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Mes avis (33)

Le 7 février, 2020 - 20:34

Une belle et déchirante saga

Toujours sur les conseils très avisés de ma chère Lydie, je me suis lancée dans la lecture des "Douze tribus d'Hattie".

Alors, ce livre est scindé en douze chapitres (un pour chacun des enfants qu'a eu Hattie) formant le portrait de cette mère incapable d’affection, dépressive, agressive, froide et au cœur sec parce que trop éprouvée par la vie.

D’ailleurs le premier chapitre nous met immédiatement dans l’ambiance : Hattie a fui avec sa famille de Géorgie en raison d’une ségrégation raciale trop présente en raison des lois Jim Crow, avec l’espoir d’une vie meilleure et plus égalitaire à Philadelphie.

Mariée à 16 ans, elle a ses deux premiers enfants, des jumeaux, à 17 ans et ceux-ci connaissent un destin tragique puisqu’ils meurent de pneumonie à 7 mois. Ce chapitre est déchirant et franchement j’ai hésité à continuer ma lecture tant ça m’a marquée et j’ai trouvé ça dur.

Puis, j’ai continué à tourner les pages et je ne le regrette pas. L’amertume est prégnante dans ce récit rythmé par la vie d’Hattie marquée par les déceptions successives.

Elle aura donc douze enfants et le récit de sa vie va se dérouler de 1925 à 1980 : Il y aura Floyd, le musicien de Jazz), Six, le prédicateur, Billups, Bell qui fera des études, Ruthie, , fruit d’une liaison extra-conjugale, Cassie avec sa maladie mentale, Sala, Ella, Franklin qui va s’engager dans l’armée et « faire » le Viet-Nam et la dernière, Alice, née alors qu’Hattie avait 46 ans et qui sera en quelque sorte « sacrifiée ».

 

Son manque d’amour manifeste ou du moins son incapacité à l’exprimer nous amène à nous poser la question suivante : l’instinct maternel existe-t-il ? Moi, je dirai oui, car si Hattie est avare de démonstration sentiments elle n’en jette pas moins toutes ses forces dans la survie des siens et n’a plus ni amour, ni tendresse à donner, comme pour ne plus se brûler aux émotions. Mais c'est une vraie combattante car elle n’oublie pas ses devoirs envers ses enfants.

Mais à mon avis, on peut donner à ce récit une autre dimension et une interprétation un peu différente :

Ces douze histoires représenteraient toute la mosaïque du peuple noir en Amérique symboliquement rassemblées en un livre et fait d’Hattie une mère universelle et/ou qu’elle représente la « mère patrie » soit les États-Unis… donnant peu d’amour (c’est-à-dire pas d’attention ou du moins inégale à son peuple démuni…

Toutes ses histoires seraient le condensé de tous les malheurs subit et justifierait l’accumulation de catastrophes et d’histoires tristes et sordides.

Dans cette optique, douze devrait être aussi un symbole donc… J'avais pensé aux premières étoiles sur la bannière américaine, mais elles étaient au nombre de treize… peut-être douze enfants plus Hattie la fédératrice = treize !

D’accord, c’est capillotracté… donc, là du coup, je sèche. Enfin tout cela n’est que supputation et peut-être que je m’égare !

Cela étant dit, j’ai beaucoup aimé cette histoire pleine de désespoir et qui résonne comme une complainte des minorités défavorisées.

 

Le 29 novembre, 2019 - 16:29

Zora Neale-Hurston est une anthropologue et une « folkloriste » afro-américaine aujourd’hui reconnue mondialement. L’essai qu’elle écrit en 1925  (qui donnera lieu dans un premier temps à une publication sous forme d’article en 1927), son premier ouvrage, est resté inédit pendant 90 ans, du fait du langage utilisé, peu commode à la compréhension et aussi, par peur d’accusations racistes : Le fait que les africains aient participé activement à la traite négrière est un fait que les esclaves et globalement la population noire née en exil n’ont jamais pu comprendre et qu’à l’intérieur même du continent africain, la ségrégation existait elle aussi bel et bien du fait des guerres de clan et des dissensions tribales.

Pour cet ouvrage, il s’agit de la transcription des conversations qu’elle a eu avec Cudjo Lewis (de son nom africain, Oluale Kossola, il choisira « Cudjo » pour sa signification en yoruba qui veut dire « lundi ») considéré alors comme le dernier survivant de la traite transatlantique aux Etats-Unis (Redoshi fut « découverte » bien plus tard, en 2019) qui fut convoyé illégalement sur le « Clotilda », dernier navire négrier à aborder en terre américaine en 1860.

Pour conserver la véracité de ce témoignage, l’auteure choisit d’employer le langage dit « vernaculaire » (définition Larousse : Langue locale parlée à l’intérieur d’une communauté, par opposition au langage « véhiculaire » qui sert à communiquer dans le monde – Vernaculus = indigène et Verna = esclave).

Elle transcrit fidèlement ces entretiens, pour en garantir l’authenticité en se défendant de toutes interprétations personnelles qui pourraient interférer avec les déclarations de Cudjo. Elle le présente comme un texte « brut », factuel et impartial pour ce qui la concerne.

De la parole directe de Kassola, il en ressort un récit puissant et parlant qui retrace le cauchemar collectif vécu par des millions d’Africains déracinés et déportés vers l’Europe ou l’Amérique. Tout y est dit de façon subtile mais sans détour. La simplicité de Kossola est touchante ; il « raconte » naturellement, avec fatalisme, sans haine ni rancœur : il constate.

Alors âgé de 86 ans, Cudjo livre une histoire somme toute très parcellaire qui engendre des « raccourcis » sur des choses, soit dont il ne se rappelle pas bien, soit qu’il ne comprend pas (comme la mort de sa femme par exemple où l’on déduis qu’il n’en a pas saisi la raison, qu’il n’appréhende pas vraiment ce qu’il lui est arrivée – il évoque vaguement une « maladie »…) ; une mémoire hésitante qui laisse apparaitre des « trous » et des approximations.

Plus tard, il raconte que les esclaves libérés fonderont Africatown USA et Plateau (endroit nommé Magazine Point autour de Mobile, Alabama) lorsqu’ils comprendront que malgré toutes les « économies » qu’ils pourront rassembler ne suffiront pas pour retourner en Afrique. Cette ville constituera un dernier « rempart » contre les américains : les blancs, mais aussi les noirs de deuxième ou troisième générations qui considèrent leurs frères africains comme des « sauvages ». La ségrégation raciale bat alors son plein même après l’abolition de l’esclavage en 1865.

Le livre est non seulement composé du (court) témoignage livré par Zora Neal-Hurston mais il est étoffé par une préface d’Alice Walker (précieuse pour ses précisions et explications nécessaires à la compréhension du texte qui suit) et des notes en fin de récit écrites par son biographe Robert E. Hemenway.

Emma Langdon Roche, Zora y fait brièvement allusion lorsqu’elle cite ses sources. Emma est une écrivaine et artiste américaine qui a été en fait la première à interviewer les habitants d’Africatown et à avoir rencontré Kazoola (Kossola, bref, Cudjo J). Elle fut la première à écrire sur l’Histoire de ces anciens esclaves. Son livre « Historic Sketches of the South » n’a à ce jour, pas été traduit en français. Zora rencontrera elle aussi Cudjo par la suite ainsi que différents habitants de la région de Mobile.

Cela va donner lieu à une grande polémique. En effet, à la fin de « Barracoon », Hemenway fait quand même un procès d’intention à Zora où il souligne qu’elle aurait tout bonnement plagié la majeure partie des recherches et écrits d’Emma Langdon Roche tout en lui cherchant néanmoins quelques excuses vaseuses. C’est fâcheux car finalement cela minimise fortement l’impact du témoignage. Présenté comme un énorme travail de reconstitution, de mémoire, de transcription minutieuse, le récit est gravement relativisé par les accusations portées sur l’oeuvre de Zora.

Pour ma part, j’ai beaucoup aimé le récit de Kossola en lui-même avec son langage particulier par contre les commentaires après beaucoup moins. Si comme le présente la couverture, il s’agit bien du témoignage de Cudjo Lewis, « Barracoon » écrit par Zora Neale-Hurston, les commentaires de fin de livre sont tout à fait superflus. Il aurait eu sa place dans un autre livre consacré exclusivement à la biographie de l’anthropologue [Il existe je crois]. La préface d’Alice Walker suffit largement.

Cependant comme le travail d’Emma Langdon Roche n’est pas encore parvenu en France, celui de Zora Neale-Hurston reste très précieux et n’enlève rien à l’authenticité du témoignage de Cudjo. C’est cela qui me semble important.

Je remercie infiniment les Editions J.C. Lattès pour avoir fait traduire et éditer l’ouvrage ainsi que la plateforme NetGalley pour m’avoir permis de découvrir l’histoire de Kossola et de m’avoir interpellée sur le parcours de Zora Neale-Hurston.

Retrouvez mes autres chroniques sur mon site: bouquinista.net

Le 29 novembre, 2019 - 16:27

Zora Neale-Hurston est une anthropologue et une « folkloriste » afro-américaine aujourd’hui reconnue mondialement. L’essai qu’elle écrit en 1925  (qui donnera lieu dans un premier temps à une publication sous forme d’article en 1927), son premier ouvrage, est resté inédit pendant 90 ans, du fait du langage utilisé, peu commode à la compréhension et aussi, par peur d’accusations racistes : Le fait que les africains aient participé activement à la traite négrière est un fait que les esclaves et globalement la population noire née en exil n’ont jamais pu comprendre et qu’à l’intérieur même du continent africain, la ségrégation existait elle aussi bel et bien du fait des guerres de clan et des dissensions tribales.

Pour cet ouvrage, il s’agit de la transcription des conversations qu’elle a eu avec Cudjo Lewis (de son nom africain, Oluale Kossola, il choisira « Cudjo » pour sa signification en yoruba qui veut dire « lundi ») considéré alors comme le dernier survivant de la traite transatlantique aux Etats-Unis (Redoshi fut « découverte » bien plus tard, en 2019) qui fut convoyé illégalement sur le « Clotilda », dernier navire négrier à aborder en terre américaine en 1860.

Pour conserver la véracité de ce témoignage, l’auteure choisit d’employer le langage dit « vernaculaire » (définition Larousse : Langue locale parlée à l’intérieur d’une communauté, par opposition au langage « véhiculaire » qui sert à communiquer dans le monde – Vernaculus = indigène et Verna = esclave).

Elle transcrit fidèlement ces entretiens, pour en garantir l’authenticité en se défendant de toutes interprétations personnelles qui pourraient interférer avec les déclarations de Cudjo. Elle le présente comme un texte « brut », factuel et impartial pour ce qui la concerne.

De la parole directe de Kassola, il en ressort un récit puissant et parlant qui retrace le cauchemar collectif vécu par des millions d’Africains déracinés et déportés vers l’Europe ou l’Amérique. Tout y est dit de façon subtile mais sans détour. La simplicité de Kossola est touchante ; il « raconte » naturellement, avec fatalisme, sans haine ni rancœur : il constate.

Alors âgé de 86 ans, Cudjo livre une histoire somme toute très parcellaire qui engendre des « raccourcis » sur des choses, soit dont il ne se rappelle pas bien, soit qu’il ne comprend pas (comme la mort de sa femme par exemple où l’on déduis qu’il n’en a pas saisi la raison, qu’il n’appréhende pas vraiment ce qu’il lui est arrivée – il évoque vaguement une « maladie »…) ; une mémoire hésitante qui laisse apparaitre des « trous » et des approximations.

Plus tard, il raconte que les esclaves libérés fonderont Africatown USA et Plateau (endroit nommé Magazine Point autour de Mobile, Alabama) lorsqu’ils comprendront que malgré toutes les « économies » qu’ils pourront rassembler ne suffiront pas pour retourner en Afrique. Cette ville constituera un dernier « rempart » contre les américains : les blancs, mais aussi les noirs de deuxième ou troisième générations qui considèrent leurs frères africains comme des « sauvages ». La ségrégation raciale bat alors son plein même après l’abolition de l’esclavage en 1865.

Le livre est non seulement composé du (court) témoignage livré par Zora Neal-Hurston mais il est étoffé par une préface d’Alice Walker (précieuse pour ses précisions et explications nécessaires à la compréhension du texte qui suit) et des notes en fin de récit écrites par son biographe Robert E. Hemenway.

Emma Langdon Roche, Zora y fait brièvement allusion lorsqu’elle cite ses sources. Emma est une écrivaine et artiste américaine qui a été en fait la première à interviewer les habitants d’Africatown et à avoir rencontré Kazoola (Kossola, bref, Cudjo J). Elle fut la première à écrire sur l’Histoire de ces anciens esclaves. Son livre « Historic Sketches of the South » n’a à ce jour, pas été traduit en français. Zora rencontrera elle aussi Cudjo par la suite ainsi que différents habitants de la région de Mobile.

Cela va donner lieu à une grande polémique. En effet, à la fin de « Barracoon », Hemenway fait quand même un procès d’intention à Zora où il souligne qu’elle aurait tout bonnement plagié la majeure partie des recherches et écrits d’Emma Langdon Roche tout en lui cherchant néanmoins quelques excuses vaseuses. C’est fâcheux car finalement cela minimise fortement l’impact du témoignage. Présenté comme un énorme travail de reconstitution, de mémoire, de transcription minutieuse, le récit est gravement relativisé par les accusations portées sur l’oeuvre de Zora.

Pour ma part, j’ai beaucoup aimé le récit de Kossola en lui-même avec son langage particulier par contre les commentaires après beaucoup moins. Si comme le présente la couverture, il s’agit bien du témoignage de Cudjo Lewis, « Barracoon » écrit par Zora Neale-Hurston, les commentaires de fin de livre sont tout à fait superflus. Il aurait eu sa place dans un autre livre consacré exclusivement à la biographie de l’anthropologue [Il existe je crois]. La préface d’Alice Walker suffit largement.

Cependant comme le travail d’Emma Langdon Roche n’est pas encore parvenu en France, celui de Zora Neale-Hurston reste très précieux et n’enlève rien à l’authenticité du témoignage de Cudjo. C’est cela qui me semble important.

Je remercie infiniment les Editions J.C. Lattès pour avoir fait traduire et éditer l’ouvrage ainsi que la plateforme NetGalley pour m’avoir permis de découvrir l’histoire de Kossola et de m’avoir interpellée sur le parcours de Zora Neale-Hurston.

Krys Aline a commenté Idiss :
Le 29 octobre, 2019 - 15:11

Un mot « fort » me vient immédiatement et spontanément à l'esprit en refermant la dernière page de ce livre : SUBLIME !

J'exagère peut-être un chouïa mais si peu… Pour moi, un ouvrage indispensable et précieux à la mémoire mais un témoignage d'amour plus qu'un récit historique.

Regardant très peu le petit écran, J'ai malheureusement « raté » l'émission la « Grande Libraire » où Robert Badinter, invité pour la sortie de son livre, y évoquait le souvenir de sa grand-mère avec beaucoup d'émotion. Je me promets donc de le regarder en replay aussitôt que possible…

Mais, autant le dire tout de suite, je ne vais pas être vraiment « objective » car je nourris une immense admiration pour l'auteur qui est entré dans les premières places au panthéon de ma mémoire le 18 septembre 1981 lors de l'abrogation de la peine de mort en France dont il est l'un des artisans principaux.

A la lecture de cet ouvrage, on mesure pleinement la force de cet homme qui a connu les pires atrocités de la seconde guerre mondiale au travers de l'histoire de ses parents et grands-parents et qui a trouvé malgré tout la force immense et le pouvoir de résilience suffisant pour livrer avec conviction ce combat en faveur de l'abolition de la peine capitale. Pour cela, entre autre, je lui voue le plus profond respect.

Aujourd'hui, à l'aube de ses 91 ans, il nous livre le récit de son affection incommensurable pour « Idiss », sa grand-mère maternelle. Un portait absolument touchant de cette mère courage, qui affronta nombre de situations dramatiques qui entraineront sa famille vers d'autres patries, d'autres horizons fait de volonté et d'espoirs inébranlables.

Un destin, Des destinées, toutes hors-normes, qui englobent cette partie d'Histoire dont nous ne sommes pas vraiment ressortis tout à fait glorieux, même si nous mettons plus volontiers l'accent (mérité pour tous les compagnons de la "résistance" et de toutes les forces engagées) sur la « libération » et la bravoure de nos combattants revenus en vainqueurs grâce à l'Angleterre et aux États-Unis (et aussi la Russie accessoirement). Cette France dans laquelle ils avaient une confiance aveugle et absolue. Croyant dur comme fer à ses idéaux perçus comme le pays, gardien d'une Liberté inaltérable.

