RIP

« Baumgartner » de Paul Auster : par delà la vie d'un amour défunt

Alors que Paul Auster vient de s'éteindre, revenons sur son dernier livre, qui peut être considéré comme son testament littéraire. C’est l’histoire d’une épouse, Anna Blume, qui décède prématurément et d’un mari qui fera tout pour ressusciter sa mémoire. C'est aussi une histoire d'allers et retours entre la fiction et la réalité auquel nous convie Paul Auster dans « Baumgartner » (Actes Sud). La chroniqueuse Littéraflure a été touchée par ce texte porté par la mort et la nostalgie.

Portrait de Paul Auster © Spencer Ostrande - Actes Sud Portrait de Paul Auster © Spencer Ostrande - Actes Sud

C’est l’histoire d’une épouse, Anna Blume, qui décède prématurément et d’un mari qui fera tout pour ressusciter sa mémoire, en publiant ses écrits passés, puis en acceptant qu’une étudiante (Beatrix Cohen) en fasse le sujet principal de sa thèse. Baumgartner l’avoue : « Anna Blume et Beatrix Cohen, les deux serre-livres aux extrémités de sa vie.»

Rêver sa mort, preuve d'un amour ?

Il paraît que rêver la mort d’un proche est la preuve irréfutable de l’amour qu’on lui porte. Impossible de ne pas songer à Paul Auster et à sa compagne Siri Hustvedt, tous deux auteurs, traducteurs et passionnés de littérature européenne. Impossible d’ignorer le cancer qui place l’auteur au crépuscule de sa vie et fait de « Baumgartner » son dernier roman.

Le combat avec ses angoisses

Baumgartner est fragile. Il vit mal la solitude, combat ses angoisses (« Vivre, c’est éprouver de la douleur, et vivre dans la peur de la douleur, c’est refuser de vivre. »), interroge sa famille et ses origines, au risque de sombrer dans la dépression. Baumgartner est le double d’Auster, son jumeau complice et porte-plume.

Aller-retours entre la fiction et la réalité

Ces aller-retours permanents entre la fiction et la réalité donnent au récit son intérêt. Ils en constituent aussi la faiblesse. Je suis de celles qui ont adulé la trilogie New-yorkaise et fait de Paul Auster leur « crush » littéraire. Tenant au principe de ne pas étalonner un texte sur la gloire passée de son auteur, je ne peux, hélas, qu’exprimer ma déception.
Ce grand amour qu’on nous promet est éclipsé par la nostalgie d’un auteur qui souhaitait, comment lui en vouloir, soigner ses adieux.

Le mot de l'éditeur

Sy Baumgartner, professeur de philosophie à Princeton, veuf solitaire de soixante-dix ans, entame un voyage dans le grand palais de la mémoire. Ses pensées lentement partent à la dérive “vers le passé, le passé distant que l’on distingue à peine, vacillant à l’extrémité la plus lointaine de la mémoire, et par fragments lilliputiens, tout lui revient”.
Se déploient, en spirales de souvenirs et de réminiscences, sa jeunesse à Newark, la vie de son père, révolutionnaire fantôme d’origine polonaise, sa rencontre foudroyante, à vingt et un ans, avec Anna, poétesse en herbe, puis leur amour fou quarante années durant. Jusqu’à sa disparition, qui laisse Sy comme amputé de celle qu’il appelait sa moitié. Se dessine alors une étude sensible, profonde et fouillée sur l’attachement et les méandres du deuil de l’être aimé.

> Baumgartner de Paul Auster, Traduction Anne-Laure Tissut, Actes Sud, 200 pages, 15,99 euros >> Pour acheter le livre, cliquer sur le lien

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Littéraflure est le pseudonyme de critique littéraire d'une auteure qui a déjà publié cinq romans et dont l'identité est inconnue. Prochainement elle fera paraître ses Confessions d'une chroniqueuse littéraire.

Son credo : « Je porte aux nues et souvent j’érafle pour que vive la littérature ! »

 
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