René Leys
- Année de publication : 2016
- Genres :
Biographie
Littérature étrangère
Théâtre
Poésie
- Nombre de page : 169 pages
- Prix éditeur : 3,99
- ISBN : B01N9LY4BM
- Source : Amazon
Résumé
Pei-king, 28 février 1911. — Je ne saurai donc rien de plus. Je n’insiste pas ; je me retire… respectueusement d’ailleurs et à reculons, puisque le Protocole le veut ainsi, et qu’il s’agit du Palais Impérial, d’une audience qui ne fut pas donnée, et ne sera jamais accordée…
C’est par cet aveu, — ridicule ou diplomatique, selon l’accent qu’on lui prête, — que je dois clore, avant de l’avoir mené bien loin, ce cahier dont j’espérais faire un livre. Le livre ne sera pas non plus. (Beau titre posthume à défaut d’un livre : « Le livre qui ne fut pas ! »)
J’avais cru le tenir d’avance, plus « fini », plus vendable que n’importe quel roman patenté, plus compact que tout autre aggloméré de documents dits humains. Mieux qu’un récit imaginaire, il aurait eu, à chacun de ses bonds dans le réel, l’emprise de toute la magie enclose dans ces murs,… où je n’entrerai pas.
On ne peut disconvenir que Pei-king ne soit un chef-d’œuvre de réalisation mystérieuse. Et d’abord, le plan triple de ses villes n’obéit pas aux lois des foules cadastrées ni aux besoins locataires des gens qui mangent et qui peuplent. La capitale du plus grand Empire sous le ciel a donc été voulue pour elle-même ; dessinée comme un échiquier tout au nord de la plaine jaune ; entourée d’enceintes géométriques ; tramée d’avenues, quadrillée de ruelles à angles droits et puis levée d’un seul jet monumental… — habitée, ensuite, et enfin débordée dans ses faubourgs interlopes par ses parasites les sujets chinois. — Mais le carré principal, la ville Tartare-Mandchoue fait toujours un bon abri aux conquérants, — et à ce rêve :
Au milieu, dans le profond du milieu du Palais, un visage : un enfant-homme, et Empereur, maître du sol et Fils du Ciel (que tout le monde et les journalistes s’entêtent à nommer « Kouang-Siu », qui est la marque du temps où il régna, — c’est-à-dire, après J.-C. de 1875 à 1908). Il vécut vraiment, sous son nom de vivant mais indicible… Lui, — et ne pouvant dire le nom, je donne au pronom européen tout l’accent incliné du geste mandchou (les deux manches levées par les poings réunis jusqu’au front baissé) qui Le désigne… Lui demeure la figure et le symbole incarné du plus pathétique et du plus mortel des vivants. — On lui réserve des actes impossibles… et c’est possible qu’il les ait bonnement commis. Je suis sûr qu’il est mort comme personne ne meurt plus : de dix maladies toutes naturelles, mais avant, tout de cette onzième, — méconnue, — qu’il fut Empereur, — c’est-à-dire la victime désignée depuis quatre mille ans comme holocauste médiateur entre le Ciel et le Peuple sur la terre…
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