Les Académiciens viennent de choisir la très glamour Adélaïde de Clermont-Tonnerre comme lauréate du Grand prix du Roman pour son livre « Le dernier des nôtres » (Grasset). C'est elle qui succède à Hédi Kaddour et Boualem Sansal, lauréats 2015 du prestigieux prix respectivement pour «Les Prépondérants» et «2084 ».
Adélaïde de Clermont-Tonnerre semble avoir été créée pour aller avec les ors de l'Académie. Lorsqu'elle a été annoncée comme lauréate du Grand Prix du Roman, ce choix est apparu comme une évidence. Comme si l'année dernière les Académiciens avaient fait preuve d'une audace peu contumière et qu'ils revenaient à leurs traditions. Qui mieux que la très aristocratique Adélaïde de Clermont-Tonnerre pouvait mieux incarner la relève des talents littéraires français? Elle a été élue dès le premier tour de scrutin avec 11 voix contre 5 voix à Benoît Duteurtre et 3 voix à Sylvain Prudhomme.
L’histoire : « La première chose que je vis d’elle fut sa cheville, délicate, nerveuse, qu’enserrait la bride d’une sandale bleue… » Manhattan, 1969 : un homme rencontre une femme. Dresde, 1945 : sous un déluge de bombes, une mère agonise en accouchant d'un petit garçon. Avec puissance et émotion, Adélaïde de Clermont Tonnerre nous fait traverser ces continents et ces époques que tout oppose : des montagnes autrichiennes au désert de Los Alamos, des plaines glacées de Pologne aux fêtes new-yorkaises, de la tragédie d’un monde finissant à l’énergie d’un monde naissant... Deux frères ennemis, deux femmes liées par une amitié indéfectible, deux jeunes gens emportés par un amour impossible sont les héros de ce roman tendu comme une tragédie, haletant comme une saga. Vous ne dormirez plus avant de découvrir qui est vraiment « le dernier des nôtres ».
L’auteure : Adélaïde de Clermont-Tonnerre est née en 1976 à Neuilly Sur Seine. Elle est journaliste et romancière française. Ancienne élève de l'École normale supérieure de Fontenay-Saint-Cloud, elle commence sa carrière dans les secteurs de la banque et de la finance en France et à Mexico, avant de prendre la décision de se réorienter vers le journalisme. Elle est aujourd'hui directrice de la rédaction à Point de vue. Son premier roman, « Fourrure », publié en 2010, dans la collection bleue des éditions Stock, a reçu le prix Maison de la presse, le Prix Françoise-Sagan, le prix Bel Ami, le Prix du Premier Roman de Femme et l'un des Prix littéraires Les Lauriers Verts 2010, en catégorie révélation. Ce roman a également été finaliste du Prix Goncourt du premier roman et sur la liste d'été du prix Renaudot. Elle participe également à plusieurs émissions de télévision sur France 2 et Paris Première.
Pourquoi les Académiciens l'ont choisie : Ce roman est une magnifique fresque historique qui croise Seconde Guerre mondiale et les années 70 en Amérique sur un fond de secret et de romance. « Le dernier des nôtres » est un de ces romans envoûtants et prenants que l’on ne peut plus lâcher, un page turner selon la formule. La manière dont l’auteure alterne deux atmosphères totalement opposées est très intéressante. Les différentes tonalités se succèdent avec harmonie et on passe du drame de la guerre à l'humour et la vivacité de Walter sans aucun problème. Adélaïde de Clermont-Tonnerre parvient très facilement à faire voyager son lecteur à travers les époques. Un autre point fort de ce roman : ses personnages. L'auteure a su les rendre extrêmement attachants et marquants de par leurs parcours inoubliables. Les académiciens ont été séduits par ce livre de belle facture, élégante comme son auteure, efficace et incisif jusque ce qu'il faut. Pas aussi sage qu'il n'y paraît...
>Livre pour adultes de Benoît Duteurtre, (Gallimard)
L’histoire : "Ce livre est inspiré par la mort de ma mère, qui croyait à la joie de vivre. J'y dépeins aussi les transformations d'un village de montagne, quelques vieilles dames extraordinaires et les péripéties d'une journaliste dans la société contemporaine. Beaucoup de femmes dans ces histoires ; beaucoup de questions sur la naissance et sur le déclin. La disparition de nos proches souligne cette double réalité de l'âge adulte : tandis que nous courons à l'abîme, le monde où nous avons grandi s'efface lui aussi. Ces réflexions traversent un roman très libre, tour à tour comique et mélancolique. L'autobiographie s'y conjugue à l'essai et à la fiction pour cerner notre destin – et les joies qui éclairent cette fatalité."
