Nouveau réalisme, grotesque, quêtes géopoétiques, visions eschatologiques, dystopies, satires… les lettres russes sont à l'honneur au salon Livre Paris 2018, dont la Russie est le pays invité. Voici notre sélection des dix noms de la littérature contemporaine russe à retenir.
Des auteurs russes, nous connaissons tous Tosltoï, Dostoeivsky, Tourgueniev ou Tchekov. Mais nous connaissons peu les visages de la littérature contemporaine russe, pourtant vive et multiple. Voici les 10 noms à retenir.
Né en 1954 en Prusse orientale, Iouri Bouïda est un auteur bien connu des lecteurs français. Nombre de ses romans et recueils de nouvelles ont été traduits. Certains sont d’ailleurs parus en français avant même d’être publiés en russe. C’est le cas de son œuvre principale Le Train zéro (Дон Домино, 1994 à l’étranger, Eksmo, 2017) considérée dans la lignée du livre de Dino Buzzati « Le désert des tartares ». Ici, la solitude, l'attente, l'absurde, le mystère, le rien dominent. Potemkine ou le Troisième Cœur (revue Znamia, 2008) et La Mouette au sang bleu (revue Znamia, 2011) sont elles aussi deux œuvres importantes dans la carrière de l’écrivain.
Né en 1980, Serguei Chargounov, est écrivain et journaliste. Il est aussi député à la Douma depuis 2016. Fils de prêtre orthodoxe, il s’est lancé dans la politique il y a une dizaine d'années à la tête d'un mouvement de jeunes révoltés. Proche du parti contestaire d’Edward Limonov, il dirige aujourd’hui le journal en ligne Presse Libre avec Zakhar Prilepine. Après un échec à la députation, il part sur les routes de son pays, du Caucase et d'Asie centrale, en quête du sens de sa vie. De ce chemin spirituel est né un livre, Livre sans photographies (Alpina non fiction, 2011). Un autre de ses livres, 1993 (AST, 2013) se distingue, dans lequel il étudie le caractère cyclique de l’histoire russe à travers une famille moscovite. Lauréat de plusieurs prix littéraires, ses livres sont traduits en anglais, italien, français et serbe.
Né en 1952, Vladimir Charov est docteur en histoire, essayiste et romancier. Après des études d’histoire il devient professeur à l’université. Parallèlement, il commence à écrire suivant ainsi la lignée familiale, son père étant lui-même auteur de contes pour enfants. Il écrit tout d’abord pour lui-même et ne publiera qu’en 1991. . Vladimir Charov est lauréat des prix Bolchaïa kniga et Booker. Avant et pendant (première édition 1993, dernière édition AST), La vieille petite fille (première édition 1998, dernière édition AST), Soyez comme les enfants (première édition 2008, dernière édition AST) sont ses œuvres majeures. Son style se reconnaît par l’exploration des profondeurs géographiques, sociales, religieuses et historiques de la Russie depuis le XVIIe siècle.
Auteure de fiction et de science-fiction, Maria Galina est également poète, critique littéraire et traductrice d’auteurs américains (Stephen King, Jack Vance ou Clive Barker). Diplômée de l’Université d’Odessa où elle étudiait la biologie marine, elle a participé à de nombreuses expéditions sur des problématiques environnementales. En 1995, elle renonce à la biologie pour l’écriture. L’Organisation (Eksmo, 2009) est le premier de ses romans traduit en français. Son œuvre se caractérise par une véritable diversité mêlée à la qualité, qui lui ont valu d’être lauréate de plusieurs prix tels que le Marble Faun, le Portal ou le Silver Caduceus.
Gouzel Iakhina est née en 1977 à Kazan, au Tatarstan (Russie). Après des études d’anglais et d’Allemand à l’université de Kazan, elle suit une école de cinéma à Moscou, se spécialisant dans l’écriture de scénarios. Elle a publié dans plusieurs revues littéraires, comme Neva ou Oktiabr. Son premier roman, Zouleikha ouvre les yeux (AST, 2015), qui évoque la dékoulakisation stalinienne au Tatarstan, est immédiatement devenu un best-seller en Russie dès sa parution en 2015. Ce premier livre se caractérise par un talent narratif incroyable et une grande beauté noire. Il a reçu de grands prix littéraires, dont les prestigieux Bolchaïa Kniga et Iasnaïa Poliana 2015. En France, son œuvre est nommée pour le prix Médicis étranger 2017.