En effet, pour ces juifs ashkénazes, venus d'Europe Centrale essentiellement, fuyant les pogroms de la Russie Tsariste de 1903 & 1905 la France représentait un Eldorado absolu. Ces espoirs les jetant sur les chemins de l'exil pour tenter de se soustraire à la terreur des heures sombres et leur quotidien de misère ; échapper à la montée xénophobe et antisémite qui a connu son apogée en 40-45 avec le régime nazi et l'extermination programmée non seulement de tous les juifs, mais aussi des roms, des homosexuels, des fous, des faibles, des vieillards, des handicapés et de tous ceux réputés comme non Aryens… bref le plus grand génocide de tous les temps avec un pic de six millions pour les plus touchés par la « solution finale » imaginée par Hitler : les juifs.

Avant cette extrémité, ils passeront par toute la gamme des stigmatisations possibles, connaitront la spoliation de leurs biens, les persécutions de plus en plus prononcées, les restrictions drastiques sur le droit des juifs, les lois et les décrets qui en découlent (interdiction de participer à des réunions, d'entrer dans certains magasins, de s'alimenter … de vivre tout simplement … en prélude au port de l'étoile jaune et des futurs déportations).

Cette histoire là n'est qu'une longue déchirure où l'histoire au niveau personnel et individuel se confond finalement avec l'Histoire avec un grand « H » et du mécanisme implacable qui s'est inexorablement mis en place au niveau collectif dès le début de la guerre en Europe.

Cette histoire primordiale pour l'auteur, pour les membres de sa famille, plus globalement pour eux, pour tous est un exemple fondamental car il est écrit sans acrimonie et sans colère. Il est posé là comme un constat sans jugement sur l'Histoire. Les faits, les souvenirs d'enfant et la figure emblématique d'Idiss constitue l'essentiel de ce texte.

Dans toute ces horreurs quelques touches de bonheur éclatent néanmoins: le temps des chocolats chauds, des jeudi-ciné avec deux films et les actualités.

Robert B. redevient un enfant pour célébrer cet hommage tendre et délicat. Il y met toute la mesure et la retenue nécessaire. Il nous livre un hymne à sa famille où ses souvenirs d'enfant sont parfois un peu vagues, un peu biaisés, mais souligne les plus important : L'amour filial, maternel, paternel (il reste sur la réserve pour parler de Simon – mais il livre quand même quelques bribes de bonheur dont a bénéficié Charlotte aux temps « heureux »).

Les photos en annexe et en fin de livre, anime le récit, donne un visage, une représentation concrète des personnages (on réalise que ce n'est vraiment pas une fiction – Même si on le savait déjà) l'humanise et le rend plus émouvant encore s'il est possible.

Une déferlante d'émotions m'ont assaillies à la lecture de ce bouleversant hommage à sa grand-mère disparue.

Le choix Cornélien auquel devra se livrer Charlotte n'est pas sans me faire penser au « Choix de Sophie » de William Styron. Choix déchirant qui se fera obligatoirement au détriment de quelqu'un…

Une bien belle écriture pour un récit à la fois triste mais quand même empreint d'immenses espoirs. Robert B. met en lumière une partie de sa vie, de ses souvenirs, du personnage de sa grand-mère et de son épopée à travers l'Europe simplement avec une véritable tendresse pour l''histoire d'une femme, son histoire.

Beau tout simplement. Merci M. Badinter…

Merci également aux éditions Fayard et @Netgalley pour cette lecture.

Le 13 octobre, 2019 - 22:23

J’ai attendu que la surexposition médiatique autour de la sortie de ce livre retombe un peu pour tenter de produire un avis plus objectif loin de l’effervescence provoquée par d’éventuels détails croustillants que le fils Delon aurait pu révéler.  Il est vrai que j’ai postulé pour la lecture de ce livre sur la foi du nom affiché ; non pas pour en apprendre plus sur le père, non, mais pour découvrir ce que le fils avait à dire justement. Aucune déception de ce côté-là.

​Ce premier roman d’Alain-Fabien est donc une fiction [revendiquée haut et fort] et toute ressemblance avec des personnages ayant existé serait évidemment fortuite…blablabla. J’ai dû néanmoins me faire violence absolue pour éviter les parallèles et les raccourcis et réussir à m’extraire du contexte particulier de cette famille archi-connue! D’ailleurs, Alex Delval (A.D…) ne fait rien pour nous aider à nous déconnecter de la réalité.  Est-ce un jeu, volontaire ?

​Pour le récit, l’auteur raconte son histoire à un psy qui l’a emmené à son cabinet à la suite d’une bagarre dans une soirée entre ami(e)s d’où découlera de graves conséquences. En parallèle l’auteur doit passer un bout d’essai, un casting de rêve pour un premier grand rôle au cinéma. Il s’interroge sur sa légitimité à le faire à travers une réflexion intérieure qui doit aboutir à une prise de décision (et de conscience). Peut-il marcher dans le sillage de sa « star de père » aux reflets si aveuglants, sans se brûler les ailes, tel Icare ? Saura-t-il s’en détacher, se singulariser ? Pourra-t-il « crever l’écran » ? Telle est la question centrale de ce livre où « oui/non » s’affrontent violemment et les doutes sont légions. Pourrait-il supporter un échec cinématographique en fait?

​Pour ce qui est du contenu, un torrent de sentiments bruts se déverse dans cette œuvre : un déchainement de haine, d’exaspération, on y perçoit intensément la peur de l’ire paternelle, des menaces de représailles, des querelles. L’auteur apparait très en colère et en conçoit de l’aigreur. On perçoit l’irritation, l’agitation, le dépit ; il est furieux, il fulmine, il a du ressentiment, de la hargne, de l’animosité, un courroux immense contre son père surtout, mais aussi la mère, les amis, sa petite amie, le monde entier !

​Tout s’accumule, indignation, rage, désir de vengeance. On ressent son agressivité de plein fouet, sa rancœur, son emportement. Il est en rupture totale avec son entourage. Il perçoit la défection des parents comme un reniement. Son sentiment d’abandon est criant. Il en conçoit un profond désarroi et une solitude difficile à supporter à un tel âge, induisant un sentiment de vide abyssal et d’insécurité l’amenant à commettre des incartades et des extravagances de plus en plus conséquentes. Une grande fuite en avant dans les abus "classiques", amenant folies, débordements et outrances, mêlant divers alcools, drogues et autres médicaments engendrant une violence  devenue "ordinaire".

​Le vrai sujet c’est « comment parvenir à exister » à l’ombre de cette silhouette imposante et écrasante que représente sa « star de père », d’un monument, d’un mythe ? Ce livre relate les difficultés à se positionner par rapport à un père qui occupe au sens propre comme au figuré, tout le devant de la scène ! L’auteur exprime son ambivalence totale, à la fois l’admiration, le rejet, la haine. Cri de haine teinté d’amour et appel à l’aide.

​Tout le livre illustre juste cette interrogation en donnant des exemples concrets de faits amenant tous les excès, les doutes, les égarements, les manquements… Comment « tuer le père » comme on dit en psychanalyse, s’en détacher sans sombrer ? Vous savez cet être que vous admirez mais qui prend toute la place, qui est tellement exigeant et intransigeant, autoritaire, intraitable, implacable à donner le vertige, qui vous fait douter de vous-même surtout à 18 ans…

​Il s’agit d’un véritable récit cathartique, un défoulement qui se veut libérateur voire rédempteur. C'est l'histoire d'un "écorché vif" à la sensibilité exacerbée.  Un être sur la défensive, à fleur de peau, en quête d’amour et de respect de son ainé.

​Sur la forme, la stratégie de l’éditeur me pose problème : Pourquoi avoir écrit « DELON » en aussi gros caractères sur la couverture puisque le fils rêve « d’exister » par lui-même et pour lui-même ?

Pourquoi donc « user » de la notoriété d’un nom qui est apparemment si difficile à porter. Je soupçonne une stratégie marketing soigneusement « pensée et orchestrée ».

Mettre en avant le titre et non pas le nom eut été peut-être moins « vendeur » mais plus authentique. Cet artifice décrédibilise le contenu à mon sens et c’est dommage. Pourquoi mettre une photo qui ressemble au père s’il veut tant se démarquer ? Difficile de s’affranchir de la célébrité familiale, mais elle peut quand même servir… il est difficile de faire la part des choses entre réalité et fiction ; ambigüité savamment entretenue tout en niant toute similitude. Peut-on parler de bio-fiction ?

​Pourtant le fils a un véritable, talent d’écriture, certes jeune mais indéniable. Son écriture est vive, saccadée mais néanmoins fluide ; son style dépouillé à l'extrême, aéré et délié voire télégraphique confine à l'essentiel; le tout sans artifices ni exercice de style inutile. Le débit des phrases est pourtant haché, donnant une structure de phrase heurtée, fracturée. Cela évoque un style enfiévré, très direct et rapide jusqu'à la névrose, une intensité bouillonnante.

Cette spontanéité brutale, impulsive et nerveuse est finalement désarmante. L'écriture frénétique semble "jetée" sur les pages dans l’urgence tel un attelage dont les chevaux seraient devenus fous; On sent affleurer l’impatience et l’instabilité de la jeunesse, un maelstrom d'émotions, tumultueux, incommensurable. Un talent certain pour la narration et un style incisif, un beau coup de plume ! Merci Monsieur. 

Pour finir, je referme ce livre sur une excellente impression du talent littéraire du fils. Reste pour moi à visionner son film tourné en 2013, voir ce qu’il en ressort. Mais je recommande avec enthousiasme cette lecture et je remercie Les éditions Stock et la plateforme numérique NetGalley pour cette découverte très intéressante et prometteuse.

Le 15 avril, 2019 - 13:32

Voilà un livre fort sympathique sur des gens qui le sont…. Plus ou moins… Il ne s'agit pas là d'un livre « politique » en soi mais plutôt sur les « acteurs politiques » qui tiennent le « haut du pavé » actuellement soit au niveau des médias soit au titre de leurs fonctions.

L'auteur brosse un portrait de chacun des politiques "en vue" actuellement, allant de l'extrême droite à l'extrême gauche en passant par toutes les nuances qui existent entre les deux.

Il opère un bref retour sur leurs itinéraires et surtout donne une idée de leur personnalité : de leurs qualités s'il en est et de leurs travers (qui pourraient leur revenir en boomerang à un moment ou un autre) et un oeil sur leur possible évolution sur la scène politique future.

Mais tous, vraiment tous sans exception et c'est un secret pour personne, ont une chose en commun : Ils ont les dents qui raillent le parquet !!! Et pas qu'un peu!...Certaines canines plus érodées que d'autres mais quel que soit le parcours, l'ambition demeure ou émerge.

On le sait personne n'est « tendre » dans ce milieu (et ne peut se le permettre d'ailleurs et pas seulement en politique aussi…) sous peine de se faire « dévorer crus ». Une vie sous le feu des projecteurs ne tolère aucune faiblesse et ne fait preuve d'aucune pitié. Alors, si tous visent les « sommets », ne pas perdre de vue qu'il y aura toujours un prix à payer…

Le livre est découpé en dix-huit chapitres courts (consacrés parfois à une seule personnalité, parfois deux, voire trois pour d'autres) qui se veulent « objectifs ». Nous sommes donc là, sur des « constats » plutôt que sur des critiques. Pas d'anecdotes « croustillantes » donc, nous ne sommes pas dans ce registre-là.

Malgré tout il y a quand même parfois certaines inflexions qui se dégagent de l'ensemble. Certains traits de caractères marquants et pas forcément flatteurs, sont plus ou moins soulignés et mis en lumière par l'auteur. C'est selon…. Cela induit, de par ce fait, une sorte de jugement, infime, juste suggéré, mais quand même... ça perd, du coup, un peu l'aspect « reportage » neutre et informatif formel. En ajoutant des petites touches « l'humanité » on en devient forcément plus « subjectif » mais cela rend ces portraits plus « vivants », plus « naturels» et « accessibles ».

Alors finalement, mieux vaut-il mieux être un « vieux de la vieille » à qui « on ne la fait pas » ou un « jeunot » pétrit de bonnes (?) intentions, avec des idées neuves et encore « frais » dans le circuit ?

Un « jeune » « renard » rusé peut-être ? de toute façon les jeunes loups deviendront vieux renards à leur tour et les vieux renards ont été de jeunes loups en leur temps…

Bref, un éternel recommencement… Un mélange des deux serait peut-être une juste mesure, les uns apportant leur expérience et les autres leurs idées novatrices.

Mais encore faudrait-il qu'ils s'écoutent les uns les autres et fassent une synthèse de leurs idées en mettant un mouchoir sur leurs égos respectifs…. Autant dire : mission impossible ! Pourtant, de l'intelligence, ils n'en manquent pas…. Par contre du bon sens ? Surement !

Un grand merci à l'auteur pour ce livre intéressant, aux Éditions l'Archipel pour la découverte de cet univers impitoyable !!!!.....

​Retrouver la critique sur mon site: https://www.bouquinista.net/vieux-renards-et-jeunes-loups-metez

Le 14 juin, 2018 - 20:18

C'est le cinquième Michel Bussi pour moi, (après avoir lu «un avion sans elle », « ne lâche pas ma main », que j'avais moins aimé, puis « les Nympheas noirs» que j'avais adoré, suivi de « Maman à tort » et sans omettre «N'oubliez jamais ») et je reste toujours autant convaincue du grand talent de cet auteur !

Le livre est construit en deux parties qui alternent le passé et le présent, 1989 et 2016. Tout se passe en Corse, sur la presqu'ile de Revellata, près de Calvi, un petit coin de paradis, miraculeusement préservée jusqu'à ce jour du bétonnage systématique des côtes (grand débat sur la préservation du littoral). Ces terres appartiennent toutes ou presque à une seule famille : les Idrissi avec Ceasare, le patriarche, en tête de proue. On apprécie au passage la petite carte bien utile, fournie en début de roman.

En 1989, donc, Clothilde Idrissi a quinze ans, elle passe ses vacances en compagnie de ses parents sur la terre familiale au camping des Euproctes tenu par la famille Spinello – le père. Durant cet été-là, elle tient un journal intime à la couverture bleue dans le secret de la grotte aux veaux marins qu'elle affectionne particulièrement ou partout ailleurs, comme sur la plage où elle fait semblant de lire «les liaisons dangereuses»; elle s'adresse à un lecteur « inconnu » et où elle y raconte ses états d'âme, les copains, son frère de 3 ans son ainé et leurs « quatre cents coups » d'ados, son coup de coeur pour Natale qui est plus âgé qu'elle et qui est plutôt attiré par sa mère. On y trouve des références très marqué au « Grand Bleu » ou à la «Mano Negra» qui nous transporte vers le passé entre souvenirs cocasses et nostalgie. Et puis une soirée pas comme les autres, après un repas en famille chez le Papé Cassanu, elle est brusquement obligée de partir afin de rejoindre la voiture familiale pour se rendre à un concert de polyphonie Corse. Dans la précipitation elle laisse son journal sur le banc de la cour chez ses grands-parents. Juste après, sur la route sinueuse de Petra Coda, où les lacets et les virages en épingles à cheveu s'enchainent, c'est l'accident qui coutera la vie à son père (le fils de Cassanu), sa mère (« l'étrangère » venue du continent pour voler l'enfant du pays) et Nicolas, son frère de 18 ans. Elle s'en sort par miracle mais reste psychologiquement marquée par ce drame.

En 2016, vingt-sept ans après la tragédie, Clothilde revient pour la première fois en vacances en Corse, comme un pèlerinage, en compagnie de son mari, Franck et de sa fille, Valentine, adolescente sans histoires qui semble s'ennuyer ferme. Comme en 1989, elle séjournera au Camping des Euproctes, toujours tenue par la famille Spinello – Cervone, le fils. Et là, tout semble partir en vrille, elle reçoit des messages bizarres, des évènements étranges surviennent auxquels elle ne trouve qu'une explication : sa mère serait toujours vivante alors qu'elle était bien dans cette Fuego rouge avec elle lors de cet horrible accident ?…. le doute s'installe, tenace. Petit à petit, alors que son mari est enclin à la prendre pour une folle, tant les évènements semblent la désigner comme telle, elle va démêler les écheveaux de la vérité (car il y en plusieurs), lentement avec chacun des protagonistes, là où la fierté Corse, la jalousie et le désir de vengeance les a tous emmenés.

L'écriture coule bien, légère, les chapitres sont assez courts et bien rythmés, il n'y a pas de temps morts, la lecture est agréable et le suspense bien entretenu. Les descriptions des paysages Corse nous enchantent et nous donnent envie d'aller les découvrir. Et puis, au fur et à mesure de l'histoire on découvre la personnalité de chacun des personnages, certains très attachants avec leurs caractères bien trempés, d'autres carrément antipathiques mais tous révèleront aussi leur part d'ombres finalement, leurs aspirations, et leurs motivations profondes. On découvrira aussi l'ampleur de l'omerta en vigueur en Corse, de l'esprit de clan qui y règne fortement et il sera même question parfois de vendetta, tout comme dans le «Colomba » deProsper Mérimée dont pourtant Michel Bussi se moque un peu en y faisant une référence pas très flatteuse.

