J’aimerais vous les présenter :
Trois petits crabes qui se fâchent par jalousie ou par méprise…
Une araignée philosophe qui se prend pour le centre de l’univers et se perd en suppositions sans queue ni tête… …pour se laisser peu à peu éclairer par l’amitié.
Deux souriceaux explorant l’univers et ses métamorphoses très naturelles… …pour en comprendre finalement les liens et les enchaînements.
Chien et chat qui se découvrent et se reconnaissent de différences en ressemblances…
Papillon et chenille se laissant prendre au devenir pour s’inscrire dans une trame commune…
Mais encore, un enfant rouge masquant sa réalité sous l’apparence trompeuse d’une différence…
Un poisson extraordinaire, un soldat pacifique et un garnement découvrant le prix du pain et de l’effort.
Sans omettre un génie de l’eau pleurant en couleurs irisées sur la Terre qui se tarit de sécheresses et de pluies acides…
Ou un éléphant fantôme assistant impuissant aux ravages des folies immobilières…
Et d’autres encore, apportant chacun une pierre à l’édifice d’une humanité contradictoire et plurielle…
Tels sont donc les personnages de ce recueil destinés aux plus jeunes : « Contes et fables d’une Terre presque ronde », Editions Edilivre -dès 7 ou huit ans et jusque 10 ou 11 ans pour les derniers récits car l’ensemble reconstruit la trame d'une réalité réalité tout en accompagnant le jeune lecteur dans son apprentissage et son développement.
Vous dire que l’ouvrage est bon, très bon, ou plus, ou moins, je ne le puis -car j’en suis l’auteure et dois, et veux, vous en laisser juges. Vous dire qu’il constitue un substrat pour diverses notions philosophiques, morales ou écologiques, cela je puis le faire sans mentir : notion de solidarité, d’identité, de responsabilité, de relativité, etc.
Pour le feuilleter et lire ainsi les deux premiers récits en totalité, sans engagement aucun, vous pouvez vous connecter sur le site de l’éditeur (edilivre.com).
A vendre également sur amazon, rueducommerce.fr, librairiedialogue.fr, et d’autres….
Existe en livre broché et en livre électronique (avec illustrations colorées en cette seconde option)
Peut être commandé auprès de votre libraire habituel.
« Tara l’araignée
Velue comme cousine Adélaïde et sa verrue, Tara s’affaire.
Sourde, deux fois plus que l’oncle Jules mais sans pustules, elle sait y faire.
Pénélope des sous-bois, elle tisse et ratisse tout à la fois ; la toile est son destin, l’insecte son festin.
Comme le merle chante : parce que ça l’enchante.
Comme la mouche vole : parce qu’elle a du bol.
De mailles irisées en noeuds perlés, sa vie tient à un fil : précision et perfection, tout est dans le ton.
De réseaux savants en faisceaux d’argent, le temps se faufile : patience et persévérance, le travail avance.
Ainsi, du levant au couchant, Tara dessine cent motifs qui seront pour mouches et moucherons de nobles tombeaux : confiance ou espérance, la pratique a nourri sa science.
Le soleil brille, c’est qu’il est génial !
Les nuages pleurent dès qu’ils sont tristes.
Pendue à son harnais, elle sait tout du pendule ; du Levant au Couchant, elle oscille en funambule.
Bousculée par le vent, harcelée par la grêle, elle connaît les éléments ; par brouillard ou par blizzard, elle oeuvre avec allant.
Pourtant, savante sans chaire ni émolument, c’est pour elle seule qu’elle professe :
– Si d’aventure le ciel se fâche, il tonne ou peut-être tambourine : ses yeux brillent de milliers d’étincelles tandis qu’il crache un feu follet volé aux étoiles…
Et puis, quand la Terre se gratte, qu’elle a des fourmis dans les jambes, elle en tremble de pied en cap ; et projette alors sur l’horizon des pellicules de fines poussières qui effarouchent les oiseaux souvent chatouilleux…(…) »
« L’éléphant fantôme
Il est né sur une terre rouge et brune, il y a longtemps. A l’ombre protectrice d’un baobab géant. Etonné d’être là, heureux qu’elle soit si douce. Qu’elle lui soit un rempart contre le vent et l’orage (…).