Né à Gorki (actuelle Nijni-Novgorod), Alexei Ivanov fait ses études à l'université d'État de l'Oural. Après une année à la faculté de journalisme il se réoriente en faculté des arts et de la culturologie. Il obtient son diplôme en 1996, dans la spécialité des arts. C'est en 1990 qu'Alexeï publie son premier récit, l'histoire fantastique intitulée La chasse à la Grande Ourse, dans la revue « Le trappeur de l'Oural ». Les livres d’Alexeï Ivanov sont noirs, et à la fois si proche de la réalité qu’ils se confondent avec elle. C’est cette atmosphère si particulière qui vaut à l’auteur d’être récompensé par de nombreux prix littéraires prestigieux en Russie. Le géographe a bu son globe (Vagrius, 1997, AST, 2014) a été adapté au cinéma. Le film éponyme a notamment été primé au Festival du film russe d’Honfleur en 2013.
Originaire d’Ekaterinbourg, Olga Slavnikova a d’abord été journaliste avant de se consacrer entièrement à la littérature. En 1997, son roman Une libellule de la taille d'un chien (arrivé en final du Booker Prize) lui a valu d’être surnommée « la découverte la plus brillante de Booker russe ». Elle est l’auteure de trois romans très remarqués ; L’immortel, histoire d’un homme véritable (Vagrius, 2001), La tête légère (AST, Harvest, Astrel, 2011) et Le recueil L’amour dans le wagon 7 (AST, Astrel, 2008) font partie de ses œuvres majeures. Olga Slavnikova mêle magistralement fantastique, mythe, fresque historique, tragicomique, et se joue des archétypes. C’est pour ces nombreuses raisons qu’elle est considérée comme une des auteures majeures de sa génération.
Alexandre Sneguirev est né à Moscou. Après des études d’architecture qu’il abandonne assez vite, il voyage de par le monde, exerçant tous les métiers. Son premier roman paru en français, Je ris parce que je t’aime, inspiré de sa propre vie, lui a valu des critiques assez favorables dans la presse française comme le Figaro littéraire qui évoque « Un premier roman à l’intrigue et au titre merveilleux ». L’écrivain a été nommé pour de nombreux prix littéraires, dont le prestigieux Booker Prize 2015 pour son roman Vera (Eksmo).
Marina Stepnova est une poétesse, nouvelliste et romancière, traductrice. Diplômée à la Faculté de traduction de l'Institut littéraire de Gorki en 1994, elle a suivi un troisième cycle à l'Institut de la littérature mondiale Gorki. Elle a été rédactrice en chef du magazine pour l'homme XXL de 1997 à 2014. Elle a à son actif de nombreuses nouvelles et une pièce jouée dans de nombreux théâtres en Russie. Son livre le plus connu, Les femmes de Lazare, reçoit le Prix des librairies de Moscou ainsi que le Big Book Prize 2012, le plus prestigieux prix littéraire russe. Cette œuvre retrace le XXème siècle russe à travers la destinée hors du commun d'un génie scientifique, Lazare Lindt et des trois femmes de sa vie.
Née en 1973, Yana Vagner est une romancière qui a grandi au sein d’une famille russo-tchèque. Elle a travaillé comme interprète, animatrice radio puis responsable logistique. Son premier livre, Vongozero, est publié peu à peu sur son blog. Cette histoire abordant la survie d’une femme, entre récit post-apocalyptique et thriller psychologique, a suscité un tel enthousiasme qu’elle a fait l’objet d’une enchère entre éditeurs. Son roman lui permet d’être finaliste du Grand Prix des Lectrices de ELLE en 2015. En 2016, la suite de Vongozero, Le Lac, également très remarquée en France, est finaliste du Prix des Nouvelles Voix du Polar Pocket. Son troisième roman, L’Hôtel, un polar huit clos, est sorti en 2017.
Légende photo : Jérôme Garcin, Hervé Le Tellier, Rachida Brakni, Marthe Keller, Gaël Faye, Kamel Daoud, Rebecca Dautremer, Emmanuel Lepag
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