En fait, juste un mot me vient à l'esprit: Woauhhh !! Pour moi « la mayonnaise » à très bien prise et je dois dire que l'auteur m'a bien menée par le bout du nez presque jusqu'à la fin, même si on peut parfois dire qu'il a usé de « clichés » et de ficelles un peu grosses. Pourtant le puzzle s'imbrique parfaitement ou presque, les « tiroirs » s'ouvrent sur un nouveau rebondissement à chaque fois, chaque personnage à une raison d'en vouloir à l'autre et représente un « coupable » potentiel. D'aucuns trouveront le rythme trop lent, moi, je pense plutôt qu'il prend le temps d'installer l'histoire. On voudrait savoir lire plus vite afin de connaitre la suite plus rapidement et on ne peut lâcher le bouquin tant l'intrigue est menée de main de maître tout du long. Car il y a plusieurs type de lecture, celle où l'on prend son temps, où l'on savoure les descriptions même si parfois elles sont un peu longuettes, on appelle quelques fois cela pompeusement « Littérature », là où les rebondissements ne sont pas les moteurs de l'histoire et puis les romans dit « addictifs » où l'on saute littéralement des phrases pour lire la suite. le style n'a alors plus vraiment d'importance car l'histoire a pris le pas. Et Bussi, pour ce roman, c'est à la fois un peu des deux !

Mais il est vrai aussi que le final du final, le dernier rebondissement est un peu trop capilotracté à mon goût et que certains détails semblent peu plausibles ou sont un peu trop facilement éludés, mais on pardonne ! On pardonne tout, car cette histoire nous embarque totalement dans un cadre idyllique entre maquis et mer turquoise et nous passionne avec des personnages tous plus mystérieux les uns que les autres. Bref, j'ai beaucoup aimé ! J'attends donc impatiemment le suivant…

Le 14 juin, 2018 - 19:56

Un vrai thriller psychologique et diabolique comme je les aime ! Pas gore du tout, pas explicite mais une angoisse poisseuse et sournoise, toute en finesse, qui s'installe petit à petit pour ne plus vous lâcher jusqu'à la toute dernière fin.

A la base, l'histoire est relativement simpliste : un couple aux apparences parfaites.

Grâce, est cependant bien naïve de penser que le « prince charmant » à enfin toqué à sa porte en la personne de Jack, avocat quadragénaire bon et généreux à qui tout réussi. Elle gobe au passage le fait qu'il accepte que sa soeur trisomique, Millie, vienne habiter avec eux à l'issue de sa scolarité en maison spécialisée.

C'est en effet trop beau pour être réel !! Et on va découvrir tout au long de ce page-turner combien il était illusoire d'y croire !!

Alternant passé (où l'on découvre Grâce avant le mariage puis le jour du mariage et le voyage de noce) et le présent (où Grâce est enferrée dans une situation inextricable), ce roman est bien rythmé avec une intrigue habilement menée.

Même si l'on devine assez rapidement où l'auteur veut en venir, on ne peut s'empêcher de tourner et tourner les pages pour savoir comment il – l'auteur (elle – l'héroïne) va s'y prendre…

Alors si au début j'ai craint la « romance » fleur bleue à deux sous, j'ai vite compris qu'il allait en être autrement et que sous les apparences trompeuses et mensongères se cachaient une réalité bien plus horrifiante qu'on pouvait imaginer de prime abord.

Le coté pesant et oppressant vous pousse à tourner les pages de plus en plus vite (sans en sauter quand même, hein ?!!) pour y chercher une délivrance qui semble ne pas arriver… Ce pervers narcissique dangereusement manipulateur et complètement psychopathe dont nous découvrons à mesure que se déroule le roman la perfidie n'a de cesse de nous déranger tant sa cruauté est absolue et sans limite.

L'auteur commet là, je dois le reconnaitre, un vrai "tour de force" pour un premier coup d'essai ! Mais il existe néanmoins quelques faiblesses à mon sens, notamment dans les descriptions superficielles de la psychologie de Jack et dans les motivations des uns et des autres.

Je reste cependant très « fan » de ce roman que j'ai «avalé » en deux jours ! Bravo Mme PARIS !

Le 14 juin, 2018 - 19:53

Je voudrais saluer ici, le travail de l'auteur pour avoir recueillie cette foultitude de renseignements sur la vie de Rubirosa, Ambassadeur de la République Dominicaine dans les années quarante-cinquante, sous la dictature de Trujilllo (Il fut d'ailleurs marié à la première fille de Trujillo pendant un temps, vers 1944).

Très attirée par ce sujet pour avoir entendu parler de celui qu'on surnomme « Rubi », lors du décès de Danielle Darrieux qui fut également mariée au diplomate un moment et pour avoir lu « La fête au bouc » de Mario Vargas Llosa récemment sur Trujillo ; j'étais donc curieuse de découvrir la vie de cet homme empreint d'une certaine légende et au passé si sulfureux…

Cependant, je dois avouer que la lecture de cet ouvrage s'est révélée très longue puis finalement pénible et laborieuse car excessivement riche mais noyée sous un excès de précisions, avec moult noms oubliés depuis longtemps et histoires qui ne disent plus rien à personne. C'est bien dommage, car le sujet est néanmoins intéressant et l'écriture est agréable mais il me semble qu'il ne touchera pas un néophyte car trop précis sur les détails. J'avoue avoir été un peu déçue par et très déçue d'avoir été déçue….

Il faut pourtant reconnaitre que Porfirio, tombeur de ces dames, diplomate de carrière a eu une vie bien remplie, mais surtout remplie de vide et d'affectations plus ou moins « louche » de Vichy (1940) à Berlin (1936) en passant par Cuba (1958-59) ou encore l'Argentine sous Péron (1948) ... officiant sous bons nombres de dictatures et notamment le régime fasciste nazi en France durant la 2nd guerre mondiale.

D'aucuns le soupçonneront d'espionnage ou de trafic de passeports pour Haïti dans une période très noire de son histoire où Trujillo accueillait les juifs fuyant l'Europe – et les « parquaient » à Sosua - , mais assassinait la population jugée « trop noire » d'un autre coté… d'autres pourraient le qualifier de simple « gigolo » qui profitait de son charme enchaînant les mariages parfois « éclair » (1 mois avec la milliardaire Barbara Hutton). Alors, qui était donc Rubirosa (celle de sa liaison scandaleuse avec Zsa Zsa Gabor)?

Joueur de polo, de courses de chevaux, pilote de jet privé, pilote de course et membre actif de la « jet-set » internationale, ce « multicarte » mystérieux au charme ravageur mais buveur invétéré finira hélas mal le 5 juillet 1965 au volant de sa Ferrari 250 GT, écrasé contre un arbre dans une ligne droite au Bois de Boulogne… suicide ? Simple accident ? Était-il saoul ? Les paris resteront à jamais ouverts faute d'avoir des preuves et des certitudes.

Alors est-ce vraiment de la non-fiction ? Oui et non. Difficile de la classer dans cette catégorie puisque ce n'est pas réellement une biographie à proprement parler. Car des preuves ils n'en existent pas vraiment beaucoup et c'est donc à partir de celles-ci (ou de leur manque) que l'auteur a reconstitué la vie de « Rubi » en partie réinventée donc ou du moins « interprétée ». Etait-il donc pertinent d'écrire une non-fiction sur la vie de ce diplomate ? A-t-elle un intérêt suffisant ? Je me pose sérieusement la question … Un « roman » eu suffit me semble-t-il, car enfin sa « vie » ne m'a pas « emballée » du tout ; je n'ai pas ressentie d'empathie pour lui, ni de compassion ou même une quelconque sympathie. Bref, encore une fois je souligne le travail de l'auteur, mais je n'en garderais pas un souvenir impérissable. Dommage !

Krys Aline a commenté Hypothermie :
Le 14 juin, 2018 - 19:50

Lorsque je veux me « détendre » des thrillers « hard », violents et très sombres que je lis habituellement, tels que les Thilliez, Giebel, Chattam ou autre Grangé (que j'adore), je plonge alors sans hésiter dans un Indridason qui fait alors figure de « valeur refuge ». le tempo est complètement différent, les histoires ne sont pas aussi crues dans l'horreur par leurs descriptions détaillées mais elles n'en restent pas moins très « prenantes » et finement menées. Il s'agit plus ici, de thriller sociologique, de manipulations psychologiques subtiles, de descriptions d'êtres torturés, tourmentés et désabusés voire blasés avec pour toile de fond une ambiance de « nervous breakdown » en Islande.

Ainsi j'ai déjà été très emballée par la lecture de « L'Homme du lac » et de « La femme en vert » par exemple, beaucoup moins par « Hiver arctique » que j'avais trouvé vraiment très mou mais qu'importe, globalement je ne m'en lasse pas !

Cette fois-ci donc, c'est le tour d' « Hypothermie», un polar paru en 2011 qui met en scène notre « ami » des forces de police, l'anti-héros par excellence, le commissaire Erlendur Sveinsson tout seul cette fois, sans ses acolytes Sigurdur Oli et Elinborg, dans les paysages glacés d'Islande.

Ici, dans cet épisode, pas de crime puisqu'il s'agit de toute évidence d'un suicide, celui de Maria, retrouvée pendue dans sa maison d'été au bord du lac de Thingvellir. La police s'apprête à classer l'affaire puisque tout confirme le suicide (suicides qui sont très fréquents en Islande, dans un pays où la criminalité est par ailleurs quasi inexistante ce qui soit dit en passant expliquerait un hypothétique manque d'efficacité lorsqu'elle se présenterait): l'autopsie de la victime et le témoignage du mari corroborent parfaitement la théorie.

Cependant Erlendur continue à investiguer en marge de l'enquête légale, en vertu d'une intuition et d'un faisceau d'indices, constitué lors d'un ré-interrogatoire officieux des différents protagonistes de l'histoire qui lui permettent raisonnablement de douter de la version officielle. En effet une amie de Maria, Karen, qui est perplexe elle aussi à propos des conclusions auxquelles sont arrivées les autorités va remettre au commissaire un enregistrement d'une séance chez un médium à laquelle s'est livrée Maria peu avant sa mort. Celle-ci semble avoir entretenu une croyance indéfectible en la vie après la mort (elle en cherche notamment désespérément des manifestations) et a développé des obsessions paranormales après la mort de sa mère avec qui elle partageait un amour exclusif et très fusionnel.

Or, le geste définitif de Maria résonne comme un écho aux propres obsessions d'Erlendur par rapport à son histoire personnelle. Dès lors, il n'aura de cesse de chercher les raisons du geste fatal de Maria en dépit du fait que la mort de ses parents (sa mère récemment et son père des années auparavant) semblent à eux seuls justifier ses actes et suffisent à tous (ou presque) comme explication souveraine.

Ce roman, qui n'a rien de la facture d'un polar « classique » n'est simplement qu'un prétexte à l'analyse d'une partie de la société islandaise décrite comme quelque peu dépressive. On apprend, en effet, beaucoup de choses sur ce pays en lisant les romans d' Indridason pour notre plus grand plaisir (enfin pour ceux qui s'intéressent peu ou prou à la culture nordique !).

Certes, on pourrait avancer que l'intrigue est trop « tranquille », sans révélations fracassantes, sans coups de tonnerre ni retournements de situation spectaculaires ; on devine même assez rapidement la personne potentiellement « coupable » mais qu'importe, là n'est pas l'essence du livre. Ces romans-là traduisent surtout une « atmosphère » et la lenteur de la mise en place se révèle plus être « la patte » de l'auteur qu'autre chose et elle n'en reste pas moins efficace.

Un polar plutôt psychologique donc, où l'on y traite les aspects des différentes phases du deuil, de son acceptation, les remords, les regrets ; c'est une réflexion sur la mort et surtout sur la potentielle vie après la mort ; il est question des fameux « secrets de famille » qui rongent les êtres sans leur laisser de répit ; il est question de l'oubli aussi, mais également des non-dits, de la douleur, de la disparition d'un être cher, de la culpabilité qu'elle peut engendrer, de la difficulté à gérer l'absence : sujets qui affleurent avec d' autres enquêtes, non-élucidées depuis trente ans ; celle de la disparition de Gudrun, par exemple, jeune étudiante en biologie et celle de de David, un jeune homme qui s'apprêtait à entrer en faculté de droit, parti de chez lui un matin sans jamais plus donner de nouvelles à personne. Et cette affaire poursuit inlassablement Erlendur puisque le père du gamin vient lui rendre visite à intervalles réguliers pour savoir s'il aurait du nouveau et qui ravive par là même le sentiment d'impuissance que ressent le commissaire ainsi que son désespoir en regard de sa situation personnelle, lui qui reste en quête de son jeune frère, perdu dans une tempête de neige alors qu'ils étaient encore enfants.

Notons que le titre original du bouquin « Hardskafi » est en fait, le nom de la montagne où Bergur, le frère d'Erlendur, a disparu. C'était certes un titre tout indiqué et très évocateur, mais «Hypothermie » ne l'est pas moins à mon sens car le froid constitue bien le fil conducteur de ce bouquin et de tous les épisodes avec Erlendur d'ailleurs … Mais, ce livre aurait pu s'intituler « la douleur » aussi s'il n'avait déjà été utilisé pour d'autres sujets.

Enfin, l'auteur aborde aussi les relations familiales difficiles d'Erlendur ; celle avec ses enfants, Eva Lindt (toxicomane mal dans sa peau) et Sindri Snaer (ex-toxico instable et insaisissable) ainsi que celle avec son ex-femme Halldora avec qui il peine à renouer un dialogue voulu par sa fille mais qui semble impossible à rétablir. On explore là les méandres de la rancoeur et la complexité du processus du pardon (qui aura lieu ou non selon le vécu des uns et des autres). On assiste ainsi à l'autopsie d'un mariage raté et d'un gros « loupé » sur l'éducation des enfants dont Erlendur s'en fait parfois le reproche sans pour autant parvenir à restaurer la confiance avec ses enfants. Il y a beaucoup de maladresse aussi chez ce père qui essaye pourtant parfois de rattraper le temps perdu.

Il y a, enfin, le sentiment latent de culpabilité qui étouffe littéralement Erlendur ; sentiment toujours présent, lancinant, tout au long du livre (des livres d'Indridason sur Erlendur); il fait monter une angoisse sourde et pesante. Cependant l'emploi ponctuel de flash-backs sur le passé d'Erlendur mêlés aux difficiles relations présentes avec ses enfants humanise le personnage et le rend accessible ; cela permet ainsi l'empathie envers lui. Ainsi, sous le personnage bourru, bougon, taciturne, torturé presque sauvage qu'il donne à voir, son attitude froide et distante, il révèle des côtés néanmoins très attachant qui vont le rendre sympathique.

Alors, c'est décidé, je vais continuer l'exploration des pans de la vie de ce cher Erlendur et de sa famille (même si je ne les lis pas dans l'ordre ce n'est pas grave, je reconstitue les morceaux et j'ai l'impression en plus de faire un puzzle!!!) tout en découvrant des parties de l'histoire de l'Islande avec avidité et curiosité. Donc, au suivant….vite!!

Le 13 juin, 2018 - 07:50

Je viens de terminer " Opération Napoléon" cet après-midi et j'avoue avoir un ressenti en mi-teinte et être restée un peu perplexe. Pas d'Erlendur à l'horizon dans cet opus puisqu'il s'agit ici d'un "one shot" mais pourquoi pas? ça change un peu. " Betty", un autre one shot du même auteur ne m'avait pas déçue. J'attaque donc pleine d'enthousiasme et je retrouve avec plaisir l'Islande et la description de ses paysages glacés et magnifiques, son ambiance si particulière avec ses quelques heures de lumières par jour et toujours la quête d'un proche perdu dans les glaces (thème récurrent également avec la série des Erlendur).

Ici, l'auteur couvre plusieurs périodes:

- 1945 d'abord avec le crash d'un Junkers Ju 52, avion allemand en tenue de camouflage américaine avec à son bord des Allemands et des Américains.... fait pour le moins étrange en cette fin de guerre.

Avion qui recèle un secret terrible qui fait trembler la nation Américaine au point que ceux-ci sont prêts à tout pour récupérer cet avion.

- 1965 et 1967 avec une expédition d'envergure menée par les Américains pour tenter de retrouver cet avion englouti dans le glacier de Vatnajökull en Islande.

- 1999 où une autre opération est à nouveau lancée après que des satellites aient repéré des traces du fameux Junkers.

