population pauvre dont ils deviennent bientôt les héros malgré eux. Ils traverseront la Floride, la Géorgie, l'Alabama, , le Tennessee, l'Arkansas et l'Oklahoma souvent à bord de ces trains qui traversent les États-Unis peuplés de hobos, d'êtres désespérés et affamés, prêts à accepter n'importe quel travail pour quelques sous ou un bol de soupe.
Il y a aussi le destin tragique d'Anna, une jeune journaliste qui enquête sur les malversations immobilières et les abus politiques. Elle sera protégée par des mafieux d'un cartel cubain qui avaient une dette envers elle. Elle fera de son mieux afin de venir en aide aux marcheurs en relayant des appels sur les ondes des radios locales « libres ».
Ces destins enfin, deviennent le symbole de la lutte des petits propriétaires, des métayers et de tous les oubliés de la terre contre la corruption, les banques et la pieuvre qu'est la mafia.
La force du récit est époustouflante, poignante et désespérée. On s'attache aux personnages, à cette écriture sombre et magnifique, urgente et nécessaire mais aussi porteuse d'espoir : une lecture dont ne sort pas indemne.