Lisbonne. Une enquête qui fait suite à la mort d'un scientifique, un ensemble de révélations sur le monde animal, une leçon sur l'universalité de la vie... Âmes animales (Editions Hervé Chopin) de J.R. Dos Santos est un thriller qui ne se lâche pas, autant qu'un livre qui fait réfléchir, voire même qui bouleverse nos certitudes. En pleine saison France-Portugal, rencontre avec son auteur, la star portugaise des best-sellers qui font mouche.
L'animal est-il l'avenir de l'homme ? J.R. Dos Santos semble le signifier dans son dernier livre, bien nommé Âmes animales (Editions Hervé Chopin), qui nous entraîne dans une investigation nourrie des plus récentes découvertes scientifiques sur les animaux. Seraient-ils plus intelligents que nous ? Ou tout au moins dotés d'une âme ? D'une conscience ?
Le récit se situe à Lisbonne, dont l'intranquillité s'impose décidément, malgré le soleil et son ciel de carte postale. Un corps est retrouvé flottant dans l'un des réservoirs de l' Oceanário. Tous les indices convergent vers la culpabilité d'une certaine Maria Flor, qui est arrêtée. Un seul homme peut l'aider : son mari, Tomás Noronha. Pour prouver son innocence, Tomás doit trouver le véritable auteur du crime. Cela le conduit au projet secret de la victime – et aux mystères du tableau le plus ésotérique de Jérôme Bosch Le Jardin des délices. Une recherche qui lève le voile sur une révélation qui dérange : l'intelligence, les émotions et la conscience des animaux. Quelle est la relation entre ce meurtre et le "génocide" perpétré par les êtres humains contre la vie sur la planète ? J.R. Dos Santos fait basculer son récit au moment où le lecteur s'y attend le moins, vers une nouvelle conception du rapport des humains avec les autres êtres vivants. Un livre fort, sombre mais aussi exaltant. Après l'avoir lu, on ne regarde plus les animaux qui nous entourent de la même manière. Comme toujours chez J.R. Dos Santos, la lecture-divertissement s'accompagne d'une lecture-réflexion. Sa recette magique fonctionne ici, une fois encore, avec efficacité.
Pour la sortie de son livre en France, le plus célèbre auteur portugais de thrillers, grand reporter, polyglotte voyageur, journaliste-vedette du journal télévisé sur la chaîne publique RTB1 depuis 30 ans, a les honneurs de l'ambassade du Portugal à Paris. J.R. Dos Santos, qui revient d'Ukraine, se retrouve sans transition dans ce décor de stuc, d'or et de tableaux anciens. Méthodique, affable, souriant, il semble passer d'une chose à l'autre avec une facilité déconcertante. Son secret ? L'instant présent. Et surtout, le travail, le travail, le travail. L'auteur de succès planétaires comme La formule de Dieu, Signe de vie, Immortel ou Le magicien d'Auschwitz qui se situe au croisement de Dan Brown et d'Umberto Eco, dissèque chaque fois une question fondamentale, en ne reculant devant aucune pensée iconoclaste.
Cette fois-ci, plongée dans le monde animal. Rusé comme un renard, le regard acéré comme un aigle, J.R. Dos Santos avance par surprise et n'hésite pas à donner quelques coups de griffes aux idées reçues, quitte à provoquer. Rencontre avec un écrivain qui possède mille vies, comme les chats.
-J.R. Dos Santos : J'ai un esprit curieux. Quand un sujet m'intrigue, j'éprouve le besoin de le creuser. Et de fil en aiguille, me vient l'idée du livre. Mais entre temps, je rassemble une documentation digne d'une thèse! Je veux comprendre, faire ressortir les contradictions, débusquer les zones d'ombres, les angles morts du savoir qui dérangent. Tout en revendiquant mon statut de Candide au départ. C'est ce qui me permet de fouiller dans tous les recoins et de me sentir libre, car je ne suis pas moi-même un chercheur ou un acteur du milieu que j'observe.