Ici entrent en scène un certain Ratoff, major américain particulièrement sadique chargé de cette mission par Vytautas Carr qui coordonne les opérations depuis Washington. Enfin, Kristin, une jeune Islandaise, avocate au Ministère des Affaires étrangères quant à elle devient l'héroïne de ce roman bien malgré elle en devenant le grain de sable qui fera toussoter la machinerie américaine et fera d'elle, le témoin gênant à éliminer. D'autres personnages participeront à cette aventure et joueront des rôles clés pour Kristin, tel Elias, son frère, Julius, le chef de l'équipe de sauvetage à laquelle Elias appartient, Steve, le "yankee" que Kristin avait laissé tomber sans aucunes explications.

Dès le début on comprend donc qu'il s'agit d'un roman d'aventures, d'actions, et peut-être aussi d'espionnage. En 1967, on suit avec intérêt la quête de Miller pour retrouver son frère, qui était le pilote du Junkers. Et puis, on se demande aussi, ce que pouvait bien contenir cet avion de si précieux pour que l'armée américaine prennent de tels risques pour le récupérer.

Mais en 1999, ça part en cacahuète total! Là s'enchainent des situations complètement rocambolesques et peu crédibles quand il s'agira pour Kristin d'échapper aux tueurs lancés à sa poursuite. Elle échappe miraculeusement aux hommes de mains qui tentent de l'assassiner et atterrie au pied du fameux glacier pour un final digne d'un blockbuster Américain! Sauf que superproduction il n'y aura pas puisque dans ce thriller, les grands méchants sont américains justement. Car Indridason en profite pour donner sa position quand à l'implantation de l'armée américaine sur le sol Islandais. Et pour tout dire, il y est franchement hostile et ne se prive pas de le dire à travers la voie de son héroïne.

Pour autant, l'histoire de l'avion qui était censé changer le cours de l'Histoire avec un grand "H" est forcément avortée d'avance puisqu'on sait ce qui s'est passé par la suite dans le monde au cours de l'Histoire. Alors comment inventer un suspense sans trop distordre la fameuse Histoire? Comment arriver à un final qui ne serait pas un gros "flop"? c'est là que les choses se corsent parce que c'est vrai que c'était bien parti: les descriptions des expéditions, de ses difficultés, du glacier et des paysages Islandais en particulier sont très réussi et qu'en cela l'écriture d'Indridason ne failli pas. Alors? s'en est-il bien sorti?? oui et non je dirais. le fameux secret se révèle trop décevant à mon gout même s'il aurait pu être plausible. Par contre j'ai adoré le fin mot de ce roman: BLONDI 1947!

..... Mais existe-t-il seulement un seul âne (chien) à la foire qui s'appelle Martin (Blondi)!!??

Le 13 juin, 2018 - 07:46

Je viens tout juste de découvrir Gioacchino Criaco, cet auteur Calabrais qui parle de sa région d'Italie, de sa Terre et des dures lois qui la régisse : la loi du plus fort notamment, mais pas seulement….

C'est l'histoire de deux familles qui vivaient l'une en face de l'autre, en montagne, sur les contreforts du massif d'Aspromonte dans une région très fertile en Calabre: les Therrime, venus d'Albanie pour servir le roi Alphonse d'Aragon et qui habitaient le village de Coraci et les Dominici, habitent celui d'Ascruthia depuis des temps immémoriaux. Puis les eaux sont montées, obligeant les habitants à venir vivre dans la même ville, à l'embouchure du fleuve dans les jardins d'Allaro, près de la mer ionienne. Ces deux familles se haïssent depuis la nuit des temps, pratiquent la vendetta par respect des traditions ancestrales sans se poser de questions et suivent la loi du sang, comme une malédiction, le destin, le Fatum…

Ce nouveau « Roméo et Juliette » revu et corrigé par G. Criaco donne dans le roman noir, très noir. Roméo – Julien Dominici dans le roman – est devenu un tueur en faisant parler la poudre à la suite de son père et de son grand-père pour perpétuer des coutumes tant antiques que barbares. Juliette – Agnese Therrime dans le livre – quant à elle représente la famille « ennemie », celle avec qui les Dominici sont fâchés à mort. Leur amour donc impossible et contrarié par le frère d'Agnese, Alberto, sera un vrai chemin de croix que chacun des deux surmontera à sa manière grâce notamment à l'opiniâtreté et l'obstination d'Agnese à rétablir la paix entre les familles. Cette histoire fait penser à Mérimée, à Colomba, à la Corse aussi par la violence des sentiments et la ténacité de ces femmes solides et splendides qui rétablissent la force initiale du matriarcat dans une société pourtant dominée extérieurement par la loi du patriarcat.

En effet Agnese et Julien tombent amoureux lorsqu'ils sont ados puis se perdent de vue alors qu' Agnese déménage puis se retrouvent quand finalement Julien écope d'une peine de prison après une condamnation pour plusieurs meurtres soi-disant commandités par la 'ndrangheta (la mafia calabraise) alors qu'il la hait profondément.

Julien cherchera à faire passer l'amour avant la violence pour finalement de replonger en elle comme une fatalité de son sang et de finir par céder à l'appel des sirènes de la vengeance. Il qui va croiser la route des Triades, la non moins crainte mafia chinoise. Ce parallèle entre deux univers mafieux totalement différents démontre que la violence n'est pas celle d'un pays, d'une race, d'un sang, mais qu'elle est internationale à partir du moment où l'on considère que tout est question d'affaires et d'argent caché sous des prétextes d'honneur.

Alors revenons, sur ce titre, si bien trouvé :

- La soie, c'est celle des femmes qui la tisse sur leur métier au foyer, ces femmes qui tentent de tisser la paix entre les familles ennemies, les Therrime et les Dominici. Beaucoup de batailles et quelques victoires toutes gagnées par des femmes, par amour, toujours.

- le fusil, est incarné par la colère des hommes, leur obstination à vouloir toujours la vengeance et réclamer un mort pour un mort. D'un côté la rivalité entre deux familles, Les Aigles contre les Loups qui pratiquent la vendetta de l'autre la mafia, vaste organisation qu'elle soit italienne ou chinoise…

L'histoire donc, résonne à plusieurs voix :

Celle du Gecko – le Gecko est un petit lézard - (Julien), de la Nymphe (Agnese), du Chiot (Alberto) et enfin le serpent (Tin – qui apparait plus loin dans le récit). Nous avons là, tous les points de vue, de chacune des « familles » et toutes une palette de sentiments forts s'en dégage : amour, amitié, haine, désespoir, mépris, peur…

Un roman vibrant et fort qui réattribue ses lettres de noblesse à cette région d'Italie, la Calabre et qui combat les préjugés et les idées reçues pour finalement transcender le pouvoir des femmes : un très bel hommage !!!

Le 13 juin, 2018 - 07:42
Ce roman nous fait croiser le destin de François, atteint d'une tumeur au cerveau, qui refuse les traitements et pour qui la seule solution est la fuite en avant et celui de Paulo, un jeune auto-stoppeur que François embarque dans son road movie tout d'abord vers Marseille puis vers une destination qui leur importe peu à tous les deux. La destination finale est plutôt la Vie … la Mort…
 
 
Alors, autant j'ai dévoré les précédents romans de K.Giebel avec énormément d'appétit, surtout le « Purgatoire des innocents» ou encore « Meurtres pour rédemption » et « Terminus Elicius », romans que je trouve fantastiques, autant celui-ci m'a laissé un gout amer. Pourquoi ?
 
Parce qu'on sait parfaitement comment cela ne va pas manquer de finir et ça, ça m'a beaucoup gênée car cela m'a démotivée en quelque sorte. « L'issue est forcément fatale. Ce n'est qu'une question de temps ». Même si la totalité de ses romans finissent « mal » ou « bien et mal », il y a toujours un suspense qui ne se dément pas au fil de la lecture ; par contre celui-ci est définitivement sans aucuns espoirs.
 
Moins violent, plus humain, ce récit est néanmoins attachant et l'on est d'autant plus navré du final. Entraîné chez elle dans une spirale toujours plus violente, plus choquante et plus noire on ressent donc une petite déception, c'est même le roman que j'aime le moins pour le moment chez elle , mais ne soyons pas excessif, c'est tout de même très bien ! (7 sur une échelle de 10 tout de même!!)
Krys Aline a commenté Parmi les miens :
Le 12 juin, 2018 - 08:11

Alors, oui, je l'ai dévoré, je dis bien dévoré, ce n'est pourtant pas un « thriller » ni un « page-turner » et de toute façon d'ordinaire, chez moi (le fait de lire un livre en une journée), ça n'est pas très bon signe, car vite lu et vite oublié en principe. En effet en lisant vite, on n'a pas le temps de s'imprégner de l'histoire, des personnages, de l'atmosphère dégagé par le livre ; on ne prend pas le temps de « s'installer » dans le récit et ça laisse donc rarement, chez moi, un souvenir impérissable. Sauf que là, ça n'est pas le cas ! Et croyez-moi, je me souviendrais encore longtemps de ce cas de conscience soulevé par l'auteur et qui n'est rien de moins que le thème de l'euthanasie. Un thème lourd et difficile, angoissant, qui réveille des peurs irraisonnées, qui soulève des questions d'éducation, de religion, de bienséance, de croyances et plus généralement des questions d'éthique.

L'auteur nous raconte ici, l'histoire d'Elsa vue par le prisme de la fille ainée, Manon. Elsa a eu un accident sur les petites routes de montagne en lacets où sa voiture est brusquement passée pardessus le parapet pour venir s'écraser quelques mètres plus bas au pied d'une des multiples gorges qui peuplent la région. (Région qui n'est nommée à aucun moment dans le livre ; mais l'auteur donne quelques indices géographiques çà et là qui permettront aux plus perspicaces de deviner l'endroit où se déroule cette histoire).

Mais Elsa n'est pas morte ! Elsa s'en est sortie, plutôt mal en point cependant. Elle est en état de mort clinique mais pas cérébrale. Pour le moment elle est dans le coma. Elle peut sortir du coma rapidement comme y rester un temps indéterminé. le hic, c'est que les fonctions vitales ayant été touchée, il est peu probable, voire impossible qu'Elsa recouvre sa vie d'avant. En un mot, elle restera entièrement dépendante des machines qui lui maintiendront un semblant de vie et ce pour un temps indéterminé : tant que son coeur en aura encore la force en fait. Autant dire : ce ne sera rien de moins qu'un légume.

Constat difficile à accepter pour ladite famille...

C'est le départ de cette histoire qui va nous faire découvrir comment chacun des membres qui composent cette famille : Gabriel, le frère ; Adèle, la soeur cadette, Manon, l'ainée mais aussi le père vont « vivre » cet état de fait, vont « gérer » la nouvelle de l'accident, l'intégrer, « l'ingérer » et finalement arriver à une décision, prise collégialement, mais qui auparavant va les diviser et raviver les rancunes et rancoeurs de l'enfance.

Comme toutes les familles confrontées à des cas extrêmes, ils vont se déchirer, se reprocher, se déliter, se rapprocher, se pardonner, s'en vouloir à nouveau, se soutenir, se désunir bref s'empoigner pour arriver à décider de l'avenir de leur mère qui n'est plus, en tout état de cause, capable de décider pour elle-même.

Mais au-delà de leurs propres différents, de leurs propres histoires et de leurs propres vécus, il y a aussi Elsa et les questions que sa situation soulève :
- Pourquoi roulait-elle sur cette route de montagne tortueuse où elle n'avait rien à y faire ?
- Pourquoi avait-elle été en contact avec un prête, elle qui n'était pas croyante ?
- Qu'aurait-elle souhaité, elle, dans le cas qui se présente ? Mourir ou vivre ?
- Que cachait-elle de son passé en Norvège avant son arrivée en France ?

Et là, vont ressurgir tel des vieux spectres poussiéreux, les vieux secrets de familles, enfouis si profondément qu'il est presque impossible de les exhumer afin d'y apporter des réponses. Certains resteront d'ailleurs sans réponses, mais ils les aideront à se donner une idée de qui était réellement leur mère et les aidera à prendre la douloureuse décision qui s'impose.

L'écriture est nette, précise, sans concession ; elle est même parfois, sans « émotion » quasi chirurgicale, déshumanisée. La description des relations entre frère et soeurs est parfois glaçante tant il y manque des sentiments. Manque de chaleur, d'empathie entre ces êtres contraints, malades, privés de tendresse et de gestes d'amour. de l'amour, il en existe pourtant dans cette famille, mais ils ne savent comment l'exprimer, on les dirait handicapés du coeur. Pas de gestes entre eux, pas d'embrassades, pas d'élan de tendresse, jamais : leur mère n'était pas démonstrative. Alors chacun s'enferme dans les non-dits et s'arrange avec son propre ressenti, un peu comme des autistes.

Elle fait de la peine cette famille tant elle crève de sa solitude, tant elle se débat au coeur d'un désert sentimental et d'un manque de communication. Ce récit « fort » en sentiment brille par le fait qu'il souligne le manque de compréhension entre les êtres qu'il évoque.

Manon, quant à elle, parait la plus « lucide », mais aussi la plus dure. Là où elle se voudrait « maternelle » avec sa soeur et son frère, elle est cassante et sèche. Là, où elle se voudrait apaisante et compréhensive, elle n'est qu'amère et abrupte. Là où elle voudrait tant pleurer, les larmes ne viennent pas.

Manon, qui, sans hésiter a tout laissé tomber depuis l'accident de sa mère pour revenir parmi les siens. Qui a laissé sa vie entre parenthèse, sa vie de nouvelle mère où elle peine à trouver sa place, sa vie auprès de son mari, Simon. On peut se demander jusqu'où va le devoir d'ainé et quand peut-on commencer à parler de fuite en avant ?

Car cet évènement a un retentissement personnel sur chacun d'entre eux. On découvre une Manon, incapable de communiquer avec sa mère – il lui est impossible d'adresser la parole à cette « personne » couchée dans ce lit, immobile, inerte et muette – mais il lui est aussi difficile de communiquer avec son bébé. Et le « baby-blues » n'explique pas tout. On le voit au début, elle est presque « soulagée » de devoir se rendre au chevet de sa mère...

Quant à Adèle et Gabriel, ils se retranchent dans le mutisme total, chacun ayant un souvenir différent de sa propre mère avec un vécu différent. le père, lui, est relégué à un rôle complètement secondaire ; il est quasiment « absent » du tableau et n'intervient que de manière totalement anecdotique. On le retrouve pourtant vers la fin, bien présent lors du dernier acte mais sans vraie consistance un peu comme s'il avait été « exclu » du récit. Cette histoire-là, était essentiellement celle de la mère et de ses enfants et traitait principalement de la relation à la mère.

Cette mère « inconnue », qu'ils découvriront au fil d'une histoire et qui se révèle être pathétique, triste, torturée et terriblement humaine finalement ne les rapprochera pourtant pas suffisamment; la découverte de certains de ses secrets ne comblera malheureusement pas le gouffre qui s'est installé petit à petit entre la fratrie.

Chacun s'en retournera vivre sa propre vie, à ses occupations qu'ils avaient mis de côté le temps d'un moment, sans plus s'occuper des uns et des autres désormais. le lien qui les unissait, fragile et ténu et sur lequel ils tiraient depuis l'enfance, semble s'être définitivement rompu.

Krys Aline a commenté Cadran :
Le 12 juin, 2018 - 08:10

Une nouvelle plume et autant de promesses de lecture à découvrir! Curieuse de tout, attirée par les thrillers bien ficelés (tant qu'à faire !!), celui-ci aillant eu le Prix des Lecteurs France Loisirs 2016, c'est avec enthousiasme que j'ai abordé la lecture de ce polar qui ne m'a pas déçue.

L'histoire tient la route (un type - Anthony Stovak - part à l'enterrement de son frère, tout est normal… le lendemain, il retourne à son boulot pour une affaire urgente et là plus personne ne le reconnait. Ni ses collègues, ni sa propre famille. Il n'est plus lui !! Alors, il devient « George Lawrence » contraint et forcé pour essayer de comprendre ce qui (lui) arrive).

On est assez vite "embarquée" dans ce labyrinthe inexpliqué où se succèdent les situations insensées. Aucun temps mort dans cette narration très rythmée, de l'action, du suspense, de la psychologie (un peu), tous les ingrédients y sont pour un polar réussi. J'ai deviné malgré tout le coupable bien avant la fin et l'orientation que prend l'histoire n'est pas parmi mes sujets favoris, mais bon, pourquoi pas. Un début très prometteur donc! .... on attend la suite des œuvres de ce monsieur avec impatience!

Krys Aline a commenté Le Cri :
Le 12 juin, 2018 - 08:05

J'avoue avoir acquis ce livre « à cause » de (ou « grâce à », c'est selon…) sa magnifique couverture, mystérieuse et évocatrice mais je dois dire qu'il n'a rempli ses promesses qu'à moitié et finalement je ressors de l'aventure avec un avis très « mitigé »….

