Dans Les partisans : Kessel et Druon, une histoire de famille, Dominique Bona revient sur le destin entremêlé de l'écrivain emblématique, journaliste et aventurier, Joseph Kessel et du romancier et historien, Maurice Druon. Tous deux unis par les liens du sang et par les soubresauts de l'Histoire. L'oncle et le neveu écrivirent ensemble l'hymne de la Résistance française : Le Chant des partisans et ne cessèrent de s'épauler. Dominique Bona nous parle de cette belle aventure humaine et familiale, longtemps tenue secrète.
Légende photo : Portrait de Dominique Bona- Wikipedia
Sur la place des grands hommes, l'Académicienne Dominique Bona appelle Joseph Kessel et Maurice Druon. Leur vie fut celle des héros de la Résistance et des aventuriers d'un monde qui se réinventait. Ce que l'on sait moins, c'est que les auteurs respectifs de l'historique Chant des partisans étaient unis par des liens familiaux : oncle et neveu.
Dans cet extrait, Dominique Bona, nous montre comment ce lien a été scellé à jamais entre les deux hommes lors de leur passage en Espagne pendant la guerre : « C’est une nuit sans étoiles, le 23 décembre 1942. Celle de leur dernière chance. Il pleut à verse sur le massif des Albères, d’une pluie glacée, torrentielle, et sur les trois silhouettes encapuchonnées qui suivent leur guide en file indienne. Deux hommes, une femme, et leur guide chaussé d’espadrilles, un Catalan aussi bondissant qu’une chèvre. La piste, boueuse et par endroits détrempée, ne garde pas trace de leur passage. […] En route depuis le matin, ils tentent de gagner clandestinement l’Espagne. »
Dominique Bona revient sur ces vies qui ont été au rendez-vous de l'Histoire, cimentés par une relation très forte, marquée par l'admiration et la fidélité. Et sur deux destins en miroir autour de l'écriture. Elle nous en explique les ressorts et les ombres.
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-Dominique Bona : C’est le moment où pour eux tout se joue. Et c’est sur cette image forte de Kessel et Druon qui partent ensemble, unis comme jamais, vers la France libre, que je voulais ouvrir le livre, qui n’est pas composé de deux biographies parallèles, mais de deux biographies indissociables qui communient dans une même énergie.
-D.B. : Oui, Germaine Sablon : chanteuse et combattante, et la maîtresse de Kessel. Cette artiste révèle un courage et une audace qui forcent l’admiration. J’aime aussi sa modestie – une qualité que l’on associe mal aux « stars », car elle a été aussi célèbre que Mistinguett ou Joséphine Baker… Pourtant, elle se montre extrêmement modeste, l’amour de son pays va primer sur son goût pour la célébrité. Elle s’est engagée dans la Résistance avant Kessel et Druon, elle va s’impliquer physiquement dans la guerre, mener son ambulance sur tous les terrains d’opérations, participer au débarquement en Provence… Elle sera même blessée au combat.
-D.B. : En mai 1943, Druon et Kessel, installés dans un petit hôtel de la campagne anglaise, écrivent à quatre mains le Chant des Partisans. La complicité des deux hommes, qui trouvent ensemble les mots et les images, est évidente. Mais deux femmes participent également à la création du Chant : la chanteuse Anna Marly, d’origine russe, compositrice de la musique, et Germaine Sablon, sa première interprète, qui l’enregistre pour la BBC. Germaine Sablon a ce jour-là noté au fur et à mesure toutes les trouvailles de Kessel et Druon. Il s’agit donc d’une œuvre collective et paritaire : deux hommes, deux femmes ! Je tenais à le souligner, tout en rendant un hommage sans réserve aux deux auteurs qui ont su trouver les paroles pour fédérer les combattants de la France libre.
-D.B. : Leur rapport oncle et neveu est en fait un rapport de fils à père, Kessel campe un modèle. On le voit très bien quand les deux hommes écrivent ensemble, chacun à sa table, à ses cahiers, à ses feuillets, mais dans la même pièce, épaule contre épaule. Ils se relisent l’un l’autre, Kessel donne des conseils à Druon pour ses premiers livres, lui explique comment écrire. Plus tard, Druon va aider Kessel, toujours pressé, qui multiplie les projets. Il donne un coup de main à une pièce de théâtre, transforme un scénario en roman… Au-delà du rapport familial, il existe entre eux une vraie complicité d’écriture et d’écrivains, ce qui est aussi rare qu’étonnant.
Avec l'autorisation des éditions Gallimard. Pour lire l'intégralité de l'entretien, se rendre sur le site des éditions Gallimard.
>Dominique Bona, Les partisans : Kessel et Druon, une histoire de famille, Gallimard, 528 pages, 24 euros >> Pour acheter le livre, cliquer sur ce lien
Voir et entendre Le chant des partisans, qui reste aujourd'hui l'emblème de la liberté :
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