-J.R. D.S. : La forme narrative de la fiction permet de mettre en scène les idées. J'aime me dire qu'un roman se lit comme un thriller et se retient comme une leçon. Chaque fois qu'il y a une polémique, certains contradicteurs essaient de démonter mes propos. Mais tout ce que j'écris est toujours "vrai". L'histoire est fictionnelle, mais les référence scientifiques sont toujours avérées. Je n'invente rien, je recompose tout. La réalité semble parfois déconcertante. Surtout si le grand public n'a pas encore connaissance de certaines données. Quant à la forme du thriller, je l'apprécie, car elle permet de tenir en haleine le lecteur. Elle impose un rythme. Elle soutient l'attention. La forme de l'essai rendrait beaucoup plus ingrate la restitution des idées. Alors que le thriller permet une évasion.
-J.R. D.S. : La violence existe partout, autour de nous et en nous. Un thriller fait peut-être frissonner, mais il apporte aussi un divertissement, un plaisir. Je trouve intéressant de faire passer des idées et des connaissances sous une forme ludique. Sinon, l'attention se perd rapidement. La tension du thriller est une forme nerveuse, prenante. La violence est aussi une énergie. Je ne la prône pas bien sûr. Mais c'est elle qui sert de révélateur.
-J.R.D.S : Je travaille vite. J'ai le souci de la méthode. J'accumule, cela m'amuse. Je fouille, j'adore cela. C'est une façon de vivre. Selon une pensée bouddhiste [l'auteur a vécu en Asie], "La meilleure manière de vivre sans travailler, c'est de faire ce que l'on aime". Alors je fais ce que j'aime !
-J.R.D.S : Tout ! Plus j'ai avancé dans mes recherches, plus j'ai été impressionné, sidéré presque. Savez-vous que les corbeaux sont probablement les plus intelligents de la chaîne animale? Et aussi que les animaux sont doués de langage ? Qu'ils communiquent entre eux de manière plus élaborée que nous ne le pensions ? Ils éprouvent aussi des émotions. Sont dotés de mémoire - celle des éléphants est légendaire, mais il n'y a pas qu'eux. Toutes les études et observations scientifiques sont unanimes aujourd'hui et convergent en ce sens. Nous n'avons décidément rien compris depuis des siècles et avons largement sous-estimé les capacités des êtres vivants ! Et si c'était les animaux qui avaient beaucoup à nous apprendre et non l'inverse ? Je pense que le postulat de la supériorité de l'homme se fonde sur une sorte de "naturocentrisme" erroné.
-J.R.D.S : L'urgence écologique vient de notre folie. L'homme est non seulement le plus grand prédateur, mais aussi le plus grand destructeur. Il y a un lien avéré et démontré entre l'élevage de bétail et le réchauffement climatique. Si nous voulons sauver notre planète, nous devons repenser à la condition animale comme étant un miroir. Sinon nous allons poser les briques de notre propre disparition en tant qu'espèce. Car en détruisant le monde animal, c'est nous-mêmes que nous détruisons.
-J.R.D.S : Il est vrai qu'après l'écriture de mon livre, j'ai changé mon alimentation ! Je ne suis pas devenu totalement végétarien. Je suis flexitarien. Il ne faut pas oublier que l'homme est omnivore et non pas carnivore. Cela veut dire qu'il peut manger de tout et pas seulement de la viande. C'est une question d'équilibre.
Quand on comprend que les animaux sont des êtres dotés de sensibilité et de conscience, on ne peut plus tolérer les souffrances qui leur sont infligées. Les conditions d'élevage et d'abattage doivent être totalement transformées. L'avenir de l'Humanité en dépend.
-J.R.D.S : Il est illusoire de séparer les animaux des humains. Nous faisons tous partie d'un seul monde. Celui du vivant.
>José Rodrigues Dos Santos, Âmes animales, Traduction de Catherine Leterrier, Editions Hervé Chopin, 571 pages, 22 euros
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Découvrir en vidéo une présentation du livre de J.R. Dos Santos.
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