J'ai failli abandonné ce roman à plusieurs reprises. Un début d'intrigue ronronnant, un climat oppressant. Je goûtais guère la compagnie de ce père inconséquent pour lequel je n'éprouvais aucune empathie, jusqu'à la deuxième partie du livre où cueillie à froid par un événement dramatique, sa folie m'a subjuguée.
Maurice Genevoix raconte le destin de « Cissé », jeune servante sénégalaise dans une famille de colons, qui après leur départ définitif pour la France vivra sa vie d'épouse et de mère dans une petite île de Guinée. L'auteur décrit avec un certain lyrisme la beauté de Cissé, ses sourires, ses silences, les paysages maritimes qui l'entourent, les mœurs de son village africain, l'espoir qu'elle place en son fils devenu matelot, sa fierté et l'attente de son retour... sans s'attarder sur les ressorts psychologiques qui animent les différents personnages. J'ai lu ce livre comme on regarde un joli tableau, sans empathie malheureusement pour Cissé et les siens.
Ce témoignage écrit comme un roman est un hommage à tous ces hommes qui ont bravé dans l'anonymat à bord de leur carlingue métallique, la nuit, l'inconnu et la peur pour accomplir leur mission qui peut paraître futile au regard des risques encourus : acheminer du courrier entre l'Amérique du sud et l'Europe, plus vite que ne le faisaient les trains ou les navires, au prix de leur vie parfois.
Un texte très poétique, une ode à leur courage.
Regain de Jean Giono est une ode à la vie tant son écriture est vivifiante, au plus près de dame Nature où se mêlent, telle une valse, l'homme, la terre, l'air, l'eau et les animaux. Dans cet hameau de Provence déserté et battu par les vents, Arsule et Panturle, poussés l'un vers l'autre par le sortilège de la vieille Mamèche, incarnent le dénuement, les plaisirs simples, la force de travail, l'attachement à la terre, jusqu'à devenir par leur beauté intérieure des figures mythologiques à l'image de Pyrrha et Deucalion qui après le déluge vont repeupler la terre sur le mont Parnasse.
Atteint d’un cancer fulgurant, un vieil homme est hospitalisé.
A ses côtés, sa fille.
Elle est là, comme elle l’a toujours été, malgré des temps difficiles durant lesquels elle a subi l’alcoolisme de son père, cherchant par tous les moyens à le combattre.
Remontant le fil des souvenirs, elle nous transporte dans l’intimité de leur relation d’où transparait toute l’affection qui les unit.
Un huis clos durant trente ans sans autre famille paternelle alors méconnue, jusqu’à ce qu’elle entreprenne de partir en quête de ses origines réunionnaises.
Dès lors, son père, longtemps sujet de maintes inquiétudes, va devenir une source d’exaltations.
Un témoignage bouleversant, empli de l’amour indéfectible qui lie une fille à son père.
Je lis comme je partage un bout de route avec des personnages que je ne n'aurais sans doute jamais rencontrés autrement. Je viens de faire la connaissance de Cora et Frank, deux amants épris de liberté, appâtés par l'argent et sans scrupules pour arriver à leurs fins. Elle, la tête pensante, déterminée et ambitieuse. Lui, son bras armé, vivant au jour le jour, d'autant plus dangereux qu'il agit sans réfléchir, uniquement guidé par ses pulsions.
Écrit en 1934, « Le facteur sonne toujours deux fois » de James M. Cain a été un roman sulfureux pour ses scènes de violence et de sexe.
Je ne regrette pas d'avoir lu ce grand classique du genre pour parfaire ma culture littéraire, mais j'ai pris peu de plaisir à voyager aux côtés de ces deux lascars. C'est un polar sans suspens sous la forme d'une confession : entre autres, les aveux circonstanciés de Frank pour le meurtre du mari gênant. Me reste l'ambiance d'antan d'une certaine Amérique et l'image des paysages californiens où languissent des gargotes éclairées au néon.