Tout commence sur les chapeaux de roue : un hôpital psychiatrique, un cadavre, une mort suspecte, une inspectrice avec des problèmes dans sa « life »… ça démarre fort et bien !! … le dit « mort », se serait étranglé lui-même… un suicide ? Peu plausible (car enfin, peut-on raisonnablement se serrer la gorge soi-même suffisamment fort jusqu'à strangulation complète ??) comme le souligne le légiste, qui diagnostique plutôt un arrêt cardiaque suite à une « très très grosse frayeur »… de quoi a-t-il bien pu avoir si peur ? le suspense est total, et l'enquête commence bien…

Sarah Geringën, qui vient de se faire méchamment larguer par son cher et tendre va se lancer à corps perdu dans l'enquête sur ce curieux patient de l'hôpital psychiatrique norvégien de Gaustad qui a une bien étrange inscription sur le front et dont personne ne semble se souvenir d'où il vient. le patient « 488 » ainsi surnommé à cause de cette fameuse inscription, qui couvrait sa chambre des mêmes graffitis inlassablement sans que personne ne sache ce qu'ils signifient, va les emmener de Norvège, à Paris, puis à Londres, sur l'ile de l'Ascension, aux États-Unis dans le Minnesota et même à Nice pour le retour en France! A Paris, elle y fera la rencontre de Christopher, journaliste d'investigations et de terrain avec qui elle continuera l'enquête et quelle enquête !!

Ça tourne carrément au « James Bond » où les héros ne mangent jamais, ne dorment pas et continuent à se battre malgré les coups et la douleur. C'est simple, ils sont « increvables » !! de vraies « machines de guerre » !! Et même s'ils ne sont pas tous formés pour et bien ça n'est pas grave, ils sont « trop forts » quand même !!.... même « mort », ils ne le sont pas !!!! C'est tout de même parfois un peu « gros » à avaler mais qu'importe ; pas de temps mort, ça bouge, il y a de l'action (plein d'action), des courses-poursuites à la limite de la crédibilité, un chouïa de romance, beaucoup de déduction, un brin d'ésotérisme, des expérimentations pseudo-scientifiques : donc, tout y est... Justement c'est là que le bât blesse, il y a trop de tous les genres en fait… polar nordique, espionnage, chick-lit, roman cabalistique, dark romance. On se croirait dans un film en cinémascope (on voit là le côté « scénariste » de l'auteur qui ressort bien)…

Oui….. Oui mais voilà, la fin m'a beaucoup déçue et n'est pas du tout à « la hauteur » du bouquin à mon sens. C'est un peu comme un soufflé qui serait « monté » à la cuisson, puis serait retombé brusquement d'un coup, à sa sortie. Ça m'a fait quasi le même effet. La tension monte petit à petit au fil des pages et on y prend plaisir …. pour redescendre d'un coup à la fin. Plaffff !!! Comme « un plat » à la piscine !

Quand Sarah arrive à l'H.P., le thriller prend une bonne tournure, quand elle rencontre Christopher, le frère de celui qui a mis « le feu aux poudres » finalement, on commence à « tiquer » ; quand intervient une histoire de tout-vilain-pas-beaux de la CIA avec leurs expériences et leurs méthodes plus que douteuses, on se dit que ça devient « too much » avec le côté « factice » des bagarres à l'américaine… et la fin, servie comme un feu d'artifice avec un bouquet « final » d'enfer reste malgré tout « convenue » (comme un scénario bien rodé, typographié et réglé à la virgule près) et m'a laissée un peu de marbre. Vraiment dommage car j'avais été emballé par la première partie consacrée à l'univers psychologique et psychiatrique. Je n'en garderai malheureusement pas un souvenir impérissable !

Le 12 juin, 2018 - 08:03

C'est mon premier roman de Patrick Graham (j'ai été séduite pas la couverture qui montre un marcheur avec cette notion d'infini et de désert autour avec un ciel sombre et électrique en toile de fond, j'ai pourtant attendu presque 3 ans avant de me mettre à sa lecture je ne sais trop pourquoi d'ailleurs et ce ne sera surement pas le dernier tant celui-ci m'a emballée).

Il m'a fait l'effet d'un véritable coup de poing, un vrai roman « choc », une grosse claque et une prise de conscience terrible et tragique: il y a du Steinbeck dans ces descriptions là (on pense inévitablement aux "Raisins de la colère" ou même "Des souris et des hommes") où l'on retrouve une intensité dramatique très forte, tragique, voire apocalyptique ; une description précise de la misère de cette époque catastrophique et meurtrière et des expropriations immobilières en masse. Mais pas seulement, il y a aussi du Tarantino car c'est aussi construit comme un thriller sanglant et violent aussi, semé de cadavres tout au long du chemin et le suspense latent est mené d'une main de maître ! Les descriptions des personnages sont précises, percutantes, sensibles et terriblement parlantes. On imagine très bien les scènes. On les visualise comme si on était au cinéma.

L'histoire se situe donc pendant la grande Dépression aux États-Unis. C'est une vaste fresque historique qui nous est contée là, avec pour décor l'Amérique des années 30, après l'énorme crash boursier de 1929. La misère et la famine sévissent partout, les gens sont expropriés et jetés sur les routes en quête de travail. Les banques prennent les petits propriétaires à la gorge afin de récupérer leur terre, la corruption règne en maître et ça a une résonance étrange avec notre propre époque finalement…

On commence donc avec « l'homme », ancien soldat démobilisé qui s'en retourne retrouver sa famille. Mais il s'aperçoit qu'ils ont été victimes de la crise, qu'ils n'ont pas survécu et que sa maison est en cendre. Ayant tout perdu, il se retrouve à courir après sa vengeance à travers le sud. En tuant le banquier responsable de l'expropriation de sa famille il rentrera aussi en possession de 3.000.000 $ de bons aux porteurs appartenant à la mafia et surtout d'une liste de politiciens et de policiers véreux, impliqués dans des expropriations abusives et diverses activités illégales. Ils n'auront donc de cesse de le traquer afin de remettre la main sur ces documents compromettants. Les hommes de Maranzano, le parrain local, le Marshall ripoux Strickland, organiseront une véritable chasse à l'homme et le poursuivront à travers les états du Sud sans relâche.

Sur sa route, il trouvera un travail temporaire dans une ferme et croisera celle de Carson Fletcher-Mills, jeune adolescente d'à peine 15 ans dont toute la famille sera exterminée par la mafia, suite à une « bévue » de sa part qui les a fait repérer. Forcés de fuir pour échapper à leurs poursuivants, ces deux destins à la rencontre improbable vont entamer un road-movie étourdissant, semé d'embûches et de cadavres. Ils seront surnommé « les marcheurs » par la population pauvre dont ils deviennent bientôt les héros malgré eux. Ils traverseront la Floride, la Géorgie, l'Alabama, , le Tennessee, l'Arkansas et l'Oklahoma souvent à bord de ces trains qui traversent les États-Unis peuplés de hobos, d'êtres désespérés et affamés, prêts à accepter n'importe quel travail pour quelques sous ou un bol de soupe.

Il y a aussi le destin tragique d'Anna, une jeune journaliste qui enquête sur les malversations immobilières et les abus politiques. Elle sera protégée par des mafieux d'un cartel cubain qui avaient une dette envers elle. Elle fera de son mieux afin de venir en aide aux marcheurs en relayant des appels sur les ondes des radios locales « libres ».

Ces destins enfin, deviennent le symbole de la lutte des petits propriétaires, des métayers et de tous les oubliés de la terre contre la corruption, les banques et la pieuvre qu'est la mafia.

La force du récit est époustouflante, poignante et désespérée. On s'attache aux personnages, à cette écriture sombre et magnifique, urgente et nécessaire mais aussi porteuse d'espoir : une lecture dont ne sort pas indemne.

Le 11 juin, 2018 - 08:56

Tout d'abord, je souhaiterai faire une mention spéciale pour la couverture de ce roman qui est de toute beauté. Une vraie réussite ! Comment ne pas succomber à ce regard d'or envoutant, hypnotique et à cette fourrure sombre ? Moi, j'avoue, j'ai plongé direct ! J'adore les chats et ce sujet ne pouvait être que pour moi !! Soit, le but « commercial » non déguisé est sans doute d'attirer l'attention des « amis » des chats », mais pas que...

Mais enfin quand même pourquoi noir? Alors que Bastet semble tigrée et Pythagore est un siamois…. Il existe bien des siamois noir mais qui n'ont rien à voir avec ce chat à poils longs de la couverture. Bon, je cherche « la petite bête » me direz-vous….

Alors, c'est vrai que Werber n'est pas un inconnu pour moi et j‘étais très près de devenir une véritable « inconditionnelle » de ses œuvres après plusieurs lectures qui m'avaient enchantée. Loin d'avoir épuisé tous ses romans publiés j'ai quand même lu et aimé la trilogie des « Fourmis », adoré « le rêve de Cassandre » et lu aussi la trilogie de la « troisième humanité» ainsi que « le papillo, des étoiles». « L'encyclopédie du savoir relatif et absolu» (auquel Werber se réfère toujours dans ses romans) et « l'arbre des possibles » sont jubilatoires, j'adore !

Je savais donc déjà que Werber était un peu « barré » parfois et qu'il nous embarque souvent dans des histoires invraisemblables mais fort plaisantes et bien tournées. Des trucs bien délirants et complètement farfelus, mais plein de charme et de poésie. Des « feel-good books » en quelques sorte, très axé écologie et le sauvetage de la planète Terre comme élément central, presque toujours.

Ici, les chats ont remplacé Les fourmis. Les deux principaux protagonistes de cette histoire sont : Bastet, du nom de la Déesse Egyptienne à tête de chat est une belle chatte Montmartroise et Pythagore, son voisin, un ancien chat de laboratoire doué d'un étrange pouvoir: celui de recevoir des informations sur le monde humain (et non pas en émettre et dialoguer avec eux), via une sorte de port USB (le troisième oeil) et via Internet. Bastet, elle, est persuadée de pouvoir communiquer directement avec Nathalie, son « humaine » et avec tous les animaux, du reste, en leur envoyant des ondes et des pensées en ronronnant sur différentes fréquences. L'histoire se déroule à travers leurs regards et c'est assez « rigolo » finalement d'imaginer comment peuvent nous percevoir et nous comprendre nos petits animaux "domestiques".

Il y aussi tout un tas d'autres animaux dans ce bouquin, des « gentils » tel Hannibal le Lion, qui va les sauver de pas mal d'embarras, Angelo, le chaton de Bastet, Esméralda, Wolfgang, et puis des « méchants » tel les hordes de rats conduites par Cambyse qui s'acharnent sur chaque être encore vivant.

Les personnages secondaires ici, sont les humains. Nous, nous pensons être les « maîtres » de nos animaux de compagnie, eux pensent que nous sommes que des serviteurs dévolus à leur bon plaisir.

Les humains, dans ce livre sont en train de basculer (à vitesse grand V) dans la guerre civile et succombent aux attaques terroristes de fanatiques religieux, pas clairement énoncés ici, mais dont on devine aisément l'identité. Paris (puisque c'est là que se situe l'action) est devenu un chaos indescriptible. Bientôt la faim et la peste font des ravages, propagés par des rats en excellente forme. Les Hommes (et les animaux) survivent comme ils peuvent et se regroupent tant bien que mal.

L'histoire des chats à travers les civilisations et leurs relations avec les humains est assez intéressante (tour à tour adorés, sanctifiés et honnis) surtout relatée par Pythagore qui en fait une « lecture » toute « féline ».

Bon, l'idée de base n'est pas mauvaise, mais franchement je n'y ai pas trouvé « l'étincelle » recherchée pour m'attacher à toute cette galerie de personnages tant humaine qu'animalière. J'ai trouvé les dialogues entre chats un peu trop simplistes voire naïfs mais ils ont le mérite de rester « accessibles », et puis j'ai aimé leur poésie et leur tendresse. Alors, Il faut vraiment laisser place à toute son imagination pour adhérer à la proposition de Werber, ce que je n'ai pas réussi à faire complètement cette fois-ci.

Cela reste néanmoins un bon roman d'anticipation, un conte philosophique très divertissant et léger ; il ne me laissera pas une impression impérissable mais la lecture en reste cependant très agréable.

Le 11 juin, 2018 - 08:47

Térèse Collins est grande, blonde ; elle est magnifique ! Elle a une belle prestance, des yeux bleus aux pupilles cerclées d'or, un port de tête majestueux et les épaules dégagées. Mais Térèse est partie du jour au lendemain, abandonnant tout derrière elle, y compris son histoire avec Myron Bolitar (le très « fameux » agent sportif dont Harlan Coben a fait une série). Bien sûr cette histoire n'était que la rencontre de deux « naufrages » à une époque de leur vie et ne pouvait sans aucun doute pas perdurer raisonnablement au-delà de leur brève mais intense idylle dans une ile paumée 7 ans auparavant. Ils ne connaissaient rien l'un de l'autre. Ils n'ont pas posé de questions. Ils ont juste vécu l'instant « T ». Et la vie a continué….. avec et sans eux…

« Avec » pour Myron, qui vivote une nouvelle histoire avec Ali, une jolie « veuve du 11 septembre ». Histoire qui malheureusement semble sur le point de s'achever. On le sent donc fragilisé, instable moralement, et émotionnellement affecté.

Et, c'est « sans » pour Térèse qui est partie se cacher en Angola pendant plus de 7 ans sans aucun espoir de se reconstruire un jour, à la suite du décès de sa fille de 8 ans dans un terrible accident de voiture où Térèse était aussi.

Dans ce neuvième opus de la série, Myron va donc enquêter pour le compte de son amie Térèse qui a refait surface à Paris à la demande expresse de son ex-mari. Ex, qui se fait rectifier direct avant d'avoir pu entrer en scène et avant de lui avoir révélé à Térèse un secret qui devait bouleverser toute sa vie. Evidemment, Madame devient immédiatement suspecte et Myron de chercher à l'innocenter.

C'est le début de bien des aventures, qui nous emmènera de Paris à New York en passant par Londres, pas toutes toujours très réalistes ces aventures, il faut le dire, mais grosso-modo ça ne marche quand même pas trop mal. J'ai bien aimé le tempo de l'histoire, sa tonalité générale et son propos. Mais vers la fin, je trouve que ça part un peu en vrille! Les péripéties rythmées et sportives de notre héros deviennent du coup plus très crédibles à mon sens et c'est dommage! le suspense est pourtant bien instillé ; l'intrigue tiens bon gré, mal gré, assez bien la route. Dévoiler le texte masqué

En tous cas, ça se lit bien, facilement. Pas d'effets de style tarabiscotés, c'est reposant. Surtout que juste avant j'avais « calé » sur un autre policier (pour l'instant je n'ai pas réussi à dépasser les 30 pages !) qui est donc resté au point mort sur ma table de chevet…. J'y retournerai plus tard, surement….

Mais voyez-vous LE problème des livres qui se lisent vite et facilement, c'est que malheureusement on les oublie vite aussi ! J'ai lu quantité de H. Coben et peu m'ont vraiment marqué, en fait, tel les « sous haute-tension», « dans les bois» ou « à quelques secondes près »…. Non, rien depuis « Ne le dis à personne»!

On notera au passage, la galerie de portraits toujours assez fournie, avec les « anciens » comme Win (Windsor Horne Lockwood), le meilleur ami de Myron, un homme étrange et excentrique qui, pour protéger ce dernier, n'hésite pas à utiliser les méthodes les plus radicales et les plus extrêmes. Esperanza et Big Cindy qui travaillent en collaboration avec Myron. Il y a, Térèse, personnage énigmatique, qui est apparue une première fois dans « mauvaise base ». Je souligne aussi ici, la personnalité attachante de Berléand, le flic français, que Myron embarquera dans ses aventures jusqu'aux Etats-Unis… (On a là un clin d'oeil à l'adaptation cinématographique de « Ne le dis à personne» de G. Canet) mais niveau hommage à la France, malheureusement ça s'arrête là, car on a droit hélas, à tous les clichés qu'il peut exister sur les français et les poncifs qui s'y rapportent.….

Sinon, le fait d'avoir lu cet ouvrage maintenant (en 2017) fait un étrange écho aux différents attentats qui ont eu lieu à Paris en 2015 et 2016, sans parler de partout ailleurs dans le monde. Je pense qu'on ne se dit pas la même chose en 2017 qu'en 2009 ou 2010… à la lecture de la fin de ce roman.

Krys Aline a commenté Le doute :
Le 10 juin, 2018 - 22:49

«Le Doute» c'est l'histoire de Sarah, journaliste, d'Angus, architecte, de Kirstie et de Lydia, leurs jumelles monozygotes, parfaitement identiques et in différentiables y compris dans leurs ADN et de Beany le gentil springer anglais qui forment une famille parfaite, au bonheur sans nuages et que tout le monde envie. Mais ce bonheur parfait va soudain voler en éclat, le jour où un malheureux accident se produit dans la maison des grands-parents maternels des petites et que l'une des deux jumelles, Lydia, y perd la vie. Les apparences et la façade qu'offraient le couple s'effondre alors et Angus, ne sachant comment faire face se réfugie dans l'alcool et perd son travail et que Sarah, quant à elle, sombrera dans la dépression et n'émergera qu'un an après le drame.

