Nouveau lauréat du prix Relay des Voyageurs Lecteurs pour son livre Surface (Michel Lafon), Olivier Norek est l'auteur de polar français avec lequel il va falloir compter. Rencontre avec cet ancien policier qui a su se reconvertir en conteur hors pair avec ses polars addictifs.
Olivier Norek se tient très droit et vous regarde droit dans les yeux de son air un peu malicieux, avec un sourire qui prépare un mot d'esprit. Rien ne laisse supposer qu'il fut antérieurement un policier de terrain, exposé aux situations les plus critiques. Certains en sortent usés, lui en a conservé l' énergie du mouvement et l'efficacité de l'action. Maintenant qu'il est devenu auteur de polars - il n'allait quand même pas écrire des romans à l'eau de rose-, il applique à ses livres les mêmes recettes que celles de son précent travail : rigueur, empathie, vélocité.
Et il faut reconnaître que depuis Code 93 publié en 2013, Olivier Norek n'a pas chômé. Il est devenu en cinq livres un incontournable du polar à la française. Le style est rapide, les personnages incarnés et le rythme endiablé. Surface qui vient de recevoir le prix Relay des Voyageurs Lecteurs 2019 après avoir reçu aussi celui des Maisons de la Presse est l'un des plus aboutis. 420 pages de récit impossible à lâcher qui met en scène une capitaine de police au visage défiguré, dont l'enquête plongée dans un petit village perdu de l'Aveyron ne se prive d'aucun rebondissement. Olivier Norek a du talent. Ecrire l'enquêtre lui est aussi instinctif que la recherche d'un coupable en réel.
A la Maison de l'Amérique latine nous partons à sa rencontre de notre auteur enquêteur. L'atmosphère bien policée contraste avec l'univers de ses livres. Cette fois-ci c'est Olivier Norek qui est sur le banc des "accusés" et qui répond à nos questions.
Olivier Norek : Je ne vais pas dire que c'était une suite logique. J'ai été flic pendant dix-huit ans. J'ai "vécu" et assisté à tellement d'histoires et de situations, que j'ai emmagasiné un matériau infini. Raconter des histoires c'est continuer de traverser la vie policière mais d'un autre point de vue. C'est conserver l'adrénaline et la partager.
O.N. : C'est très important pour moi. C'est mon contrat avec les lecteurs que de les emmener dès le début dans le"réacteur". Je veux qu'ils vivent les enquêtes de l'intérieur, qu'ils se sentent eux-mêmes dans la voiture avec les gyrophares. Qu'ils pilotent la perversité du monde. J'aime cet ultraréalisme. Tout pourrait être vrai. Même si tout est inventé. Ou recréé. Réel ? Imaginaire ? Fiction ? Vécu ? Quelle importance....
O.N. : D'abord je pose l'histoire. Je la construis comme un puzzle avec de nombreux morceaux de taille différente. Tout doit pouvoir s'imbriquer avec logique, même si parfois il y a des pièges et des impasses, rien n'est laissé au hasard. Le rythme est au coeur du polar. Il ne faut pas laisser de répit au lecteur. C'est important qu'il sente qu'il est pris dans le tissage des faits et des personnages. En tant que policier on ressent souvent cela. Etre au milieu d'une toile d'araignée dont il faut petit à petit définir les lignes en évitant les errances labyrintiques. Il faut avoir le sens de l'urgence et la minutie du temps long. C'est ce qui donne cette tension propre au polar. Son paradoxe. J'aime jouer avec les différents tempo.
O.N. : Derrière toute histoire il y a des gens. Ils sont des "véhicules empathiques". C'est souvent dans leur tête qu'il faut se plonger pour comprendre une affaire. Ce sont eux les acteurs. Alors, j'aime les faire exister et lever le voile sur leur complexité. Certaines récations peuvent être attendues. On travaille avec des stéréoptypes et des statistiques. Mais il y a toujours quelque chose de singulier chez chacun qui échappe à la généralité. Il y a ses émotions. C'est souvent de ce côté qu'il faut chercher quand on veut résoudre une affaire. Donc il y a les faits. Mais il y a surtout les gens, derrière et à côté des faits.
O.N. : Au début je n'ai pas construit le récit pour un homme ou une femme. Mais petit a petit, c 'est une femme qui s'est imposée à moi. Car je trouvais plus fort que ce soit elle qui soit défigurée, que son visage soit déjà porteur d'une histoire. Que sa "surface" cache son visage originel en quelque sorte.
O.N. : Yves Rénier a déjà adapté un de mes livres et il est vrai que la frontière entre les deux mondes est ténue. Je n'écris pas pour ête filmé, car mes livres ne sont pas des scénarios. Mais j'écris des livres dont les récits se déroulent comme un morceau de vie. J'ai l'impression de voir mes personnages, de les regarder en train de vivre. Alors livre ou film, c'est de la fiction qui se déroule. En mots ou en images. Le lecteur ou le spectateur participe aussi à cette vie par procuration.
> Olivier Norek, Surface, Michel Lafon
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