Le programme de la prochaine édition du Festival international de la bande dessinée d’Angoulême est riche, comme chaque année. Parmi les expositions organisées, « Nouvelle génération » se penchera sur la bande dessinée arabe d’aujourd’hui et ses nombreux artistes talentueux. Cette exposition inédite au musée de la bande dessinée d’Angoulême se terminera le 28 janvier 2018.
Que connait le lecteur européen de la bande dessinée arabe ? Pas grand-chose. Si la BD franco-belge, japonaise ou américaine, domine le marché, d’autre pays comme les pays arabes commencent à s’imposer au niveau international. Avec une longue et riche histoire, des grands classiques, des courants esthétiques et des écoles, cet art séquentiel n’a plus rien à prouver. Au fil du temps, la bande dessinée a évolué, s’est adaptée au goût du public, et parfois aux situations politiques compliquées. De jeunes auteurs, dans cette immense région font bouger les choses avec une énergie énorme et des moyens réduits. L'Algérie, l'Égypte, l'Irak, la Jordanie, le Liban, la Libye, le Maroc, la Palestine, la Syrie, la Tunisie, de nombreux pays arabes seront représentés lors de cette exposition. Cette dernière nous permettra de mieux comprendre ces sociétés qui oscillent entre désir et liberté, respect des traditions mais également de mettre un coup de projecteur sur ces artistes souvent peu connus
Réunissant hommes et femmes, ces artistes trentenaires font pour la plupart partie de collectifs (Samandal au Liban, TokTok en Egypte, Skefkef au Maroc, Lab619 en Tunisie…). Mêlant rage et humour ils témoignent de la situation dans laquelle se trouve leurs pays. A côté de cette passion pour la BD, ils ont tous un autre métier : peintres, musiciens, presse, l’édition jeunesse, la publicité, la créativité restent leur domaine de prédilection. Il est encore délicat pour eux de ne vivre que de cette passion, notamment à cause de la réalité du marché de l’édition très segmenté d’un pays à l’autre, du fait des obstacles mis en place par les différents régimes à la libre circulation des publications. C’est souvent grâce à internet qu’ils se sont fait connaitre et ont fait leur place dans ce milieu. Ce moyen leur permet également d’échanger entre eux ainsi qu’avec leur public. Dans leurs dessins, les auteurs évoquent le quotidien des grandes villes en utilisant les arabes dialectaux plutôt que l’arabe châtié, dit littéraire. Ils explorent également les sentiments, montrent la sensualité. La forme des bandes dessinées est expérimentale puisqu’ils y mêlent la tradition du dessin arabe aux esthétiques des bandes dessinées occidentales, des mangas et du street art…
L’exposition Nouvelle génération, la bande dessinée arabe aujourd’hui, s’étend sur trois salles du musée et suit un parcours géographique, à la fois ludique et rêveur. Une scénographie particulière met en avant les collectifs d’auteurs, meneurs du renouveau de la bande dessinée arabe contemporaine. On découvre notamment les noms humoristiques de ses groupes comme le tok-tok, qui est l’équivalent égyptien du rickshaw indien qui se faufile dans les embouteillages perpétuels du Caire, le skefkef, qui est un sandwich populaire au Maroc ou encore le 619 du Lab, qui est le code-barre des produits tunisiens. Le public découvre au fil des pièces, des planches originales encadrées ainsi que des pages consultables sur tablettes et sur écrans interactifs, le tout entouré des décors dans lesquels les auteurs évoluent, tels que les décors urbains, omniprésents dans leurs productions. Un parcours enfants permet aux plus jeunes de se familiariser avec cette production nouvelle, ouverte à toutes les influences des traditions étrangères, mais aussi des arts de la rue, de la télévision, des jeux vidéo. Afin de faire connaitre la bande dessinée arabe et de l’exporter dans le monde, les coproducteurs de cette exposition ont mis en place une version itinérante, d’ores et déjà disponible. Tout au long de l’année, des ateliers de médiation pour les scolaires et para scolaires permettront de mieux comprendre la diversité et la richesse de cette nouvelle vague venue de l’autre côté de la Méditerranée. Un cycle de cinéma viendra compléter la programmation, à travers des films d’actualité et du patrimoine, ainsi que la nouvelle génération du cinéma arabe contemporain. Après la fermeture de l’exposition, le 4 novembre, elle circulera dans plusieurs villes d’Europe.
Algérie: Rym Mokhtari (collectif 12 tours), Kamal Zakour (collectif 12 tours), Mahmoud Benamar, Nawel Louerrad
Egypte: Migo (TokTok), Mohamad Salah (TokTok), Shennawy (TokTok), Mohamad Tawfik (TokTok), Farid Nagy (collectif Garage), Twins Cartoon :Haytham & Mohamad El Seht (collectif Garage), Hanan Alkarargy, Magdy al Shafee, Sherif Adel, Deena Mohamad (Qahira web comics), Ahmad Tawfiq
Irak: Hussein Adel (collectif Masaha), Raed Motar (collectif Masaha)
Jordanie: Flying Dutchman, Hassan Manasrah
Liban: Joseph Kai (collectif Samandal), Omar Khouri (collectif Samandal), Lena Merhej Barrack Rima, Jana Traboulsi (collectif Samandal), Zeina Abirached, Mazen Kerbaj, Fouad Mezher, Jorj Abou Mhaya
Libye: Abdullah Hadia (collectif Habka)
Maroc: Mehdi Anassi (collectif Skefkef), Normal (collectif Skefkef), Zineb Benjelloun (collectif Skefkef), Salaheddine Basti (collectif Skefkef), Omar Ennaciri, Hicham Habchi (Ramadan Hardcore web comics), Brahim Raïs, Rebel Spirit
Palestine: Amer Shomali
Syrie: Salam Alhasan (collectif Comics 4 Syria), dessinateurs anonymes, Abdulrazzak Alsalhani, Hamid Sulaiman
Tunisie: Noha Habaieb (collectif Lab619), Issam Smiri (collectif Lab619), Moez Tabia (collectif Lab619), Othman Selmi, Seif Eddine Nechi
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