Le livre commence à Camden, dans un quartier de Londres, avec la préparation du déménagement que prévoient Sarah et Angus sur l'ile de Torran (l'île du tonnerre), une île totalement isolée au large de l'écosse et de l'île de Skye, héritée de la grand-mère d'Angus. Une île sauvage aux paysages magnifiques mais hostiles à ses habitants avec ses vasières qui se transforment en pièges mortels pour ceux qui s'y aventurent en dehors des trois ou quatre heures de répit que propose la marée basse. Une île inhospitalière pour une famille qui cherche à se reconstruire.

En effet, Sarah et Angus, désireux d'aller de l'avant et tenter de tourner définitivement la page de ce douloureux épisode de leur vie après l'accident qui a donc couté la vie à l'une de leur jumelle, décident de tenter un nouveau départ pour la survivante, Kirstie et de laisser une seconde chance à leur couple également.

Mais tout ne se déroule pas de façon idyllique et ce déménagement va bien vite tourner au cauchemar. La maison que Sarah va trouver, loin de ressembler aux photos vues sur internet, et loin de l'idée résolument positive qu'elle a bien voulu s'en faire, est presque inhabitable, en partie détruite, complètement délabrée avec les rats qui y ont élus domicile : tout est à reconstruire. de plus l'isolement est complet puisque le téléphone passe par une pauvre ligne antique et chaotique et avec la plus grande difficulté, et qu'en plus il n'y a aucun réseau disponible donc pas de téléphone portable ni internet.

L'atmosphère va encore s'alourdir lorsque Kirstie, en proie à des troubles psychologiques grandissants va déclarer être en fait Lydia. A partir de là, tout part en vrille…. Kirstie, la rescapée serait en fait Lydia, induisant une terrible erreur d'identification lors de l'accident. Mais est-elle vraiment Lydia ? Car l'une est l'autre et inversement, ou peut-être est-ce le contraire ? Et si finalement Lydia était vraiment Kirstie ? ou peut-être fait-elle semblant d'être l'autre ? Comment savoir ? le doute s'installe, insistant, persistant, sournois et destructeur. Les rancœurs accumulées au sein du couple, les non-dits, les accusations, les sous-entendus s'insinuent entre eux, rendent la tension palpable entre eux et vont à terme, détruire le peu de confiance qu'ils avaient encore l'un dans l'autre.

Les épreuves s'accumulent au cœur de cette île hostile et secrète qui accentue encore leurs différences ; puis les ennuis continuent avec la scolarisation de la jumelle. Lydia ou bien Kirstie (?) va être mise à l'écart par ses camarades de classe qui ont peur d'elle car la fillette continue à s'adresser et jouer avec sa sœur comme si elle n'était pas morte. Il faudra plusieurs tentatives de la part de Sarah avant que la situation ne s'envenime, que l'école ne l'exclue temporairement d'abord, puis la réintègre et qu'elle ne jette finalement l'éponge devant le martyr que vit sa fille.

Devant les affirmations catégoriques de Kirstie (« Maman, c'est Kirstie qui est morte, moi je suis Lydia...Pourquoi tu m'appelles tout le temps Kirstie? »), après avoir relevé que le comportement de leur chien, Beany, avait changé depuis la mort de Lydia et noté qu'il se comportait avec Kirstie comme si elle était Lydia et enfin, après avoir fait un ultime « test » avec sa fille, Sarah est finalement persuadée que c'est donc Lydia qui est la survivante tandis qu'Angus est certain qu'il s'agit de Kirstie. Chacun est finalement content de ces demi-vérités puisqu'ils pensent que c'est leur « préférée » respective qui est vivante. Mais que cela cache-t-il ? Pourquoi Sarah ne se souvient-elle de rien concernant la période post-accident ? Que s'est-il passé exactement le jour de l'accident ? Pourquoi ont-ils déduit qu'il c'était Lydia qui était tombée alors qu'elles étaient vêtues de la même façon toutes deux et qu'aucuns signes ne les distinguais l'une de l'autre ? Pourquoi Angus semble s'éloigner de plus en plus de Sarah et nourrir une haine tenace envers elle ? Autant de questions auxquelles il faudra qu'ils fassent face pour arriver à déterminer la réalité.

Tout au long du livre, on suspecte d'un côté la mère d'être un chouilla déséquilibrée, en tout cas pour le moins très déstabilisée par la mort de l'une de ses filles, de l'autre le père, d'être nébuleux, inquiétant voire manipulateur et même malsain peut-être ; on soupçonne aussi Kirstie d'être Lydia ou puis aussi l'inverse ; bref à la fin on ne sait plus qui fait quoi dans l'histoire et le but de l'auteur est donc parfaitement atteint. L'ambiance pesante et glauque sur laquelle plane ce fameux « doute » est à ce point bien rendue que l'on s'y perd et on se laisse finalement mener en bateau jusqu'au final qui hélas flirte un peu trop avec le paranormal et le fantastique à mon goût (un peu « too much » pour moi). Je dirais donc globalement, efficace et réussie, l'histoire tient en haleine et entretient l'addiction jusqu'à la fin. Juste un tout petit bémol sur la fin à mon sens …. Mais bravo ! Je n'en espérais pas tant pour un premier roman (quoiqu'il s'agisse en fait d'un pseudonyme d'un écrivain très connu en Angleterre: Sean Thomas)!... Et jamais titre de livre n'a aussi bien porté son nom je trouve!!

Krys Aline a commenté L'espionne :
Le 10 juin, 2018 - 22:43

Toujours charmée par l'écriture poétique de Paolo Coelho qui sait si bien nous emporter dans son univers fait de paraboles et de métaphores philosophiques et après avoir lu « l'Alchimiste » que j'avais adoré, puis « Veronica décide de mourir », « sur le bord de la riviera Piedra » et « le démon et mademoiselle Prym », je me lance cette fois dans la lecture de « l'Espionne », biographie romancée de la célèbre courtisane Mata Hari fusillée en 1917 pour espionnage pendant la première guerre mondiale.

Arrivée des Pays-Bas sans un sou vaillant, Margaretha Geertruida Zelle de son vrai nom, rêvant de luxe et de liberté deviendra danseuse « indienne » (danse inventée par elle qui ne se rapporte à rien de connu dans le milieu asiatique ou indien) et osera se dévêtir sans aucuns complexes devant les plus riches et les plus puissants de l'époque, devenant ainsi la coqueluche du « Tout Paris » de ce début de XXème siècle.

En donnant la parole à cette femme trop en avance pour son époque, Paolo Coelho en fait une héroïne douloureusement humaine. On la découvre tour à tour, docile, provocante, méprisante, orgueilleuse, bravache, perdue, déçue, une femme-enfant à la limite de l'irresponsabilité, plus manipulée que manipulatrice elle-même, flouée, violée et finalement très mal-aimée. Ce livre écrit à la première personne du singulier, est constitué de lettres qu'elle écrit à son avocat depuis la cellule où elle est enfermée en attendant l'application de la sentence du verdict du procès (la mort) et qui devra les remettre à sa fille pour qu'elle sache qui était véritablement sa mère.

Parce que cette Escort-girl de luxe et de haut vol, habituée à l'argent et au succès, a rencontré et côtoyé les plus grands de l'époque des milieux politiques ou artistiques ce qui lui vaudra d'être « approchée » par les Allemands en cette fin de guerre. Pendant cette période trouble, Mata Hari va effectivement se rendre en Allemagne, prendre l'argent qu'on lui offre sans avoir l'intention de donner quoi que ce soit en échange (d'après COELHO) puis tente de revenir en France pour y dénoncer la subordination et offrir ses services à l'armée qui aussitôt la soupçonne de trahison. Il ne faut pas oublier qu'on est dans le contexte de l'après Dreyfus et que la justice cherche à faire un exemple. Elle le trouve en la personne de Mata Hari, qui bien que portée aux nues par le gratin de la société, sera immédiatement honnie et mise au ban dès qu'elle sera accusée de traitrise. Plus personne pour défendre cette femme, ivre de liberté et grisée d'excès, à part un bien piètre avocat, Maître Clunet qui ne pourra éviter l'exécution.

Ce livre, très bien écrit, survole cependant la vie de l'artiste qu'elle était, sans rentrer dans les détails de ses relations avec certains dignitaires français et allemands, ce qui aurait été très utile pour nous éclairer plus complètement sur le rôle qu'a pu jouer Mata Hari. En restant vague et approximatif, Paolo Coelho a pris le parti de ne nous conter que la version romanesque de sa vie en démontrant, sans ambiguïté, qu'elle était selon lui innocente du crime dont on l'accuse mais pas exempte de reproches concernant ses mœurs.

Je dirais que ce court roman constitue une « mise en bouche » et qu'il nous donne l'envie d'en découvrir plus sur la vie de cette femme bien trop émancipée pour son temps, qui n'en faisait qu'à sa tête et qui a connu un succès fulgurant, a également eu une fin tragique et a payé de sa vie ses désirs de liberté: c'est le destin d'une grande héroïne, romantique en diable et cependant très énigmatique et équivoque. Elle reste et restera un grand mystère pour toujours et un fantasme aussi pour un bon nombre de personnes.

Krys Aline a commenté Fallen angel :
Le 10 juin, 2018 - 12:44

Alors, pour être tout à fait honnête, je n'aurais jamais dû embrayer la lecture de ce livre directement derrière « Rêver » de Thilliez. Il ne supporte en effet pas la comparaison hélas, puisqu'ils concourent dans la même catégorie : le thriller. Je vais néanmoins essayé de rester objective.

L'histoire démarre directement sur les derniers détails qui précèdent le meurtre de la très célèbre chef d'orchestre de musique contemporaine, ancienne star de rock, Lucie Fersen lors de la générale de presse de son concert à la Philharmonie à Paris, le soir de Noël.

Sybille quant à elle, y assiste justement en tant que journaliste. Habituellement déléguée à écrire des articles sur la banlieue (sous le prétexte qu'elle est « jeune »), elle est « réquisitionnée » le soir de noël pour faire « un papier » sur le concert de l'année. En fait de concert, sa quête va bientôt tourner à « l'enquête » au ton très « polardisé ».

En effet, elle sera aux premières loges lorsque Lucie sera abattue en plein milieu d'un morceau de sa composition, la « Deuxième Symphonie de l'Apocalypse », pile lorsque les cymbales se déchaineront. Mais Lucie ne meurt pas sur le coup… Ce qui entrainera alors la désorganisation du tueur.

On découvre aussi peu à peu, au travers des auditions qu'effectuera la police de différents témoins dont Sybille se fera la traductrice (eh oui, ils sont américains !), la vie de Lucie, qui elle était ; petite fille introvertie qui a échappée à un terrible accident de voiture à cinq ans qui a couté la vie à se mère, presque asociale, pour qui le chemin semblait tout tracé avec un papa très caractériel, chef de son propre orchestre, le Fersen Orchestra. Cependant, petit prodige, elle fera sa « crise d'adolescence » à dis ans et se lancera dans le rock à treize pour finir par raccrocher et finalement rentrer « dans le rang » sept ans plus tard. On s'attache peu à peu à cette personnalité complètement hors du commun; une écorchée vive qui est bouleversante finalement malgré ses abords abruptes, sans concessions et qui semble être un parangon d'égoïsme.

On a donc deux points de vue qui s'alternent, celui du tireur et celui de la journaliste. Pas de temps mort, tout s'enchaîne parfaitement, c'est fluide. L'enquête est menée tambour-battant par Sybille, aidée dans ses recherches par sa meilleure amie Anouk, qui travaille dans la police – et qui a été réquisitionnée tout comme elle, le soir de noël – et de Benjamin, un ami avocat.

De son côté, Sybille la petite trentaine comme ses deux amis a tendance à ne pas vouloir "grandir" et peine à trouver sa place dans le monde trépidant d'aujourd'hui. Avec leurs questionnements sur leur devenir, ils sont très touchant aussi.

Le ton est léger, il y de l'humour, l'histoire coule bien mais le monde semble un peu trop s'ouvrir facilement devant cette « jeune » journaliste justement. Elle obtient des interviews et des renseignements confidentiels sur l'affaire, un peu trop les « doigts dans le nez » à mon goût, mais bon ça se lit bien, on rentre vite dans l'histoire, c'est plaisant. Certaines descriptions, notamment sur l'analyse technique de la musique sont à mon sens, très fournies avec un vocabulaire très fouillé et précis, pour moi qui suit complètement néophyte sur la question. J'ai donc eu l'impression d'apprendre des choses, ce qui flatte ma curiosité, c'est un bon point.

Alors ici, pas de tortures psychologiques, pas de flashbacks sauvages et déstabilisants, pas de jeu de cache-cache pervers, un style direct, clair sans être simpliste et percutant. Cependant, les phrases parfois construites bizarrement me font un peu tiquer et ont gêné un peu ma lecture, mais ce n'est pas capital.

Pas le thriller de l'année donc, loin s'en faut, mais très intéressant tout de même. J'ai eu l'impression que l'écrivain voulait toucher plutôt un public d'ados. Mais ce n'est qu'un simple avis, parmi tant d'autres…

Le 10 juin, 2018 - 11:55

Il s'agit donc du deuxième opus sorti en 2005, chronologiquement parlant, dans la bibliographie de l'auteur, après "Train d'enfer pour Ange rouge" en 2003. "La chambre des morts" a fait l'objet d'une adaptation au cinéma par le réalisateur Alfred Lot en 2008 avec notamment l'excellente Mélanie Laurent. Ce Livre a reçu 2 prix littéraires: en 2006, celui des lecteurs Quais du Polar et en 2007 le prix SNCF du Polar Français.

L'histoire: Deux informaticiens licenciés décident de se venger en taguant les murs de leur usines de propos injurieux, puis un pari insensé: celui de rouler au milieu d'un champ d'éoliennes désert, en pleine nuit, le plus vite possible, tous feux éteins. Juste pour le fun ....Mais au moment le moins inattendu, un choc immense. Puis la découverte d'un corps sans vie, et à côté, deux millions d'euros dans un sac de sport. A ce moment-là, ils ont encore le choix ...... pas forcément le bon, car le destin rattrape toujours ceux qui se croient à l'abri. La découverte d'une fillette assassinée à quelques centaines de mètres du lieu de l'accident, ne fera qu'amplifier le cauchemar qui commence, qui le poursuivra jusqu'à la fin et qui a pour nom: La Bête.

L'écriture est toujours "déliée", "fluide", limpide, incisive, expressive, tellement "parlante" qu'elle en est criante de vérité, de mortalité! Un paysage campé dans le Nord de la France, glacial et morne du plein hiver, cet univers des anciens corons où tout semble désolé, gris, mort, noir et usé. Une ambiance un peu glauque, lourde, pesante, presque poisseuse. Des descriptions précises, nettes, chirurgicales sur des sujets très fouillés, très documentés. le suspense est bien mené avec un rebondissement à chaque chapitre ou presque, entre vraies et fausses pistes.

On pourrait arguer qu'il présente quelques similitudes avec le « Silence des Agneaux », mais traité « à la française », non vraiment le « rendu » est différent.

Pour Lucie Hennebelle fraîchement sortie de l'école de police, brigadier à qui l'on confie que des tâches subalternes ou des permanences d'accueil au commissariat, c'est sa toute première enquête "sur le terrain" qui l'emmènera fleurter avec la mort et ses démons intimes, car les personnages de Thilliez sont toujours « torturés » intérieurement, et ça n'ira qu'en s'accroissant au fil de ses romans ! Oui, d'aucuns diront qu'il est peu plausible qu'un simple brigadier, seule qui plus est, serait à même de prendre de telles initiatives (dans la vraie vie), mais ce n'est qu'un roman!!! Et il faut bien un commencement pour un « héros » !!!!!

Alors, bien que l'histoire soit remarquablement bien ficelée, que l'écriture nous tienne toujours en haleine et qu'elle ne se démente pas jusqu'à la dernière page, mon tort assurément a été de ne pas lire les livres de Thilliez dans l'ordre chronologique, car après avoir lu « Deuiles de miel », « La mémoire fantôme » (avec Lucie Henebelle plus torturée que jamais) et le Génialissime, le Brillantissime « Anneau de Moebius » où les destins collectifs se confondent et se confrontent aux travers des mémoires intimes jusqu'au paroxysme ultime d'une noirceur absolue ou plus aucune rémission ne semble possible, il faut bien prendre « La chambre des morts » comme une deuxième œuvre d'auteur, largement saluée par la critique et donc une vraie belle réussite.