Elle est debout déjà ; le soulève, le ventile, le dirige vers ses mamelles gonflées. Autour d’eux, les enveloppant, presque tangible, l’air vibre et trouble les formes. Au loin, l »herbe craque et libère une odeur de foin (…).
Sans repli ni répit, la touffeur pèse sur la savane et assèche les tourbillons de poussières soulevés par le vent. Les bêtes s’étendent, lui boit à la source le lait qui le porte vers demain, titubant encore un peu (…) »
« Le génie de l’eau
« Je suis le génie de l’eau : puissance et vie.
Je suis la force qui vous porte, la sève vive qui vous anime ; nourrissant les terres, fécondant les semailles ou lavant de mes larmes le sang noirci des batailles. Sorti jadis des entrailles brûlantes de la Terre, je désaltère ses fils et allège leurs tourments – réunissant en mon cours toutes les couleurs de leur peau, mélangeant en mon sein tous les accents de leurs rires. J’offre à la vie mon lit, je donne à la mort mes sanglots. Je suis le début de tout et l’espoir de chaque promesse, chaque possible : depuis des lunes et des cents, je vis en chacun qui par moi existe. Car je suis le substrat des pleurs; la sueur des sillons ; et le sang battant de vos veines. Je suis le lieu du commencement, là où la vie prend sa source. Et depuis l’origine qui sans moi serait à jamais suspendue, je parle aux créatures et je brille dans leurs yeux – certaines ont fait de moi un dieu. Longtemps en tout cas elles m’entendirent et me gardèrent de leurs folies. Longtemps elles surent mon essentiel. Car je suis comme l’amour, fondateur! Comme le lien, nécessaire ! Aujourd’hui, toi seul m’entends encore… »
A cet instant la voix se fait presque tendre, comme coulée en un indicible chagrin, Pierre frisonne :
« J’ai porté les rêves d’infini de marins enthousiastes. J’ai bercé les trêves glacées d’un ourson endormi. Aujourd’hui pourtant, les marins enchaînés à leurs monstres assassins vident leurs cales en même temps que leur âme. Et un ours efflanqué accroche son regard étonné sur un glaçon égaré. J’ai charrié l’or et le fret (...) »
« Le chien qui aimait les chats
Les chiens n’aiment pas les chats, les chats ne l’ignorent pas.
Ça dort quand tous veillent, ça veille quand chacun dort.
Et puis, ça parle pas pareil, ça marche trop différent.
Les chats n’aiment pas les chiens, les chiens le savent bien.
Ça mord même quand ça rêve, ça rêve que ça te mord.
Surtout, ça joue très différent, ça pense jamais pareil.
D’abord, il a vu une balle : toute noire.
Rien qu’un instant, car elle avance puis elle recule – queue en virgule.
Juste après, il y eut deux pierres : petites lunes qui s’allument.
Un long moment : « on » l’examine – queue en interrogation.
C’est une peluche couleur du jais ; c’est une peluche, il le jurerait.
Ensuite, ça s’approche et ça se frotte…
Ça passe et repasse !
Ça griffe puis ça s’agrippe…
… lui saute sur le dos et lui malaxe sans fin la peau.
D’abord il a dit « non », puis a dit « oui ».
Enfin, ça lèche : la langue est rêche.
Après ça se blottit : c’est si petit.
Ça gratouille et ça chatouille : un coup griffure, un coup papouille.
Ça éternue, ça continue : un coup j’te mords, un coup j’te mouille.
D’abord il a dit « non », puis il a dit « oui ».
Parfois ça tremble et ça frisonne : tantôt ça s’cache, tantôt ça s’fâche – mais c’est si doux…
Parfois ça roule et ça ronronne : tantôt ça joue, tantôt ça dort – c’est un peu fou !
Ça croque la queue, puis les oreilles ; et ça culbute et ça s’emmêle – c’est presque trop.
D’abord il a dit « non », puis il a dit « oui »….(…) »
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