L’auteur : Benoît Duteurtre est un romancier, essayiste et critique musical français, né le 20 mars 1960 à Sainte-Adresse. En 1982, il envoie quelques pages à Samuel Beckett qui l'incite à publier sa première nouvelle dans la revue Minuit. Installé à Paris, il gagne sa vie en pianotant. Du « Printemps de Bourges » au théâtre des Amandiers à Nanterre, il participe à plusieurs spectacles musicaux. Le premier roman de Duteurtre, « Sommeil perdu », est publié en 1985 ; il est alors journaliste pour plusieurs journaux parisiens. En 1987 est publié « Les Vaches » (revu et renommé À propos des Vaches en 2000). Le magazine L'Infini, dirigé par Philippe Sollers, publie certaines de ses nouvelles. En 1995, Benoît Duteurtre publie « Requiem pour une avant-garde » (Robert Laffont), essai sur la musique contemporaine qui provoque une vive polémique. Il s’en suivra de nombreuses œuvres. Aujourd’hui traduit dans une douzaine de langues, Benoît Duteurtre est membre du comité de lecture des éditions Denoël. Il écrit régulièrement dans Marianne, Le Figaro, Paris Match et dans la revue L’Atelier du roman. Il est également producteur à France Musiques où il anime chaque samedi matin son émission Etonnez moi Benoit.
Pourquoi il n'a pas été choisi : « Livre pour adulte » n’est pas vraiment un roman mais plutôt une succession de nouvelles, certaines fictives et d’autres beaucoup plus intimes. Ce livre aborde divers sujets tels que la vieillesse, la vie, la mort ou même l’évolution du monde rural sous un angle de réflexion. Cette construction est vraiment attrayante et originale. Benoît Duteurtre parle de ce roman comme un livre pour adulte puisque être adulte c’est s’intéresser autant à son avenir qu’à son passé. Un roman à l’image de la vie plaisant, nostalgique et tumultueux. Et un très beau portrait de femme : sa mère. Mais un texte peut-être pas emblématique de l'oeuvre de cet auteur. Un livre un peu intime mais pas aussi puissant que d'autres...
>Légende de Sylvain Prudhomme, (Gallimard)
L’histoire : La Crau, désert de pierres aux portes d'Arles. Pays ras, pays nu, abandonné au mistral et aux brebis. C'est là que vivent Nel et Matt, l'un, fils et petit-fils de bergers, aujourd'hui photographe, l'autre, constructeur de toilettes sèches publiques, réalisateur à ses heures perdues. Entre eux une amitié forte, belle. Jusqu'au jour où, travaillant à un nouveau film, Matt s'intéresse à la vie de deux cousins de Nel aujourd'hui disparus. Deux frères maudits, qui ont traversé comme des comètes ces mêmes paysages, se consumant à toute allure, en pleines années 1980. Allers-retours à Madagascar, adolescence sans parents, fêtes, violence, liberté, insouciance : la trajectoire des deux frères, aussi brève qu'intense, se recompose peu à peu. Échos et correspondances se tissent entre passé et présent, renvoyant Matt et Nel à leurs propres choix, nous interrogeant, à notre tour, sur notre place dans le monde.
L’auteur : Sylvain Prudhomme, né en 1979 à La Seyne-sur-Mer est un écrivain français. Il grandit à l’étranger dans différents pays d’Afrique (Niger, Burundi, Île Maurice) avant de venir étudier les Lettres à Paris. Après être agrégé de lettres modernes il part recueillir des contes dans le nord du Bénin et participe à la création de la revue Geste. Il est également l’auteur de « Les matinées d’Hercule », monologue romanesque sur le thème de l’homme qui dort et du voyage immobile. Son roman, « Là, avait dit Bahi » (L’Arbalète Gallimard), a reçu le prix Louis Guilloux 2012. En 2014 il publie "Les grands" qui a été élu "Révélation française de l'année 2014" par le magazine Lire.
Pourquoi il n'a pas été choisi « Légende » est le genre de livre extrêmement bien écrit et rempli d’émotions. L’écriture est légère malgré les thèmes plutôt rudes que l’auteur aborde. Après son roman « Les Grands » l’auteur évoque à nouveau la nostalgie, mais d’une manière totalement différente. La description que fait Sylvain Prudhomme, du pays d’Arles, est si agréable et minutieuse qu’on a l’impression d’avoir nous aussi des souvenirs de ces différents lieux. Nous sommes comme transportés par les détails que nous livre l’écrivain. « Légende » est un roman qui prend son temps, le temps de se souvenir, le temps de partager, c’est un roman qui nous repose. Encore une fois, l’auteur fait preuve d’une grande singularité, peut-être trop. Son livre, certes porté par un beau souffle littéraire, a été jugé comme un peu "spécial". On ne bouscule pas les codes de l'Académie facilement...
En choisissant Adélaïde de Clermont-Tonnerre les Académiciens ont choisi un texte dans la pure tradition des récits français. Avec toutes ses qualités. Et ce soupçon de néo-classicisme apprécié par toutes les générations.
>Visionnez une vidéo dans laquelle Adélaïde de Clermont-Tonnerre parle de son livre
>Suivez en direct sur Twitter l'actualité du Grand prix de l'Académie
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