Le 10 juin, 2018 - 10:07

Cette histoire de violence conjugale et de harcèlement moral résonne étrangement d'actualité en ces temps troublés par les plaintes en cascades qui pleuvent en ce moment de tous les coté de l'atlantique!

En effet ce livre raconte l'histoire d'Amandine Moulin qui a disparu mystérieusement tout à coup sans laisser de traces, mais seuls ses parents et sa soeur semble s'en émouvoir...

Son mari Henry , brillant prof de lettre admiré de tous, n'a signalé sa disparition que plusieurs jours après celle-ci (une semaine après) et il semble croire à l'hypothèse d'un suicide révélant les tendances dépressives de sa femme et du fait qu'elle aurait été "perturbée mentalement". il ne semble, ni troublé, ni soucieux, ce qui en fera le suspect n°1 dans l'enquête qui va s'ouvrir.

Cependant sa famille n'y croit pas car elle aurait laissé ses 3 filles, Zoé, Jade et Lola derrière elle; chose impensable pour ses parents, de même que pour sa soeur. Pour eux, et pour échapper à l'enfer qu'elle vivait avec son mari, elle trouvait une échappatoire dans son travail et dans la musique qu'elle passait à fond dans sa voiture les jours "sans".

Hervé Filipo, ex d'Amandine et chef de la police se débrouille pour récupérer l'affaire qui piétine et confier l'enquête à son meilleur limier: Yoann Clivel. Celui ci prend l'affaire au sérieux et creuse toutes les pistes possibles. Il fera même appel a un chien "renifleur" "Bestoff" qui le conduira au pied d'un pont où coule la Seine et où ils récupèreront son portable semblant confirmer la thèse du suicide.... ou du meurtre. Cependant aucun cadavre ne sera repêché... le mystère demeure donc entier.

Le livre est construit sur deux point de vue: celui de Clivel, l'enquêteur qui tente de remonter la piste et rassembler des preuves contre le mari qui est l'idéal suspect alternant avec celui d'Amandine qui raconte sa vie avant sa disparition. Ces flash-back donnant ainsi un éclairage nouveau sur son vécu conserve un rythme constant au récit et le rend agréable à lire.

En effet il s'avère qu'Amandine vivait un enfer avec Henry qui la harcelait psychologiquement et la faisait vivre dans la terreur constante en soufflant le "chaud et le froid". Pour autant Amandine lui trouvait cependant des excuses et tentait de lui donner d'autres chances de s'amender à chaque fois; elle tentait de retrouver les dix semaines de "bonheur" qu'elle avait connu au début de son union (quelques semaines en dix huit ans d'union!!!) pourtant à la fin, elle aurait souhaité le quitter mais n'en avait ni la force, ni le courage. Elle vivait sous emprise et se sentait dépendante totalement de Henry.

Thème actuel donc s'il en est, ce livre se lit bien et vite. L'auteur privilégie l'atmosphère qu'Henry a su instaurer dans le couple, au regard de l'image radicalement différente, charmante et attentionnée qu'il donne en public.
Si j'ai bien compris, l'inspecteur Clivel fait partie d'une série d'autres livres et c'est la raison pour laquelle on doit se pencher sur son histoire personnelle avec Alisha (ainsi qu'une aure histoire concernant l'un de ses acolyte).

Cependant n'ayant lu que cet opus, je trouve ces considérations un peu superflues, mais je m'empresserai tout de même de lire d'autres romans de Natasha Calestrémé afin de confirmer (ou non...) la bonne impression que j'ai eu en lisant ce roman.

Mon ressenti est donc plutôt positif et j'ai envie de découvrir un peu plus cet auteure. Je tenterai bien "le testament des abeilles" ou "les racines du sang" pour compléter mon opinion.

En tous cas Merci Mme Calestrémé pour ce récit et ce sujet brûlant d'actualité sur la destruction d'un individu, de son mental, de sa confiance en lui et qui même réussi à le faire douter du rapport avec ses enfants et de sa santé mentale...Belle réussite que ce polar!!!

Krys Aline a commenté Chanson douce :
Le 10 juin, 2018 - 10:03

Bon, je ne sais pas, mais moi, ce livre ne m'a pas tout à fait convaincue, pour tout dire il ne m'a pas fait délirer. Sûre c'est une bonne analyse de la "famille" d'aujourd'hui, il se lit bien et l'écriture est fluide. Pas de suspense pour moi puisqu'on est mis dans le bain dès le départ d'une manière très violente.... A partir de là on essaye de comprendre pourquoi on en est arrivé là... la nounou parfaite qui cache des fêlures extrêmes est décrite dans les détails et on la suit dans les tréfonds de son âme torturée.... du grand art, de la belle littérature, mais je suis un peu restée sur ma faim. Pourtant les descriptions sont quasi parfaites et les tournures de phrases sont joliment amenées, cependant Louise me gêne, m'oppresse, me stresse, m'angoisse bref elle me met mal à l'aise. C'est le but me direz-vous ? Sans doute… et, en cela le livre est donc une réussite, c'est mathématique ! Oui, mais… il y a un petit quelque chose que je n'arrive pas à définir qui tempère quelque peu mon enthousiasme…. Dommage!

Le 9 juin, 2018 - 21:16

Bon, je ne sais pas par où commencer en fait….

J'ai bien apprécié la lecture de ce roman et en même temps je n'ai pas été totalement convaincue par l'histoire…. Mon avis est donc globalement positif mais teinté quand même de quelques regrets.
J'ai été quelque peu déconcertée et étonnée par le style mais l'auteur nous avait prévenu... En fait il faut oublier que c'est un «Chattam», oublier ce qu'on connait de cet auteur et aussi l'argumentaire de vente (il est vendu comme un thriller) et le prendre autrement.

Le pompon c'est qu'à mi- lecture, j'ai bêtement répondu à un questionnaire sur le site qui dévoilait en fait toute la fin de l'histoire. Donc à mi-parcours, je connaissais déjà une partie des aboutissants du roman (mais bon, je ne m'en suis prise qu'à moi-même !!): J'ai failli en abandonner la lecture du coup car c'est très gênant ; et encore une fois ça démotive !

Et de la motivation, il m'en manquait car après les thrillers enlevés que j'ai pu lire de ce même Chttam (la théorie Gaïa, la trilogie du mal etc…) j'étais dubitative après la lecture de «que ta volonté sois faite» et encore plus par «le coma des mortels». de l'appréhension aussi, celle d'être déçue en ayant mis trop d'attente dans ce livre.

Alors, je vous fais grâce du peech (ça commence au Paradis ; Pierre est sur une plage … il recommence tout… il a la poisse ….etc …) puisque qu'il y a déjà pléthore de critiques et vais passer directement à la mienne.

Ce que j'ai aimé:

- le style d'écriture, l'humour noir grinçant et décalé m'a beaucoup plu et m'a surprise de la part de Chattam en fait. L'érotisme et le lyrisme des descriptions est surprenante et très plaisante.
- L'histoire un brin déjantée et l'écriture ante-chronologique est originale, les situations loufoques et farfelues sont savoureuses.
- Les personnages : celui du psy qui est psychiatre ou psychopathe c'est selon ; celui d'Ophélie qui collectionne les suicides ; celui de Julia, passionnée de théâtre et d'impros, celui d'Antoine, le gentil petit vieux, il y a aussi Hugo, Tess et tous les autres et bien sûr Constance….

Ce que j'ai moins aimé:

- Comme je l'ai dit plus haut, ça m'a rappelé un peu son avant dernier roman dont je n'avais pas aimé la fin car ça vous prend de court et vous laisse un peu sur la vôtre (de faim !)
- le personnage de Pierre ne m'a pas complètement convaincue et m'a un peu gênée. Avec son attitude qui flirte parfois avec l'antipathie il n'est pas d'un abord facile notre héros ! Et cette manie phobique d'appeler des gens au hasard par téléphone !....
- de plus j'ai eu un mal fou à « rentrer » dans l'histoire. P. 50 je n'y étais toujours pas !
- J'ai parfois eu l'impression que l'auteur employait des « clichés » et des formules « toutes faites » (le coup du : « du bonheur, c'est simple comme un coup de fil… » - j'ai trouvé ça moyen).
- On a l'impression qu'on va entrer dans des considérations métaphysiques mais en fait non, je trouve que, au fond, tout est « convenu » même si la narration est originale et même si sur la fin, on se prend au jeu et on s'en pose alors des questions ! À la pelle même !

Alors, disons-le quand même, sur la fin, j'ai été un peu plus « emballée » que par le début que j'ai trouvé trop poussif.

Mais c'est loin d'être aussi simple que ça quand même (les j'aime/j'aime pas) et globalement j'ai été à la fois séduite par le nouveau style de Chattam, et un peu déçue d'avoir perdu l'auteur « d'avant », celui des premiers thrillers.

Je recommande néanmoins cet opus chaleureusement mais il faudra abandonner vos préjugés et toutes vos attentes en matière de « Chattamisme »….

Krys Aline a commenté Am stram gram :
Le 9 juin, 2018 - 18:09

« Pic et pic et colegram, bour et bour et ratatam, am stram gram…. Mais comme le roi ne le veut pas ce ne sera pas toi! » Ritournelle d'une comptine bien connue des enfants et qui résume assez bien l'ambiance de ce roman au suspense diabolique et terriblement efficace qui ne cesse de jouer avec nos nerfs.

Car ce roman, c'est un peu comme le coup de la roulette russe sauf que là, ils sont deux à y « jouer »…. Sauf qu'ils ne « jouent » pas mais qu'on les a kidnappés et enfermés dans des lieux isolés jusqu'à ce que l'un de deux décide de tuer l'autre avec le révolver qui ne possède qu'une seule balle aimablement mis à leur disposition par la personne qui les a kidnappés …. A moins qu'ils ne décident de mourir tous les deux de faim et de soif, mais le message sur le téléphone portable laissé à proximité des victimes en guise d'ultimatum est clair : "Tuer ou être tué, c'est le prix de votre liberté" !

Et le scénario pervers et sadique recommence toujours et encore. C'est d'abord un couple, puis des collègues de travail, puis une mère et sa fille, et encore des collègues de travail sans que le commandant Helen Grace qui mène l'enquête avec Charlie et Mark notamment, ses plus proches collaborateurs, ne trouvent d'éléments reliant les crimes les uns aux autres.

Il faut dire que les chapitres courts qui se succèdent rapidement impriment un parcours syncopé et rythment bien ce thriller machiavélique. On n'a pas le temps de souffler. L'écriture est fluide et coulent bien. Pas de difficultés de lecture ce qui permet de dévorer les pages plus vite pour connaitre la suite de cette histoire addictive et originale. Un vrai page-turner !

On n'évite cependant pas quelques clichés tel que le flic alcoolique qui traine des tonnes de problèmes et l'autre flic, Helen, mystérieuse et « dure à cuire » avec une force de caractère hors du commun qui ne souhaite pas être aimée, mais respectée. Bref des personnages au bord de la caricature mais qui évitent quand même les poncifs du genre, un exploit ! la psychologie des personnages est assez fouillée, retorse et remarquablement exploitée par l'auteur.

En un mot, ce récit est mené de main de maître et j'avoue ne pas avoir « vu venir » la fin ! C'est un tour de force, car, grande adepte du genre, j'en lis tellement (Thilliez, Chattam, Giebel, Grangé et tant d'autres) que rarement les « chutes » des romans m'étonnent et de plus en plus exigeante, je veux toujours plus d'originalité et de sensationnel.

J'ai donc été très agréablement surprise par ce thriller et je vais de ce pas acquérir les deux autres livres d'Arlidge : «il court, il curt, le furet» (le premier de l'auteur) et «la maison de poupée» (une sorte de suite à  Am stram gram si j'en crois ce que j'ai lu)…. A suivre.

Le 9 juin, 2018 - 12:47

Il s'agit là du sixième roman de Jean Christophe Grangé. Il y a eu d'abord « le vol des cigognes » en 1994, le célébrissime « Rivières pourpres » en 1998 (porté à l'écran par Mathieu Kassovitz en 2000), «le concile de Pierre» en 2000 (adaptation cinématographique de Guillaume Nicloux en 2006), « L'empire des loups» en 2003 (lui aussi porté à l'écran en 2004 par Chris Nahon), puis « La ligne noire», en 2004 qui était aussi le premier volet de la Trilogie sur le "Mal" primitif et préhistorique, le « Serment des Limbes » étant le second volet et «Miserere» en 2008 le troisième (entre temps il publiera aussi «La forêt des mânes» en 2008).

Jean -Christophe Grangé étudie à la Sorbonne où il passera une maîtrise de Lettres puis devient rédacteur publicitaire et travaille pour une agence de presse. A partir de 1989, il devient reporter international et parcours la planète pour ses reportages, (Il travaille pour des magazines tel que Paris-Match, le Sunday Times et le National Geographic). Il fondera ensuite sa propre agence et deviendra free-lance et financera lui-même ses expéditions qui seront pour lui une source d'inspiration considérable pour ses romans. Il obtiendra la consécration pour un journaliste : le Prix Reuter (en 1991) et le Prix World Press (en 1992).
 

Le pitch: Luc Soubeyras et Mathieu Durey sont des amis d'enfance, les meilleurs amis du monde. Tous les deux mus par une foi envers Dieu infaillible; par la croyance en Dieu et au Diable, au Bien et au Mal. Ils font ensuite un parcours différents, chaotique mais qui finalement les amène tous les deux à devenir flics au « 36 ». 36 Quais des Orfèvres, où un étage les séparent mais avec le temps, ils se croisent sans presque même se voir. Matthieu ne sait plus rien de son ami, jadis si proche.
 
 

Alors, le début du livre commence par un drame: le suicide de Luc Soubeyras. Il est dans le coma et personne ne peux dire s'il se réveillera un jour et s'il gardera des séquelles de son geste ou non. Matthieu est sous le choc, mais surtout, en tant que catholique, il n'accepte pas la possibilité que son ami, croyant lui aussi ai pu commettre un acte qui serais en totale contradiction avec leur foi. Alors, Matthieu se lance alors sur les traces de la dernière enquête que Luc semble avoir menée ; ceci afin de comprendre et donner un sens à son geste.

Nous plongeons là dans un thriller « mystique » où le thème du fanatisme religieux est omniprésent et où l'on s'embarque dans une traque du diable en personne et la question est : jusqu'au faut-il aller ? Avec un vieux fond de « L'Enfer » de Dante, un livre démoniaque avec un tueur d'une précision, d'une organisation, avec des connaissances très développées en sciences humaines et naturelles, en médecine et …en satanisme. Les éléments de l'enquête sont tellement disparates qu'il semble impossible de les rattacher les unes aux autres et semblent ne mener nulle part: nous passons des systèmes de prostitution africaine, à un meurtre commis dans le jura puis un autre en Estonie. le seul point commun identifiable: les victimes ont toutes vécues une « expérience de mort imminente » (NDE – Near Death Experience). Alors au fil des découvertes que fera Matthieu, nous remontons inexorablement vers « La Gorge », l'origine du Mal.

Je dirais en substance qu'à mon humble avis, il s'agit là d'un excellent opus à la fois époustouflant (où l'on y retrouve le style, court et concis, le phrasé et l'atmosphère des « Rivières Pourpres ») et envoutant, troublant, émouvant, tellement réaliste et toujours crédible même dans les cas les plus improbables. En deux mots : diaboliquement efficace !

Ses romans toujours ultra-documentés, les scènes toujours d'une netteté quasi-chirurgicale, sont d'une précision telle qu'on en a des frissons tout au long de la lecture et qu'on a du mal à lâcher le livre avant la fin! Mais il convient absolument de préciser : « âmes sensibles « s'abstenir ! En effet, beaucoup de scènes de ce thriller efficace sont violentes voire « gore ». Les descriptions sur la décomposition des corps notamment sont d'une précision extrême et on assiste vers le dernier quart du livre à un véritable bain de sang qui ne nous épargne vraiment aucunes horreurs.

Par contre, contrairement à certaines critiques, je trouve que la fin est loin d'être bâclée, même si elle reste tout de même un peu « attendue ». de quoi être légèrement déçu(e)s par rapport au rythme haletant et au suspense dont il nous dispense tout au long du livre ? Non, cela n'affaiblit en rien la force captivante de ce roman, définitivement.

Krys Aline a commenté The Girls :
Le 9 juin, 2018 - 11:58

Bien, pour poser un peu les choses : j'ai été un peu lassée de partir en « spéléo » en ce début d'année 2017 à la découverte de nouveaux auteur(e)s et de me casser les dents (enfin les yeux !!) sur des navets, des trucs vraiment moyens et j'ai donc décidé de « sélectionner » plus drastiquement mes lectures dorénavant !

