François-Henri Désérable est le lauréat 2021 du Grand Prix du roman de l'Académie française pour Mon maître et mon vainqueur (Gallimard). Un roman sur une passion en accusation, virevoltant, insolent et plein d'esprit.
Portrait de François-Henri Désérable par Francesca Mantovani © Éditions Gallimard
Les histoires d'amour finissent mal en général. Surtout lorsqu'il s'agit de passion impossible. C'est bien ce que décrit François-Henri Désérable dans Mon maître et son vainqueur (Gallimard) qui vient de recevoir le Grand prix du roman de l'Académie française. Pour celui qui a avoué avoir commencé à écrire après avoir lu Belle du seigneur d'Albert Cohen, c'est une consécration.
L'amour donc, toujours et autrement. François-Henri Désérable dresse le portrait de la passion sous la forme d'un réquisitoire. Car le lecteur assiste au procès de Vasco, un conservateur à la Bibliothèque nationale de France, tombé amoureux de Tina, une comédienne admiratrice de poésie. Mais celle-ci doit se marier avec un autre... Alors, Vasco qui voudrait stopper ce mariage finit par être arrêté. Le revolver qu'il possède a appartenu à Paul Verlaine. Et le cahier de poèmes qu'il a écrit et où il a consigné tous les éclats de cet amour impossible devient pièce à conviction.
« Le cahier, c’était la première chose que m’avait montrée le juge, quand tout à l’heure j’étais entré dans son bureau. Sous la couverture souple et transparente, on pouvait lire au feutre noir : MON MAÎTRE ET MON VAINQUEUR.
Sur les pages suivantes, il y avait des poèmes. Voilà ce qu’on avait retrouvé sur Vasco : le revolver, un cahier noirci d’une vingtaine de poèmes et, plus tard, après expertise balistique, des résidus de poudre sur ses mains.
Voilà ce qu’il en restait, j’ai pensé, de son histoire d’amour. »
Et si la passion était un crime? Une effraction de la raison ? Selon François-Henri Désérable, elle relève de l'épreuve philosophique. Le lecteur se fera son opinion entre révélations, flash-backs et accusation. IL passera surtout un délicieux moment dans un texte aussi rapide que la passion est éphémère; Pourtant elle laisse derrière elle un long sillage.
Mon maître et son vainqueur qui mêle érudition, passion et ironie est un des petits bijoux de cet automne. Manifestement les Académiciens ont été séduits par ce roman qui voue une passion avant tout à la poésie, peut-être davantage encore qu'aux humains. Comme son auteur peut-être?
>François-Henri Désérable, Mon maître et son vainqueur, Gallimard, 192 pages, 18 euros
>Lire aussi notre article sur le livre de François-Henri Désérable : Un certain Monsieur Pikielny
Visionner une vidéo dans laquelle François-Henri Désérable parle de son livre Mon Maître et mon vainqueur (Gallimard).
Réalisation Librest
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