J'ai remarqué aussi qu'il m'est étrangement plus aisé de produire une critique négative motivée qu'un chaleureux éloge d'une œuvre qui m'a enthousiasmé. C'est le cas du premier roman d'Emma Cline: « The Girls » (et aussi celui du livre de Simon Liberati « California Girls » sur le même sujet). Alors je me lance en espérant vous transmettre l'envie de le lire et de le découvrir.

Le personnage d'Evie Boyd dans le roman d'Emma Cline, est une compilation de toutes les « girls » qui ont gravité autour de la secte hippie fondée par Charles Manson dans les années soixante. Si le livre est « romancé » il est néanmoins inspiré de l'histoire vraie de ces filles prisent dans l'engrenage et dans une spirale de violence infernale et meurtrière qui aboutira entre autre, en 1969 à ce fait divers qui secoua l'Amérique d'alors : l'assassinat de l'actrice Sharon Tate, femme du cinéaste Roman Polanski, et des amis qui se trouvaient avec elle dans une demeure cossue de Beverly Hill à Los Angeles. Ce livre analyse donc le « pourquoi du comment » ils en sont arrivés là et retrace leurs parcours.
 

Evie est une gamine mal dans sa peau, « paumée » en quête de reconnaissance absolue qui s'ennuie ferme en cette fin des années 60 dans sa famille « décomposée » qui part à vau-l'eau. Fâchée avec sa seule amie, Connie, Elle ne tardera pas à être séduite par le charisme de Suzanne, cette fille étrange aux cheveux longs, à l'aspect négligé. Belle aux yeux d'Evie, rebelle et libre, elle l'amènera à fréquenter assidûment le « Ranch » qu'elle partage avec une bande de jeunes gens miteux, sales et totalement désoeuvrés qui révère leur gourou, le magnétique Russell.
 
 

Evie, impatiente de « faire ses preuves » sera amenée à voler afin de mieux se faire accepter dans cette communauté qu'elle considère comme sa nouvelle famille. Elle flirtera avec le crime et ne l'évitera que de justesse et encore à cause d'un revirement étrange et suspect de Suzanne qui l'écartera au dernier moment. Remords, peur qu'elle soit trop jeune pour assumer ce qu'ils vont faire, peur qu'elle les ralentisse qu'elle les paralyse, qu'elle soit une entrave ?

L'écriture ausculte une génération, ses maux, les méandres de la complexité adolescente, l'emprise psychologique ; c'est un roman flamboyant, poétique et presque extatique mais aussi dur au style net et tranchant comme un couteau...

Certes les noms sont déguisés mais le propos est là. L'auteure analyse avec succès et tout en sentiments la dérive laxiste et permissive des sectes et du rêve hippie d'alors. Mais le sujet est intemporel et l'on s'aperçoit vite avec la mise en miroir de l'Evie d'aujourd'hui qui se remémore son passé, que le discours peut être appliqué de nos jours également avec les mêmes techniques pour d'autres raisons et avec d'autres gourous….

Le 9 juin, 2018 - 09:30

Ce chef d’œuvre de la littérature américaine a été largement inspiré de faits réels et bien que les personnages n'aient pas tous effectivement existé, il n'en reste pas moins que les plus étonnants et pittoresques, tel Lady Chablis (Brenda Dale Knox, de son vrai nom), la Drag-Queen, sont bien réels (Elle a même joué son propre rôle dans l'adaptation cinématographique de 1997).

Ce livre, publié en 1994 par John Berendt (qui n'a écrit que deux romans avec «la cité des anges déchus» qui se passe à Venise) a figuré au box-office du New-York Times pendant quatre ans et demi, a une histoire pour moi. En fait à la base, j'ai visionné le film réalisé par Clint Eastwood et je n'avais pas aimé du tout l'interprétation qu'il en avait faite. Mais comme je suis têtue et curieuse, je voulais savoir pourquoi je n'avais pas apprécié le film : j'ai donc acheté le bouquin. Et là, révélation : ça m'a beaucoup plu ! Alors quoi ?? Bon, je ne vais pas égrener les différences entre le film et le livre, il suffira juste de dire que la fin est différente et que les coups de projecteurs donnés dans le film sur tel ou tel détails sont différents du bouquin.

Pour ce qui est du livre, l'histoire se passe donc à Savannah, dans un petit état du sud-est des États-Unis, en Géorgie dans les années 80. La vie s'y écoule tranquillement parmi les 22 squares typiques que compte la ville et le long de ses belles avenues bordées de maisons à colonnades cossues du vieux Sud et plus particulièrement à Mercer House, riche villa d'un antiquaire de la ville, Jim Williams où doit se dérouler une somptueuse réception pour la fête de Noël, comme tous les ans et où toute la ville se bat pour figurer sur la liste des invités. le journaliste John Kelso est envoyé par sa rédaction pour y couvrir l'évènement.
 

Le livre, à travers le regard de ce jeune journaliste new-yorkais, tient aussi bien du roman que de la chronique et la galerie de portraits que nous décrit Berendt est impressionnante, riche, fournie et haute en couleur. Elle nous plonge dans l'atmosphère et la touffeur de la ville, au coeur de la haute bourgeoisie de Savannah, monde centré sur lui-même, codifié à l'extrême et rigide où la façon de paraitre est plus importante que la vérité et qui va être ébranlée par l'assassinat de Danny Hansford à la suite d'une violente altercation avec Jim Williams.
 
En effet, ce dernier est arrêté et accusé du meurtre de Danny, jeune gigolo frondeur et indiscipliné avec lequel il aurait eu une liaison. Jim qui représente la vieille élite polie, distinguée et sulfureuse plaide la légitime défense et soutient que Danny n'était qu'un employé à mi-temps.
 
Quatre procès s'en suivront et une bataille juridique s'engagera alors entre John, l'avocat de Williams et l'accusation.
 


Alors, on peut se demander si le sujet central du livre qui est ce fait divers ayant défrayé la chronique de l'époque n'est réellement que cela ? Pas vraiment et je dirais qu'il s'agit plutôt d'un prétexte car c'est l'occasion pour l'auteur à travers les descriptions des différents personnages rencontrés au fils de l'histoire de nous parler du Sud, de l'aristocratie qui y siège empêtrée dans le carcan de ses traditions ancestrales et de toute une galerie de personnages interlopes aussi fascinants qu'énigmatiques ; tel Lady Chablis, donc, vedette de cabaret, Joe Odom, un riche oisif, Minerva, la prêtresse vaudou qui explique que Minuit, l'heure des morts, est l'heure qui sépare la magie blanche (une demi-heure avant minuit et la discussion positive avec les morts) de la magie noire (une demi-heure après minuit où les morts se vengent des vivants), M. Glover qui promène un chien imaginaire, Luther Driggers qui se balade avec une fiole empoisonnée dans la poche en menaçant la ville entière et bien d'autres. C'est drôle, tendre, touchant, mystérieux, romantique envoutant, surprenant mais aussi cruel et sans pitié ; ça foisonne de mille et un détails sur la vie dans le Sud et cela transcrit surtout une « atmosphère » imprégnée de mystère traduite par la lumière filtrant à travers les arbres, les squares entourés de vieilles demeures Géorgienne style rococo Second Empire, Colonial ou encore Régence ou Victorienne et l'on y surprend l'accent trainant et lent du Sud ainsi que la musique de jazz présente partout. Une atmosphère où les morts ne semblent pas vraiment morts, où les cimetières inspirent plutôt la flânerie et où l'étrange « fille aux oiseaux » est devenue désormais l'icône de Savannah.

Krys Aline a commenté Rever :
Le 9 juin, 2018 - 09:02

A la recherche DU thriller de l'année mais un peu circonspecte quant à ce nouvel opus de Thilliez parce que déçue par les précédents romans, j'ai été cependant rassurée car celui-ci est un one-shot et non pas une énième péripétie du tandem Franck Sharko/Lucie Hennebelle. C'est déjà un bon point car les derniers « Angkor », « Gataca » et « Syndrome E » ne m'avaient pas super emballé (oui, je sais, je ne ne vais pas me faire « que des amis »…). C'était un peu mieux avec Pandémia, mais bon, on n'atteignait pas les sommets de ses premiers romans selon moi.

Mais là, Waouhh, c'est « Welcome in the darkness »!! Une pure folie au sens propre comme au figuré. Une histoire de fou qui aurait dû s'intituler « cauchemarder » et non « rêver ». Dingo, complètement dingomaniaque le Thilliez!! Je dois avouer qu'accrochée au bouquin jusqu'à la dernière page, scotchée par le suspense, j'ai « marché » dans son histoire à fond les gamelles. Invraisemblance ou pas, j'ai été complètement bluffée. le « grand » Thilliez, le retour ? Insomnies nocturnes garanties. Des rapts d'enfants, une mémoire peu fiable, une bonne dose de psychiatrie, l'escalade dans l'horreur, la descente aux enfers non seulement de l'héroïne, mais aussi de tous ceux qui l'entourent. : Tous les ingrédients du thriller sont réunis. A vos nuits blanches… prêt (e)s …. Partez !

Évidemment, il m'a fait penser, souvent, à l'excellent « Anneau de Moebius » du même Thilliez il y a quelques années. Cette mémoire labyrinthique et défaillante d'Abigaël (la psy de service qui aide la gendarmerie dans une enquête d'enlèvements d'enfants) dû à sa narcolepsie et autres cataplexies aussi inattendues qu'indésirables (il s'agit d'une maladie qui vous fait vous endormir n'importe où, à n'importe quel moment, sans prévenir. Remarquez au passage que ce thriller est ultra-documenté) sont là pour relancer le suspense tout au long des chapitres.

D'ailleurs en parlant de chapitre ! Tellement « happée » par le récit que j'ai « zappé » le chapitre 57 ! Pas vu !! Enfin, pas vu, qu'il n'y était pas !....

En parallèle de l'enquête sur la disparition d'enfants Abigaël est aussi frappée par un drame personnel où elle perdra son père et sa fille dans un terrible et très violent accident de voiture dont elle sera la seule survivante. Étrange ? Sans s'arrêter aux évidences, aux rapports d'enquête, elle ne cessera de se poser des questions quant au déroulement de celui-ci.

L'histoire va de décembre 2014 (l'accident) à juin 2015 (le lavoir en flammes), mais les chapitres ne se succèdent pas dans l'ordre chronologique. Une ligne temporelle nous aide à nous repérer dans le temps de ce roman. Pas simple puisqu'en plus, on navigue entre rêves imbriqués dopés au Propydol (médicament qui aide Abigaël à lutter contre sa narcolepsie mais qui l'amène à oublier une partie de ses souvenirs) et réalité mais qu'est ce qui est « vrai » ? Pour rester connectée à la réalité, Abigaël s'automutile, se pique avec des aiguilles, puis se brûle avec des cigarettes. Tout est bon pour savoir si elle évolue dans un rêve ou non.

Par contre la fin est légèrement en deçà des ambitions du récit, mais originale tout de même.

Ce thriller très réussi nous emmène aux confins de la folie à travers une lucidité onirique effrayante. Une histoire angoissante et captivante, tortueuse à souhait ! Vous êtes un génopathe M. Thilliez! (mélange de génie et de psychopathe) Merci !

Le 8 juin, 2018 - 23:45

Après avoir été très déçue par « Hiver arctique » que j'avais trouvé plat et fade, « La femme en vert » (qui est restée quand même 5 ans sur une étagère de ma bibliothèque avant que je ne me décide à le lire !), est à mon avis, presque le meilleur Indridason que j'ai pu lire jusqu'à maintenant. Juste derrière « Betty» que j'avais trouvé magnifique (un one-shot sans lien avec le commissaire Erlendur) et avant « l'homme du lac».

Pour le pitch je vais faire court : l'histoire commence avec la découverte d'ossements humains enterrés sur la colline de Grafarholt, (hier lieu de villégiature pour les habitants de la Capitale, aujourd'hui devenu un fauboug de cette ville tentaculaire qu'est Reykjavík) qui va lancer le trio favori de notre auteur, formé par le commissaire Erlendur, est ses adjoints, Sigurdur Oli et l'inspectrice Elinborg, sur un « cold case » qui leur fera remonter le temps, plus d'un demi-siècle en arrière, au moment de la deuxième guerre mondiale, du temps des bases anglaises puis américaines en Islande.

Les chapitres sont découpés en alternance entre l'enquête actuelle pour retrouver à qui appartiennent ces ossements et un récit que nous conte un enfant, Simon, à une période que nous devinons se situer dans les années 40 sur cette fameuse colline de Grafarholt. Il s'agit là de violences conjugales, familiales, physiques, psychologiques, de dégradations morales particulièrement atroces et insoutenables que subit sa mère, Margaret et de l'impuissance de Simon, de par son jeune âge, à la protéger de la monstruosité de son père.

Le suspense est savamment dosé et distillé tout au long de l'histoire jusqu'aux toutes dernières pages, même si l'on se doute un peu de la chute avant la fin… plusieurs options restent néanmoins possible et nous instille le doute jusqu'à la fin.

On suit également les errements d'Erlendur à propos de sa propre situation, des relations plus que difficiles avec son ex-femme, les rapports sporadiques qui ne manquent pas de mal de terminer avec sa fille Eva Lind, toxicomane et enceinte qui l'appelle au secours en dernier recours et qu'il retrouve inconsciente dans un buisson près de l'hôpital, avec son fils aussi, qui semble complètement indifférent et détaché de la situation. Une sombre histoire de petit garçon aussi, pris dans les neiges et qui remonte à la mémoire d'Erlendur aux travers de ses cauchemars.

Indridason est un conteur hors pairs de son Islande natale et nous découvrons avec intérêt les méandres des âmes torturées qui constituent ce deuxième roman de la série des enquêtes d'Erlendur Sveinsson.

Alors, j'aime apprendre des choses en lisant, même dans des polars, et là nous sommes servis en matière de portraits de société. Bien sûr ce n'est pas un véritable « thriller » au rythme haletant et plein d'action, mais plutôt une enquête à la « Simenon», qui vogue tranquillement et imperturbablement vers son inévitable dénouement. le principal restant, à mon sens, l'analyse très précise et détaillée des violences faites aux femmes et aux enfants. Cette descente aux enfers constante et sans relâche qui amène droit à un terrible dégoût de soi et à un désespoir quasi irréversible, est d'autant plus poignante et terrifiante qu'elle est intemporelle. Un sujet lourd et d'un abord difficile, un roman qui ausculte au plus près les sentiments de ses personnages, réussi d'une main de maître de la part d'Arnaldur Indridason.

Il me reste finalement encore pas mal de livres (de qualité apparemment inégale selon les critiques lues) de cet auteur à découvrir et je le ferai avec beaucoup de curiosité et le plus vif intérêt

Le 8 juin, 2018 - 18:23

le film est sorti, avant que je ne me décide enfin à acheter ce thriller psychologique qui a fait un « tabac » dans l'hexagone et partout ailleurs… Donc par réflexe, je me méfie…. Ça sent le roman de gare, le succès surfait… j'hésite longuement, n'ayant pas de retour super positif sur le film, puis enfin, je me lance !

Alors, ça commence plutôt mal, je suis un peu décontenancée. L'héroïne est complètement alcoolique et tourne en boucle sur ses obsessions : la rupture avec son mari, qu'elle n'arrive pas gérer et l'histoire qu'elle se « raconte » à propos d'un « couple » entraperçu depuis la fenêtre de son train qui l'emmène (et la ramène) quotidiennement depuis sa banlieue vers le centre de Londres.

Au finish, le récit est tellement bien mené qu'on se laisse prendre au jeu de cette fable inventée : Jason et Jess, c'est le nom qu'elle leur a donné, qui forment un couple parfait et heureux, font partie intégrante de sa vie, au point d'être devenus des « amis » presque intimes. Car elle sait tout d'eux (enfin c'est dont elle se persuade), leur vie, leur histoire, les qualités et leurs défauts …. Un délire comme un autre.

Cette héroïne-là, n'est pas la seule de ce roman ; en fait, elles forment un trinôme : Rachel, la fille du train, Megan-Jess, la femme parfaite que Rachel aperçoit tous les jours depuis la fenêtre de son train, qui ne tarde pas à être portée disparue et puis Anna, la nouvelle amie de son ex.

Et puis il y a Jason-Scott, le « mari-modèle », il y a Tom l'ex complaisant, il y Kamal le psy ambigu….

Et, finalement la vérité qu'elle découvrira à force d'opiniâtreté sera toute différente de celle qu'elle a imaginée au départ.
Le succès commercial rencontré est largement mérité ; l'écriture est simple, concise et fluide. On suit les tribulations de Rachel avec intérêt et le suspense reste entier jusqu'à la fin. Enfin presque jusqu'à la fin : on finit par se douter de la chute quand même avant, mais qu'importe ! Et même si la toute dernière fin semble un peu « too much », l'ultime détail étant peu crédible à mon sens, ça n'est pas si grave ! Bravo Miss Paula pour ce premier roman très réussi.

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